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Critique de tamara29


Depuis mes 20 ans (cela date donc d'un bon nombre d'années), Paul Auster fait partie de mes auteurs contemporains incontournables.
Je me rappelle que, dès qu'un roman sortait en librairie, je me précipitais pour l'acheter et je m'y plongeais chaque fois avec plus ou moins de bonheur. Il suffisait souvent de quelques lignes, d'une simple phrase, de l'ambiance qu'il créait sous mes yeux pour que je ne lâche plus le roman. Il y a un je-ne-sais-quoi que j'aime dans ses histoires, une forme d'élégance dans les mots qu'il emploie, un respect pour la littérature, des impressions qu'il suggère parfois sans vraiment les dire, une atmosphère, quelque chose presque ineffable qui me séduit toujours.
Paul Auster a cette capacité de me faire oublier tout ce qui m'entoure, de me faire me sentir bien durant ces quelques jours de lecture parce que je sais que je vais le retrouver le soir avant de m'endormir, le temps d'un voyage en métro, de quelques minutes à la terrasse d'un café. Son écriture me transporte à chaque fois. On s'immerge dans une bulle. Il y a comme une douce chaleur en soi qu'on aimerait longtemps garder et ressentir. Les journées sont décidément plus belles avec un bon roman près de soi.
Cet écrivain parle pourtant de sujets graves, tristes, comme la perte, la dépression, la solitude mais il y a toujours une poésie, de la beauté dans ses mots, une forme d'espoir. Ses personnages sont profonds, avec leurs qualités et défauts, leur réalisme, leurs fragilités, mais aussi leurs aspirations, leurs rêves. Ses personnages ont toujours suffisamment de matière pour qu'on s'y intéresse, voire s'y attache.
Et pourtant, je ne sais pourquoi, ai-je lu une critique négative qui m'a fait penser que je pourrais être déçue de cette autobiographie, ai-je eu peur que ce qu'il me montre de lui fissure la magie de ces romans, toujours est-il que j'ai mis des années avant de me décider à lire « Chroniques d'hiver ». Je m'étonne encore d'avoir tant rechigné, moi, qui suis presque une groupie de ce cher Paul.
Il aura fallu qu'en déambulant dans ma médiathèque, désoeuvrée de ne trouver le roman que je voulais absolument lire, me sentant presque mal, en état de manque, je passe devant le rayon où se trouvaient les oeuvres de cet écrivain et que je prenne « Chroniques d'hiver », plutôt par dépit, histoire de patienter le temps que je trouve lecture plus enthousiasmante.
Et là, en ouvrant la première page, en commençant à lire les premières lignes, quel fut mon plaisir de réaliser que le miracle opérait encore, même pour son autobiographie ! J'aurais pu lui embrasser les mains s'il avait trainé dans le coin (bon, je ne vois pas trop ce qu'il aurait eu à traîner dans ce coin de banlieue parisienne mais sait-on jamais avec les petits miracles de la vie). Son écriture me happait à nouveau.
Paul Auster a écrit une autobiographie qui tranche avec le genre. Il ne s'est pas simplement contenté de narrer sa vie, d'étaler tous les romans qui ont fait de lui cet auteur connu, respecté et estimé par les média, apprécié par une large majorité de lecteurs.
En employant le « Tu » pour parler de lui, il crée un personnage et ça change la donne. Ça en fait toute une histoire. Déjà, peut-être, parce qu'on a l'impression alors que c'est à nous, lecteur lambda, qu'il parle, qu'on est nous-même dans le récit, qu'on participe à la naissance d'un écrivain. Ce n'est pas tout à fait une autobiographie qu'on tient dans les mains mais presque un conte qu'Auster nous offre.
On suit un enfant avec ses découvertes, ses plaisirs, l'adolescent avec ses premiers émois, son désir d'écriture, ses voyages, sa vie en France, sur Paris dans de petits appartements, presque miteux, faites de périodes difficiles, période où il n'a pas encore écrit les romans qui vont le faire connaître, vivant de traductions et de pièces de théâtre. On sourit face à certaines anecdotes, certaines situations cocasses (avec des français par exemple). Il y a aussi son amour des femmes, ses dragues, ses déconvenues, les femmes qui ont compté dans sa vie dont, bien entendu, sa dernière femme -la romancière Siri Hustvedt- avec qui il entretient une relation amoureuse intense. Et puis New-York et le quartier de Brooklyn bien sûr.
Paul, comme ça m'a fait du bien de te retrouver. (Permets-moi de te tutoyer puisque tu te tutoies). Tu m'as permis de découvrir un peu plus de toi, de comprendre un peu plus pourquoi j'étais si attachée à toi. Peut-être parce que, dans cette autobiographie, il y a cette part de l'humain que tu décris dans tes romans. Il y a aussi ta sensibilité, ton amour de l'art, de la littérature, ton humour et un brin d'autodérision qu'on sent dans tes romans et qu'on retrouve aussi dans ta vie. J'ai refermé cette autobiographie avec le sourire aux lèvres et j'ai hâte de découvrir ton nouveau roman et de m'y plonger encore corps et âme.
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