AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SZRAMOWO


Le roman de Pierre Assouline est aussi délirant que la décision du roi d'Espagne qui autorise par décret, (jusqu'au 31/12/2019), les descendants des Séfarades expulsés en 1492 à demander la nationalité espagnole.
132 000 personnes ont été ainsi naturalisés et ont réparé la chaîne qui s'était interrompu lorsque leurs ancêtres ont quitté l'Espagne, bannis par le roi catholique de l'époque Ferdinand d'Aragon.
Comme le dit l'auteur, le royaume d'Espagne va au-delà du pardon, au-delà du "pardonne mais n'oublie pas", il est dans le reviens chez toi, nous regrettons d'en avoir chassés tes ancêtres il y a six siècles et des poussières.
" Comme vous nous avez manqué !" conclut le Roi dans son discours.
Afin de pouvoir retrouver la nationalité espagnole, les prétendants doivent répondre à trois critères
Figurer sur la liste, publiée avec le décret royal, des 5 000 noms de Marranes et Séfarades expulsés.
Démontrer sa connaissance de la culture espagnole en satisfaisant à un test de l'institut Cervantès
Produire un acte de mariage démontrant que ses grands-parents ou parents sont de religion judaïque.
A titre personnel, je ne peux satisfaire qu'aux deux premiers critères.
Mes ancêtres lointains ont véritablement abjuré la religion juive et embrassé la religion catholique.
Assouline joue sur trois registres sa surprise à la découverte de ce décret, sa surprise de se voir figurer sur la liste et sa décision de mener une enquête pour savoir ce qui se cache derrière le décret et s'il peut véritablement devenir espagnol...
Il passe par plusieurs étapes :
Au Consulat d'Espagne, tiens ! tiens ! tiens ! il est reçu par un certain Alfonso Iglesias Nunez (qui lui, je vous l'assure, figure sur la liste), mais le prétendant n'osera pas avoir l'outrecuidance de le lui demander.
A Madrid, il décide de rencontrer Isaac Querub, président de la Fédération des communautés juives d'Espagne et Alberto Ruiz Gallardo, ministre de la justice, les deux hommes qui sont à l'origine de la fameuse loi du retour des séfarades dans ce qui fut leur pays.
Le roman rappelle le rôle des Séfarades dans l'histoire espagnole, les moments de l'histoire qu'ils ont marqués mais aussi les livres films ou pièces de théâtre qu'ils ont inspirés.
Le livre est construit de telle façon que le lecteur peut choisir de le lire de la première à la dernière page ou de batifoler au gré de son envie en choisissant l'un des 70 chapitres qui constituent.
En fin d'ouvrage on trouve un résumé de chacun de ces chapitres.
Je reviendrai pour ma part sur le chapitre 42, consacré au film d'Antonioni : Profession Reporter. Film sublime qui se déroule de Barcelone à Alméria pour finir dans le village de Vera, berceau de ma famille.
« Il est cinq heures de l'après midi à Vera, l'heure de la corrida, la plaza de toros est là devant, et la voix de Garcia Lorca tout près murmure un chant funèbre pour son ami l'illustre torero Ignacio Sanchez Mejias mortellement blessé dans l'arène de Manzanares, l'endroit se couvre d'iode, au loin vient la gangrène, les plaies brûlent comme des soleils, il n'y a vraiment qu'en Espagne que la poésie revient partout nous envahir et nous dévoiler la vie comme la mort, il est juste cinq heures d'ombre de l'après-midi à Almeria. »
Et en lisant cette citation, me reviennent les paroles de Initials B.B. de Gainsbourg :
« À chaque mouvement
On entendait
Les clochettes d'argent
De ses poignets
Agitant ses grelots
Elle avança
Et prononça ce mot
Alméria
C'est cela aussi le livre d'Assouline, un révélateur de culture et un catalyseur d'émotions qui nous fait voyager dans notre propre passé et dans son histoire pour que jamais nous n'oubliions ce qui les relie.
Lumineux !

Lien : https://camalonga.wordpress...
Commenter  J’apprécie          265



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}