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Avril 1909 à Adana, dans le sud de la Turquie. Une chaleur moite écrase l'ancien royaume arménien, la plaine fertile et ses champs de coton, la ville encore paisible où une sourde tension, pourtant, s'installe peu à peu. Certains chrétiens ne veulent, ne peuvent pas y croire - la vie ici est un fleuve au cours paisible que rien ne saurait détourner. D'autres s'inquiètent, devinent la violence qui lève lentement, éclatera bientôt. Les musulmans, quant à eux, ne se font déjà plus d'illusions - que ce soit pour saluer le feu qui dévorera les infidèles ou pour déplorer le massacre qui s'annonce, pour appeler à la guerre ou pour tenter d'épargner la paix.

Il y a là Diran Mélikian, poète dont les vers n'ont jamais chanté que la beauté du monde, son épouse bien-aimée et son ami, le turc Üzgür bey. Il y a Atom Parpazian, le joailler, son jeune fils tout en silences, il y a Vahan, le révolutionnaire maladroit, l'homme qui le cherche pour le tuer, qu'il a trahi et qui l'aime pourtant. Il y a des notables, des bergers et des artisans, des hommes et des femmes, des enfants et des vieillards, des craintifs et des ardents - et bientôt, tous, ne seront plus que gibier, fuyant dans les décombres ou luttant, armes à la main, pour tenter de sauver ce qui peut l'être. Soit pas grand chose.

Avant que le gouvernement ottoman ne décide de régler pour de bon, en 1915, la question arménienne, les populations chrétiennes avaient déjà subi plusieurs flambées de violence meurtrière - massacres hamidiens entre 1894 et 1897, massacres d'Adana en avril 1909. Daniel Arsand (dont le père est né arménien à Istambul la même année) retrace ceux-là en une fresque poétique, très intimiste, dont le but est bien moins de dénoncer que de saisir l'âme, les désirs, les illusions et les peurs, de quelques personnages à l'instant où le destin s'apprête à basculer dans l'horreur.
Le résultat, succession de petits tableaux ciselés au détail près, est littérairement très abouti mais a eu longtemps du mal à retenir mon attention. Un peu trop fragmentaire pour moi, ce récit, trop peu de temps consacré à chaque personnage avant de basculer sur un autre, puis un autre encore, pour que je réussisse à me familiariser avec eux et me laisse vraiment toucher par leur sort. du moins pendant toute la première partie du roman. Par la suite, les pages qui évoquent le massacre proprement dit prennent une dimension dramatique puissante, presque épique parfois, qui recentre l'attention et peut difficilement laisser insensible.
Légère inadéquation, donc, plus que réelle déception, qui vient sans doute aussi d'un certain manque de concentration de ma part et nuance plus qu'elle ne remet en question mon intérêt pour cet écrivain.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Avril 1909 à Adana, les communautés turques et arméniennes sont au bord de l'affrontement. Les autorités ne bougent pas est tout incident est propice à faire monter la tension. L'auteur s'attache à suivre plusieurs personnages de la communauté turque. Tous disent l'imminence du drame et tous sont impuissants. Dans cette chronique d'un massacre annoncé, peu de protagonistes vont s'en sortir, la plupart sont résignés à leur sort et la communauté internationale restera muette. Un magnifique roman sur le génocide arménien qui décrit l'enchaînement des événements jusqu'à l'horreur du massacre.
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Pourtant, le sujet me paraissait des plus intéressants, le conflit entre Turcs et Arméniens en 1909, avec l'issue dramatique que l'on connaît pour les Arméniens. le parti de situer le récit dans le cadre d'une petite ville, où les deux communautés vivent tant bien que mal côte à côte, me plaisait aussi. Des chapitres courts, avec différents narrateurs, cela était encore tout à fait pour me plaire.
Hélas, je n'ai pas du tout adhéré au style très poétique de l'auteur, aux nombreuses questions qui parsèment les témoignages, au changement de narration, au manque de dialogues identifiés. L'auteur passe du "tu" au "il", puis au "on", ce qui m'a perdue assez vite. Les personnages sont nombreux, mais manquent de chair, un trait rapide suffit à les décrire. J'ai aimé par contre quelques paysages, qui bien que décrit en peu de mots, prenaient aussitôt du relief : Des pistachiers verts, gris et bruns ponctuaient à intervalles irréguliers les artères principales des quartiers arméniens. Mais je me suis rendue compte au bout d'un moment que je ne retenais rien de ce qui se passait dans le livre, que je lisais pour en retenir seulement quelques images comme celle que je viens de vous recopier là... J'ai donc déclaré forfait, mais je vous assure, seulement après avoir plusieurs fois essayé de reprendre le fil.
La rencontre est manquée, mais je pense que ce livre pourrait plaire à d'autres plus férus de poésie que moi...
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Arsand Daniel- Un certain mois d'avril à Adana- Flammarion (317 pages- 20€)

Dès la première page , le décor est planté: Adana au printemps, « ville paisible malgré les deux cultures » qui « ricanait,siestait,rêvait,grondait ». Toutefois le conflit couvait « Adana empestait le chrétien » et les indices qui vont ponctuer le récit( « Adana sera rouge, nettoyée de sa racaille ») ajoutent un degré supplémentaire dans l'escalade de l'angoisse, de la terreur et de l'horreur jusqu'aux affrontements, aux massacres et l'incendie: scènes d'exactions violentes et insoutenables, le narrateur ne nous épargnant aucun détails. Par sa façon de raconter l'indicible ( population décimée, dépouillée,caillassée, outragée, maisons mises à sac) l'auteur gifle le lecteur.
On suit les difficultés rencontrées par 3 familles dans leur quotidien, leurs frayeurs, leurs tentatives de fuite. C'est dans une nature lénifiante ( champs de coton, vergers) qu'elles trouvent l'apaisement ou dans la contemplation des cieux: « Des nuages gaufraient la voûte céleste d'un mauve cristallin ». le poète Diran, l'aède d'Adana chante l'amour interdit d'Aghanie et Yusuf dans un poème semblable à « une oriflamme, un diamant », soulignant l'intolérance des fanatiques. Il trouve son inspiration devant la nudité d'Hourig, parmi le frémissement des feuillages, « dans ce tremblement de la beauté ». le jardin des roses offre « un répit »à Vahan grâce au parfum dégagé « qui amollit la peur ». Les sévices (viol,sodomie) endurés par Hovhannès: « Six hommes l'avaient pénétré » sont dignes du gang des barbares. Les rumeurs colportées alimentent la panique. « La Cilicie devient une poudrière ». On croise des êtres tétanisés, en pleine déréliction. le suspense est à son paroxysme quand Yessayi (médecin) traque celui qui l'a trahi:Vahan ( orphelin recueilli par son oncle Atom, le joaillier)avec l'intention de le trucider. L'auteur focalise notre attention sur ce duo dont les liens se métamorphosent. Un épisode hallucinant réunit les deux protagonistes: l'agression de Vahan par une myriade de chats. Qui le délivra? Yessadi, à la « voix si maternelle ».Aussitôt disparu« qu'il lui manquait ,infiniment ».Vahan n'est plus l'ennemi à abattre, mais l'ami à sauver. Yessadi « l'assassin qui a renoncé au meurtre » va s'engager auprès de Toros et combattre aux côtés de Vahan. Revirement spectaculaire. Une mystérieuse attirance les a rapprochés. L'animosité a cédé sa place à l'amitié. Yessadi confie à Vahan la vérité :« Tu m'as trahi mais j'ai continué à t'aimer. Je t'aime , mon ami. Je n'ai pas pu te tuer, à cause de ce sentiment sans pareil » et formule des projets: « être ensemble jusqu'au bout, choisir l'exil ». Ils vont partager la même femme Chenorig. Les voilà unis par des liens indissolubles, prêts pour l'exil, avec toute la famille Papazian. On s'attache « à cette constellation que forment Vahan et Yessadi ».
Le 25 avril,les atrocités innommables se multiplient (mutilations,tabassage,émasculations, pendaisons,viols, lapidations),églises pillées, objets carbonisés, à en donner la nausée, à vous révulser. La pléthore de verbes, de phrases courtes,donne ce rythme syncopé, saccadé traduisant le carnage. de vrais héros, ces courageux et téméraires rescapés, Vahan et Arsinée,en partance pour l'exil,porteurs du « flambeau d'Adana », témoins et dépositaires de cette extermination.
Pour Vahan , le temps n'effacera pas leur amitié. le roman se clôt par une scène émouvante.
Vahan retrouve au cimetière la présence de ceux qu'il a aimés: la voix de Yessayi « fantôme et néanmoins charnel » et celle de Gladys l'invitant à une étreinte.

Daniel Arsand signe un récit polyphonique où se mêlent la voix du narrateur apostrophant le lecteur et celles des protagonistes. Il explique avoir choisi de raconter le génocide arménien en mémoire de son père. Il a confié aux mots le destin tragique et le traumatisme de plusieurs générations. Pour s'assurer de la véracité historique, Daniel Arsand signale s'être reporté à l'ouvrage de Zabel Essayan: Dans les ruines (Phébus). Il a su adoucir cette lecture éprouvante, où la barbarie ne connaît plus de limites, en y glissant de la beauté: « Hourig , drapée dans ce châle , en soie crème sur laquelle s'enchevêtraient des roses d'un bleu turquoise, des rémiges d'or, des astres en corolle, des ondulations pourpres, un éden ».De la poésie « De l'or poudroyait sur la plaine », de la sensualité( «  peaux emperlées de rosée,voyager en l'autre ne pas se rassasier, le désir pour sa femme ne le quittait plus » , de la douceur( des femmes),de la volupté, de la tendresse(des mères) et de l'amour en mettant en exergue la forte complicité tissée entre deux êtres devenus indissociables .
Écrire pour lutter contre l'oubli.



















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Les prémices du génocide arménien en avril 1909 à Adana en Turquie. Malgré la rudesse du thème du roman, il s'en dégage un certain lyrisme poétique. Mais le style ampoulé et parfois précieux finit par perdre le lecteur en chemin..
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Avril, 1909 en Cilicie (pour ceux qui dormaient pendant les cours d'histoire de Mme Martin, ça se trouve en Turquie). Vahan Papazian retourne à Adana, la ville qui l'a vu grandir, orphelin recueilli par son oncle. du potentat local au poète arménien, les prémices du génocide sont évoqués à travers une multitude de personnages forts, bouleversants, vivants. Grâce à l'écriture magnifiquement ciselée, lyrique et raffinée de Daniel Arsand, l'on perçoit non pas tant les motifs de cette haine destructrice que l'amour et l'espoir qui subsistent au coeur de l'inconcevable. Les causes du massacre, on les comprend bien vite. Tout autant que la haine irrationnelle qui anime les Turcs, haine que la littérature cherche à appréhender depuis longtemps, c'est l'espoir qui nous tient en alerte aux côtés des protagonistes et nous touche dans notre humanité.

Loin de chercher à faire pleurer gratuitement dans les chaumières, ce roman captivant est avant tout une élégie à la gloire de ceux qui vécurent à Adana.
Lien : http://prixvirilo.com/2011/1..
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Ce récit des massacres d'Arméniens en avril 1909 est terrible!
Le roman est assez lent: la situation se met en place pendant la première moitié du roman, et après c'est l'apocalypse. Pour transcender tout cela, le style est magnifique, très poétique, allusif (avec des jeux sur les sons, tout un travail au niveau de la syntaxe). le parallèle est fait avec l'épopée, je dirais même la tragédie: par exemple, quand le père pleure son fils mort.
Bref, le roman est beau, mais pas facile (même si les chapitres sont très courts).
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Le silence, c'est ce dont on a besoin en refermant ce livre.

Après les mots de l'auteur, après la violence des faits, seul le silence permet de revenir au calme.

Car entrer dans le récit, c'est entrer dans la ville d'Adana à la veille de Pâques 1908. On y découvre une communauté arménienne présente depuis des siècles en Cilicie et au passé riche.

Mais un événement va déclencher la haine et le ressentiment entre communauté turque et arménienne.

Avec des phrases ciselées, des adjectifs évocateurs, l'auteur nous plonge peu à peu au coeur du drame.

Avec beaucoup de poésie, il nous décrit le massacre d'Adana et des villages environnant.

Les noms des personnages sont répétés, comme une litanie, afin qu'il se gravent dans nos mémoires et que l'on ne les oublie pas.

Loin de toute polémique politicienne, l'écrivain romance le massacre d'Adana. Ainsi, il ne sera plus couvert de silence.

Un roman fort sur une page d'histoire sombre.

L'image que je reteindrai :

Celle du train arrêté en gare d'Adana, mais qui, le dernier matin, ne démarrera pas.
Lien : https://alexmotamots.wordpre..
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Je m'y suis perdue.. Entre la multitude de personnages, la narration de chacun d'entre eux, la lecture de ce livre a été difficile au point que j'ai abandonné à la moitié. Et pourtant, le sujet du génocide arménien est très bien traité. On sent la tension et la haine, augmenter au fil des pages.. L'auteur a traité le sujet de manière poétique dans un style lyrique.
Désolée de n'avoir pu finir ce livre et je ne pense pas le reprendre. C'est toujours avec une grande tristesse que j'arrête la lecture avant la fin..
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« Des anciens marmonnent qu'il n'est pas un agneau qui ne désire être un loup. C'est écrit dans le ciel. » La sentence tombe dès le début du roman de Daniel Arsand, plus encore, elle se fige pour l'éternité. Commence alors le récit de la haine ensevelie entre Turcs et Arméniens dont nous connaissons l'issue tragique. « Qui mutera le loup en agneau ? » Là est la problématique de ce magnifique et terrible roman. La montée en puissance de l'intolérance et de la violence, tout le destin d'une ville, Adana, vouée à sa perte réinventés par l'auteur à travers ses personnages dans une langue, comme à l'habitude, très belle. « Plus de roses ni de colombes dans le ciel. Ce qui était de pierre se changeait en paille ».
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