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Critique de latina


Voilà encore un grand Paul Auster, qui s'est déchainé dans « La nuit de l'oracle ». Quelle maestria intellectuelle ! Quel sens du personnage et de la situation ! Tout s'enchaine naturellement et sans effort, alors même que tout est emberlificoté, où la réalité et la fiction s'emmêlent de façon extérieurement raisonnable, je dis bien « extérieurement ».
Chaque fois (ou presque) que je lis « du » Paul Auster, je jubile, je souris, je ris même toute seule.


Reprenons : Sid est un jeune écrivain qui sort d'un séjour de quatre mois à l'hôpital, où il a failli mourir. Il est marié à Grace, et est tombé amoureux d'elle grâce à son « absence de lutte intérieure, équilibre mental qui semblait lui épargner les conflits et les agressions habituels de la vie moderne : doute de soi, envie, sarcasme, le besoin de juger ou de diminuer autrui, l'intolérable et brûlante souffrance de l'ambition personnelle ».
« Je suis tombé amoureux du silence radieux qui brûlait en elle » : que c'est beau, n'est-ce pas !
Mais le monde n'est pas si simple qu'on ne le croit... Ceci est un roman austérien, donc il faut s'attendre à ce que le hasard fasse bien – ou mal – les choses !
« le monde n'est pas raisonnable et ordonné, il est régi par le hasard. Des événements fortuits nous guettent à chaque jour de nos vies, et ces vies peuvent nous être ôtées à tout moment – sans la moindre raison ».


Et là, Paul Auster va s'en donner à coeur joie : son héros croit régir le monde qui l'entoure, mais il sera confronté en l'espace de neuf jours à une série d'évènements décalés, tragiques ou moins tristes, imaginés ou réels. de l'inénarrable Mr Chang, propriétaire du « Paper palace », (la papeterie où il trouvera un carnet bleu made in Portugal qui l'enchantera, au sens littéral du terme) au grand ami de la famille, John Trause et son fils famélique et démoniaque, en passant par son héros de papier Nick qui échappera de peu à une poutre tombée d'un toit et qui par la même occasion laissera tout tomber pour recommencer une autre vie...tous, je dis bien tous valent leur pesant de vie. Tous ont l'épaisseur de la réalité, et tous se cogneront aux réalités et aux rêves de la fiction.
Car chez Auster, tout part de et revient à la littérature, à l'acte d'écrire.


Quand je vous disais que c'est jubilatoire ! La littérature, c'est la vie, et la vie, c'est la littérature. Paul Auster, par le plus grand des hasards, nous le fait comprendre de façon magistrale.
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