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Citations sur Les Guêpes (6)

BDÉLYCLÉON : Alors que tu pourrais devenir riche, et tout le monde avec toi, tu te laisses rouler, savoir comment, par des démagogues de carrière ; oui, toi, qui règnes sur quantité de villes depuis le Pont jusqu'à la Sardaigne, et qui n'en retires rien que de misérables honoraires. Et encore, ils te les distillent petit à petit, au compte-gouttes comme de l'huile, juste pour t'empêcher de mourir de faim. Ils veulent que tu restes pauvre, et je vais te dire pourquoi : celui qui t'a dressé veut t'avoir bien en main ; il veut, quand il siffle pour t'exciter contre un ennemi, que tu te jettes dessus comme un chien féroce. Il leur serait facile, s'ils le voulaient, d'assurer le bien-être au peuple. Nous avons actuellement un millier de villes qui nous payent l'impôt. Si chacune d'elles était obligée de nourrir vingt bouches, vingt mille de nos compatriotes mèneraient une vie où ne manqueraient ni les pâtés de lièvre, ni les couronnes de toutes sortes, ni le lait le plus pur, ni les fromages à la crème ; vous jouiriez de délices dignes de notre patrie et des trophées de Marathon. Mais, pareils aux journaliers occupés à la récolte des olives, vous marchez sur les talons de celui qui tient la paye.
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BDÉLYCLÉON : Écoute-moi donc, cher papa, mais veuille te dérider un peu. Et d'abord, fais cet élémentaire calcul qui consiste à compter sur tes doigts, sans cailloux, le total des contributions versées par les villes alliées. D'un autre côté, pour l'ajouter, fais le total des impôts, des centièmes qui se multiplient, des frais de justice, des mines, des droits de marché, des douanes, des taxes locatives, des ventes judiciaires. Cela nous donne un total général approximatif de deux mille talents. Maintenant, veuille, sur ces recettes, prélever la somme pour laquelle les six mille juges — pour le pays je ne suis pas au-dessous du compte — émargent annuellement au budget : cette somme, si je ne me trompe, monte à cent cinquante talents.
PHILOCLÉON : Mais alors, il ne nous revient pas même le dixième des recettes ?
BDÉLYCLÉON : Parbleu, pas le dixième bien sûr.
PHILOCLÉON : Et le reste de l'argent, où passe-t-il donc alors ?
BDÉLYCLÉON : À ceux qui crient : " Je ne trahirai pas la foule qui s'agite dans Athènes, mais toujours je combattrai pour le populaire. " Et toi, mon père, ce sont ces gens que tu choisis pour maîtres, parce qu'ils t'en imposent en faisant de belles phrases. [...] Les cités alliées, voyant que le populo n'a rien à se mettre sous la dent que les miettes du gâteau qui se trouve au fond du panier, te comptent pour zéro, comme on fait de la voix de Connos, tandis qu'elles leur apportent aux autres des conserves, du vin, des tapis, des fromages, du miel, du sésame, des coussins, des coupes, des manteaux, des couronnes, des colliers, des vases, la richesse et la bonne santé. Mais de tous ceux que tu commandes, après avoir tant battu les mers et les terres, pas un seul ne te fait seulement cadeau d'une tête d'ail pour mettre avec tes petits poissons.
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PHILOCLÉON : Pitié ! sauve aujourd'hui ton voisin, et je promets de ne plus pisser en lâchant des pets contre ta palissade.
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PHILOCLÉON : Tu vois les avantages dont tu voulais me priver et me frustrer, et dont tu prétendais prouver que ce n'était qu'esclavage et domesticité.
BDÉLYCLÉON : Paye-toi de mots ; ça cassera bien un jour ce splendide trône ; il faudra bien que l'on constate que tu n'es qu'un cul plein de crotte.
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Épreuve d'influence d'un juge, p. 248
J'entre ensuite au tribunal. Ces prières ont calmé mon indignation. Mais une fois à l'intérieur, j'oublie toutes mes promesses ; je laisse passer le flot de paroles que débitent les accusés pour leur défense. Sais-tu bien à quelles flatteries l'oreille d'un juge n'est pas exposée ? Les uns pleurent, et donnent leur pauvreté comme excuse, en se faisant plus pauvres qu'ils ne sont ; ceux-ci nous dégoisent des fables ; ceux-là des facéties renouvelées d'Ésope ; d'autres tâchent de me désarmer en me faisant rire à l'aide de bons mots, et si, après cela, je reste inébranlable, ils font monter la marmaille, filles et garçons, qu'ils tiennent par la main, et moi j'écoute. Tous baissent la tête, en bêlant comme un troupeau de moutons. Alors, le père, avec un tremblement, comme si j'étais un dieu, me conjure sur leurs têtes de lui pardonner ses malversations : "Si la voix de l'agneau peut t'émouvoir, dit-il, sois sensible à celle d'un petit garçon." Et s'il imagine que je suis sensible aux petits chats, alors il veut que j'écoute sa petite fille. En faveur de cette enfant nous relâchons d'un cran notre colère. Ne détenons-nous pas ainsi une grande puissance, et qui peut faire fi des richesses ?
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Mais, à l'avenir, braves gens, si vous avez des poètes qui cherchent des paroles et des idées neuves,aimez-les, favorisez-les davantage, et conservez leurs pensées : enfermez-les dans vos coffres avec les fruits.En agissant ainsi, vos vêtements exhaleront toute l'année une odeur de sagesse.
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