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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Insolite est certainement le premier qualificatif qui vient à l'esprit à la lecture de ce recueil de nouvelles sordides de Leandro Avalos Blacha dans lequel les cours, les caves et autres sous-sols de maisons deviennent des prisons privées et les particuliers des geôliers un peu particuliers.
C'est un recueil d'autant plus déconcertant qu'il bouleverse les canons de la littérature. L'auteur a choisi de ne pas s'attarder sur la personnalité des délinquants, leur passé, leur vécu ou leurs émotions. Il a préféré porter un regard oblique sur leur condition pour mettre en lumière la barbarie et les bassesses des citoyens chargés de les surveiller et de les nourrir. Bien que présentant parfois un visage terrifiant, les prisonniers apparaissent in fine bien plus humains que leurs geôliers qui reflètent dans leurs excès les dérives de la société contemporaine : l'aliénation par l'appât du gain, le dogme du consumérisme, la quête de la satisfaction immédiate, le bouleversement du schéma et des valeurs familiales, le culte du loisir et de l'éphémère …
La collision entre ces personnages déjantés est efficace, les rebondissements nombreux et imprévisibles se révèlent diaboliques et cruels d'autant plus que l'auteur nimbe ses personnages d'un surréalisme ouaté. Leandro Avalos Blacha a trouvé une riche matière propice à des histoires farfelues dans lesquelles l'esprit satirique et l'imagination de l'auteur s'enrichissent mutuellement pour notre plus grand plaisir.
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Tout le monde est sous la coupe des antennes de Phonemark dans «Côté cour», société omnipotente dans les télécommunications, les media, le divertissement et la sécurité. Ça ne vous rappelle rien ?
Producteur de séries télé, (sans doute pour «rendre le cerveau du téléspectateur disponible, le détendre entre deux messages publicitaires»), installateur de cellules de prisons chez des particuliers qui ont besoin d'arrondir leurs fins de mois pour pouvoir survivre et aussi continuer à envoyer le nombre minimum de SMS requis pour ne pas être radié du registre, Phonemark est partout, et ses antennes dominant la ville émettent des radiations aux pouvoirs surnaturels.

Dans ce roman-nouvelles en cinq chapitres, on suit par exemple Magda, une femme dotée d'un sens féroce des affaires, qui, avec son mari prétendument décédé et reclus dans la cave, entraîne en sous-sol des chiens d'attaque et quelques autres bêtes, en faisant montre d'un sadisme tout à fait méthodique, pour organiser des combats de gladiateurs et des paris, opposant ses animaux aux prisonniers du quartier.

«Magda n'avait jamais vu son mari heureux de toute son existence conventionnelle d'employé au service comptable de Phonemark. du jour où un ami lui avait vendu un certificat de décès, Elmer avait connu une véritable renaissance. Quelle que soit l'heure à laquelle Magda se rendait au sous-sol, elle le trouvait en train de faire des bonds comme un animal parmi les autres. Il était devenu un homme actif, entreprenant et sportif. C'est à peine s'il dormait. Il ne regrettait rien de son ancienne vie : personne ne le dérangeait plus, il n'était plus forcé d'assister à d'interminables réunions de travail et, de son studio bien insonorisé, nul écho ne lui parvenait des conversations de Magda avec le voisinage.»

Plus loin le docteur Braille, avec Dinastía, son employée fidèle, récupère des femmes ou des fillettes atteintes de la rage, les enchaîne dans sa cave et exerce sur leurs cadavres ses talents de réducteur de tête. Jusqu'à ce qu'il ne modifie sa routine pour éduquer l'une d'entre elles, la petite Clara…

Sans nous assommer de pourquoi ni de comment, Leandro Avalos Blacha nous immerge avec talent dans ce monde fantastique et terriblement familier. Ces cinq nouvelles aux chutes souvent brutales sont reliées entre elles, comme peuvent l'être ces pavillons de banlieue tous ressemblants et soumis aux mêmes déviances. Là, les vieilles femmes qui s'entraident, sont les seules capables de réelle empathie envers les prisonniers et souvent celles qui donnent de l'affection aux enfants, tandis que les adultes dévorés par le système ne distinguent absolument plus ce qu'est la barbarie.

Dans une veine de série Z déjà jubilatoire dans «Berazachussetts» et qui rappelle les «Dernières nouvelles de l'enfer» de Jérôme Leroy, on sourit beaucoup, mais le plus souvent jaune, à la lecture de ces récits qui nous montrent une humanité glaçante tant elle nous est proche, focalisée par l'argent et le divertissement poussé dans ses retranchements monstrueux et ultimes.
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Côté cour est un recueil de cinq nouvelles satyriques issues d'un monde dystopique mais très proche du nôtre. Il est publié en 2011 par l'écrivain argentin Leandro Avalos Blancha.

Les nouvelles sont toutes situées dans une banlieue pavillonnaire en apparence calme et tranquille où règne une compagnie de télécommunication toute puissante Phonemark. La société, affranchie des lois des hommes comme de celles de la nature, règne sur le quartier, terrifie ses consommateurs captifs avec de terribles agents et une antenne téléphonique dressée au milieu du quartier et scrutée avec un mélange de terreur et de fascination par les habitants.

Autre caractéristique de la dystopie, ici pas de prisons publiques, les délinquants comme les tueurs en série sont hébergés dans des cellules spécialement construites par Phonemark dans les cours et les caves des résidents. En échange, ils reçoivent un petit salaire bien commode pour payer le nombre minimum de SMS requis pour rester inscrits dans le registre Phonemark (elle est pas belle la vie ?).

Dans ces nouvelles, le parti pris de l'auteur n'est pas de tenir un propos nuancé mais au contraire de se jeter dans une outrance non dénuée d'un humour grinçant qui fait souvent mouche. le ton de Leandro Avalos Blancha est corrosif et ses préoccupations très actuelles (Privatisations, Multinationales surpuissantes, « ubérisation » du travail et transformation progressive des citoyens et consommateurs etc.). de ce fait même, je doute fortement que le texte vieillisse bien tant il est ancré sur la période fin des années 2000/début 2010.

Sans être un chef d'oeuvre, le livre est assez drôle, plaisant à lire et fluide.
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Côté cour, qui réunit cinq petits contes cruels qui se déroulent dans un même quartier argentin, met en scène une bande d'illuminés monstrueux, grotesques et fantaisistes.
[...]
Avis aux réfractaires des nouvelles, ne passez pas votre chemin ! Côté cour est composé de cinq nouvelles liées les unes aux autres puisqu'elles se passent dans le même quartier, surveillé par la tour Phonemark. Dans l'univers de Leandro Ávalos Blacha, Phonemark, c'est à la fois la police, l'immobilier, la téléphonie et la télévision, un peu comme Bouygues Télécom sous l'ère Sarkozy.

Sous l'oeil totalitaire de Phonemark, à cause des prisons surpeuplées, les délinquants sont mis en cage chez les particuliers qui sont payés pour ce service. La valeur humaine se désagrège, la violence est sublimée en spectacle.

Dans Côté cour, on croise beaucoup de monstres, que ce soit des monstres à l'état pur comme des zombies, des créatures étranges ou enchanteresses, mais aussi de gros salopards tout à fait humains. Et c'est cette galerie de personnages excentriques, combinée à des chutes féroces et au ton distancié, qui fait de Côté cour un super moment de lecture avec une playlist de l'auteur à la clé.

L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/cote-cour-leandro-avalos-blacha-a107171922
Lien : http://www.bibliolingus.fr/c..
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