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Critique de GeorgesSmiley


Pourquoi lit-on ? Personnellement, je réponds : surtout pour rêver, voyager, partager des sentiments, des impressions, des peurs, des découvertes ou des surprises. Pas vraiment pour retrouver les faits divers dramatiques qui font parfois la une de la presse en confirmant la noirceur du monde.
La Souris Bleue n'est pas une histoire de fées d'hiver, mais le détail, le catalyseur qui va rapprocher trois épouvantables faits divers non résolus ayant saccagé la vie d'une dizaine de personnes, proches des victimes. C'est un excellent roman policier avec un enquêteur privé, comme il se doit bien cabossé par la vie, un suspens garanti jusqu'au bout (on se demande à plusieurs reprises où l'on va) mais c'est aussi beaucoup plus que cela.
Il est question de famille, d'amour paternel, d'enfance, de soeurs qui s'aiment et se chamaillent, (on pense à Dans Les Coulisses du Musée), de mères résignées et épuisées, de couples mal assortis, de non dits, de secrets, de violence, de solitude, de folie, de meurtres.
Kate Atkinson parvient à dépeindre des situations, des personnages et des sentiments dramatiques avec verve, humour, ironie ou tendresse dans un cocktail qui fait sa spécificité et son succès. Tout est juste, on compatit devant ces personnages aux vies brisées, on espère que la vérité les apaisera un peu, on les prend en affection et on sourit beaucoup parce qu'il faut bien le dire, c'est souvent très drôle ! Un exemple ?
« Elle avait sincèrement cru que cette invitation à prendre le thé voudrait dire un salon élégant, clair, aux murs duquel seraient accrochés des tableaux représentant des chevaux et des chiens. de vastes canapés capitonnés de soie damassée jaune pâle, un piano à queue croulant sous des photos de famille dans de lourds cadres en argent (cette image était en grande partie le souvenir d'une demeure historique visitée dans son enfance). Elle se voyait nerveusement penchée sur le bord d'un des canapés de soie damassée jaune pâle tandis que la mère de Jonathan officierait devant le service à thé – en jolie porcelaine ancienne – et l'interrogerait sur sa « fascinante » vie de citadine.
En réalité, la mère de Jonathan était encore à la foire où elle remettait avec grâce des cocardes au club de poney et ni Jonathan ni Caroline n'étaient jamais parvenus au salon car ils avaient fait le tour par-derrière et Jonathan l'avait entraînée dans une sorte d'arrière-cuisine. Ils n'avaient pas plutôt franchi le seuil que Jonathan lui roulait le slip jusqu'aux chevilles, la forçait à se pencher sur la vieille paillasse en bois et la prenait à la hussarde, et tout en se cramponnant aux (pratiques) robinets du timbre d'office, Caroline s'était dit Bon Dieu, voilà ce qui s'appelle se faire foutre ».
Alors, oui, faits divers ou pas, avec Kate Atkinson, no disappointment !
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