Citations sur Le duc diabolique, tome 4 : L'énigme d'un sourire (76)
Ce n'était ni une aventure ni un jeu. C'était la vie.
Il lui avait suffi de quelques minutes pour comprendre que ces parangons de vertu étaient bien plus contrariés d'apprendre qu'une femme avait réussi des études de médecine que de savoir qu'une jeune fille de bonne famille vivait avec un homme. Quelle hypocrisie !
Pourquoi ces lèvres fascinaient-elles M. Kent ? Elle les effleura du bout des doigts. Une onde de chaleur naquit dans le creux de son ventre. Le cœur battant, elle caressa la partie de sa joue où elle collait ses favoris.
Il devait rêver… Elle ne pouvait avoir envie qu’il l’embrasse. Il était impossible qu’il produise sur elle l’effet qu’elle produisait sur lui, qu’il la mette dans le même état de passion et de désarroi… Et d’ailleurs, à quoi bon ? Cette ville, cette maison, cet univers, cette femme n’avaient aucune place dans son avenir tout tracé.
Pas plus que ces lèvres uniques et parfaites.
Vous vous demandez si j’ai coutume d’honorer cinq ou six femmes en même temps, ou l’une après l’autre ? Si mon harem compte des dizaines ou des centaines de femmes ? Si je prie des idoles ? Si je passe mes soirées à affûter mes poignards afin de sacrifier des enfants chrétiens sur l’autel de mes dieux païens ? À moins que vous ne vous demandiez si je mange avec une fourchette ou avec les doigts, voire à quatre pattes comme un chien ?
Elle était tendue, un peu grise, les seins dressés. Elle ne put résister à l’envie de les palper, s’attardant sur les aréoles nacrées. C’était la première fois qu’elle se livrait à ces caresses. Pourquoi une étudiante en médecine n’étudiait-elle pas les réactions naturelles de son propre corps ?
Parce qu’elle n’avait jamais rien ressenti de tel. Ce désir charnel était nouveau.
Les douleurs qui lui vrillaient la hanche et le dos étaient de vieilles connaissances. En revanche, le désir ardent que la jeune femme faisait naître en lui était insupportable.
Et elle n’en savait rien.
Surtout, qu’elle n’en sache rien…
Condamné à souffrir, il alla se coucher et, en dépit de la douleur, le sommeil vint rapidement. Il se réveilla en nage, le souffle court. Au moins, il n’avait pas la gorge sèche.
Je suis sur des charbons ardents. Aucune femme n’a jamais assisté à un cours d’anatomie dans cette université. Officiellement, en tout cas. J’ai peur d’avoir les genoux qui s’entrechoquent. Le Pr Jones risque de remarquer mon angoisse. Sans parler de mes camarades. Désolée de parler de genoux. Vous n’avez sans doute pas l’habitude qu’une femme évoque son corps. Mais, en tant qu’artiste, vous ne vous en offusquez pas, j’imagine. À moins que, dans votre pays d’origine, hommes et femmes ne discutent volontiers de leur corps…
Elle portait une robe ocre qui rendait ses yeux encore plus pétillants. Le tissu moulait délicieusement ses seins, ses épaules et ses bras.
Ziyaeddin, qui s’attendait à la voir déguisée en homme, déplorait que ce ne fût pas le cas. Il n’avait pas besoin d’être confronté à sa féminité. L’arrondi de ses lèvres et la forme délicate de son nez suffisaient à le troubler plus que de raison.
Quoique novice dans le milieu médical, il était considéré comme très prometteur grâce à ses capacités intellectuelles et son tempérament.
Il n’appréciait pas la concurrence. Au fil de la tournée du médecin, il n’avait cessé de la foudroyer du regard. Et pourtant, malgré cette hostilité et les démangeaisons provoquées par ses postiches, Libby était sur un petit nuage. Dans sa gamelle, elle découvrit une part de tourte.