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Critique de Tesrathilde


C'est le premier livre que je lis d'Ayerdhal, et, soyons clairs, la dénomination "Fantasy" ne se justifie que parce que rien ne nous dit clairement que ce monde est le nôtre, et nous sommes bien dans un passé qui nous est étranger de par les noms d'endroits, même si familier par ses éléments réalistes. Cependant vous ne trouverez ici ni dragons, ni créatures surnaturelles, ni magie plus puissante que la volonté et l'imagination d'une poignée d'êtres humains. D'un autre côté Ayerdhal nous livre une véritable expérience idéaliste, sociologique et politique, qui est beaucoup plus proche des discours de la science-fiction que des épopées heroic-fantasy.

J'ai limite envie de vous planter là, de vous houspiller, vous exhorter à aller au plus vite lire cet excellent bouquin, mais ça fait un peu court et vague, n'est-ce pas ?

C'est une histoire qui se déroule sur la Colline (là où Sara Doke parlait de "Sous la Colline", haha), une petite province un peu perdue, un peu oubliée des Grands du monde, sauf pour les impôts bien sûr, car elle est assez loin des capitales et hauts faits politiques et guerriers d'un royaume cupide et dominateur. Ses habitants vivent chichement quand ils ne souffrent pas de famine, en silence et sans se rebeller, satisfaits de leur bonheur également limité par les hivers parfois rudes et autres difficultés du quotidien.

Seulement, il y a eu Karel. Karel, un jeune poète, philosophe, penseur, rêveur ? Un gars qui ne savait pas se taire, qui avait trop d'idées, des idées dangereuses même s'il ne les maniait pas avec violence et qu'elles n'ont mené à aucune révolution, mais des idées trop dérangeantes pour ne pas le mener à sa perte, décidée par les pouvoirs dont il dénonçait les abus. Karel n'est plus, mais ses discours sont toujours présents, dans la mémoire de sa soeur Vini entre autres, et aussi dans non seulement l'esprit mais aussi les comportements de Parleur, un nouveau venu. Étranger portant les paroles d'un ami et quasi-prophète aux yeux du peuple, il va non seulement se faire accepter mais remettre doucement mais sûrement beaucoup de choses en question, bouleversant petit à petit le petit univers avec l'aide des personnes - finalement assez nombreuses - qu'il gagne à sa cause, menant la Colline à la formation de l'Enclave, un territoire indépendant des princes de Macil, afin de garantir une vie un peu meilleure à ses habitants et se dresser contre les abus de pouvoir quotidien au nom de la simple liberté des hommes.

Ce livre raconte ce combat de longue haleine, les petites actions et aussi les grandes, et tout ce que cela amène dans la vie et les esprits des personnages - tous à peu près cités dans le résumé de couverture. Je ne vais pas m'étendre sur les évidences : les difficultés matérielles et humaines, les retournements de situation, les événements et réactions prévisibles. Seulement j'ai beaucoup apprécié alterner régulièrement entre les différentes échelles de narration - Vini est la conteuse, toujours, mais tantôt elle est focalisée sur elle-même tantôt sur d'autres personnages, et tantôt sur la Colline entière. Je me suis facilement attachée aux personnages, certes ils sont tous très différents mais c'est je trouve tout ce qui fait l'intérêt de les suivre, de comprendre leurs points de vue, objectifs et doutes, y compris ceux qui ne m'étaient pas très sympathiques au départ. Malgré le ton sérieux et les drames l'humour est présent ici et là, parfois léger parfois grinçant, porté comme tout le reste par la très bonne plume de l'auteur.

Il y a Machiavel, il y a Victor Hugo, il y a d'autres auteurs encore qui me sont passés en tête à cette lecture tant elle condense d'idées, d'humanité, d'espoir et de désespoir, de force et de philosophies. Cela fait plus d'un mois que j'ai refermé le livre et je sens qu'il s'attache à ma mémoire, à mon vécu de lectrice.
Lien : https://croiseedeschemins.wo..
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