Une construction originale au service des émotions
Mazie n'est pas un roman comme les autres. Vous ne trouverez pas dedans un début, un milieu, une fin. Enfin si, mais le début, le milieu et la fin d'une vie. le roman est une juxtaposition de témoignages étroitement liés par la présence unique et incessante de Mazie Phillips-Gordon. Que ce soit son propre journal intime, son autobiographie, l'interview de son ancien voisin ou du fils de son amant « le Capitaine », tous parlent d'elle, cette fille troublante, un peu seule, un peu triste, qui ne s'est jamais vraiment trouvée sauf quand elle donnait le fond de son porte-monnaie aux sans-abris.
Cette façon de faire est extrêmement intelligente de la part de
Jami Attenberg car elle permet un vrai dynamisme du récit. On ne s'ennuie pas lorsque l'on plonge entre les pages de
Mazie Sainte patronne des fauchés et des assoiffés. de toute façon, on ne peut pas s'ennuyer avec Mazie. Si elle se cherche tout au long de sa vie, on aperçoit d'elle différentes facettes. Il n'y a pas seulement la femme qu'elle voit dans un miroir entre les pages de son journal, il y a également le regard des autres et c'est important lorsque l'on essaye de se faire une image de quelqu'un car souvent, on est trop dur avec nous-même. Ces autres la voit resplendissante, toujours plus chaque jour malgré les années qui passent. Ils voient en elle une sainte, une reine. Elle, elle se voit comme une femme perdue, un oiseau en cage rêvant désespérément de liberté et qui la trouve finalement la nuit en aidant les sans-abris.
Une sainte qui n'en est pas une
Mazie ne se voit définitivement pas comme une sainte. Et elle n'a sans doute pas tort. Elle côtoie la misère depuis son plus jeune âge. Elle même n'a pas atterri dans une famille parfaite. Elle aime se promener dans le Bowery de Manhattan quand elle devrait être à la maison avec sa grande soeur qui l'élève. En grandissant, elle aime boire. Encore plus lorsque c'est interdit. Et elle s'envoie en l'air, parce-qu'elle se sent moins seule comme ça. Mais lorsqu'un attentat se produit, elle est la première sur place pour aider les victimes. Elle ne supporte pas le malheur, ni la misère. Peut-être qu'ils lui renvoient une image d'elle-même qu'elle veut oublier.
La solitude est un thème récurent. Dans chacun des témoignages, dans chacun des destins que l'on croise dans ce récit : tous ont une part de solitude qu'ils assument ou non. Difficile d'assumer la solitude. Ce n'est pas seulement un fait, comme pour les sans-abris, c'est aussi un état d'esprit, comme pour les soeur Phillips. Difficile de ne pas s'attacher à de tels personnages, vraiment très difficile....https://pauseearlgreyblog.wordpress.com/2016/08/22/rentree-litteraire-
mazie-sainte-patronne-des-fauches-et-des-assoiffes-jami-attenberg/
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