OÙ SONT LES LES FEMMES...?
Lanfeust, sans ces dames -désormais, sans SES femmes/épouses-, c'est un peu comme une steak-frites sans salade, une baignade à la plage sans méduse, Arthur sans Excalibur, un politique sans casserole : ça peut exister, mais c'est beaucoup moins drôle... Et surtout moins sexy !
Fort de ce concept,
Christophe Arleston et
Didier Tarquin déroulent, invariablement depuis plus de vingt ans - vingt-trois, exactement, et c'est le vingt-troisième opus des sagas dont Lanfeust est le principal personnage - leurs histoires rocambolesques et loufoques, non dénuée d'une (grosse) touche de vulgarité pleinement assumée, et de jeux de mots capillotractés dont on est fan ou pas (mais alors, en ce cas, il fallait arrêter sa lecture il y a vingt-deux ans...).
Dans cet épisode-ci, le Magohamoth est toujours aussi faible et malade, les cinq épouses, pas bégueules ni jalouses pour deux sous, sont toujours aussi aguichantes et amoureuses de leurs nigaud de héros, l'affreuse méchante pseudo-déesse Lylth venue d'ailleurs est... et bien, toujours aussi affreusement méchante, notre Troll préféré, Hébus, a toujours un train d'avance pour se faire remarquer dans l'énormité, les pouvoirs magiques des uns et des autres sont toujours aussi utiles et, parfois, désopilants, les sages d'Eckmül ont toujours des noms à se tordre et sont franchement loin d'être si sage que cela... Bref, ça roule sans anicroche particulière et l'on se prendrait presque à bailler de contentement et de satisfaction tranquille lorsque l'on finit par achever la dernière case.
Car c'est bien là la déception liée à cette troisième saga lanfeustienne : nos deux compères dessinateur et scénariste connaissent tellement bien les ficelles de leur art que l'on obtient, au bout du compte, un album ni bon ni mauvais, ni meilleur ni pire que les précédents, dans lequel on ne s'ennuie pas franchement mais où la surprise (y compris celle des dernières pages, voir le titre de cette critique, sans rien divulguer) n'est plus véritablement au rendez-vous.
Le résultat, c'est que si le résultat parvient à contenter globalement, mais avec le minimum syndical et sans aucune frénésie, le fan, à force de tirer sur la corde à blagounettes potaches et à scénario hyper-délayé (d'où le nombre inexorable d'albums), il y a un risque non négligeable de finir par lasser... Si ce n'est déjà fait !