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Critique de gruz


Comment cataloguer ce roman ?

Un hybride ? Définition : l'hybride est un organisme issu du croisement de deux individus ou de genres différents. Un composé d'éléments de différentes natures.

Une chimère ? Définition : être ou objet fantastique composé de parties disparates.

Ces définitions ne sont pas fausses, mais pourquoi vouloir absolument cataloguer un tel roman ?

Ce serait forcément réducteur. Car ce roman est définitivement un thriller, indubitablement un roman fantastique, également une véritable quête initiatique d'un auteur à succès atteint du syndrome de la page blanche, tout autant une parabole sur la fonction de l'artiste, clairement un roman d'action, incontestablement une belle réflexion sur notre société actuelle…

Cette lecture est une expérience assez unique, du genre qui vous reste en mémoire ; fantôme qui hante votre esprit lorsque le livre est posé sur votre table de chevet.

522 pages touffues. Un roman foisonnant de créativité, regorgeant d'idées, pullulant d'imagination. le tout mis en mots par une écriture d'une richesse rare. Une plume très travaillée, belle, addictive, protéiforme. Poétique à certains moments, sèche et dynamique à d'autres. Une qualité narrative très au-dessus du lot.

Je pourrais vous lancer quelques ingrédients du roman à la volée et vous demander d'imaginer. Mais ce serait peine perdue, vous seriez loin d'entrevoir l'étendue de ce récit.

Une histoire d'écrivain en panne d'inspiration donc, mais surtout une histoire de femmes, personnages forts. Une histoire de chats aussi. Très important, le rôle des chats dans cette histoire !

Un écrivain qui se retrouve à mener l'enquête sur de sombres homicides perpétrés par une vieille dame en état de légitime défense, aidée par son matou. Un pitch de départ original (et ce n'est rien par rapport à la suite).

Une histoire qui mêle fiction et réalité, avec l'idée de génie (une parmi d'autres) d'intégrer des écrivains existants à l'intrigue. Des auteurs américains renommés qui se retrouvent directement à participer à cette enquête hors norme : Norman Spinrad, Jerome Charyn, Paul Auster et d'autres encore…

Un récit très moderne et pourtant profondément ancré dans la mythologie. Tout le paradoxe du roman est là. A me lire, on pourrait imaginer se retrouver confronté à un vaste bazar et pourtant ce livre est tout sauf désordonné.

Les chats ne font pas des chiens, c'est de l'Ayerdhal tout craché ! le récit est construit à la perfection, millimétré tout en laissant la possibilité à sa prose de respirer. Initialement publié en feuilletons numériques, on sent que l'édifice a été échafaudé avec minutie.

On retrouve dans cette fiction les ingrédients chers à l'auteur. Une dénonciation (toute en finesse) des travers de notre société de consommation, des institutions et des milieux de pouvoir (CIA, bourse…). Un récit documenté, où la technologie tient une place importante, où l'action côtoie l'émotion et qui est aussi un chant d'amour d'un français à la ville de New York.

Pour plagier la métaphore de l'auteur dans ce roman, Ayerdhal est un peintre qui sait manier l'entièreté de sa palette avec un immense talent. Une palette d'une rare étendue, une explosion de couleurs, d'émotions, de nuances. Ayerdhal doit être un peu magicien quelque part.

Ce roman n'est pas qu'un banal roman, c'est une vraie expérience littéraire, métissée, composite. Un panaché explosif inoubliable. Vous voilà prévenus.

Pour terminer, un mot sur l'édition papier et le travail magnifique réalisé par l'éditeur Au diable vauvert (comme à son habitude) : couverture magnifique, en relief, présentation haut de gamme et le petit détail qui fait la différence, le logo de l'éditeur (le diable) transformé en petit chat avec une queue de diablotin. Une petite idée tout simplement géniale ;-)
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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