Si le monde ne te convient pas, tu n’as qu’à le changer.
— Simplement que la noblesse et ses mouches à miel ne se contentent pas de vivre sur le dos des roturiers ; ils ne peuvent en aucun cas se passer d’eux… de nous, donc… alors que l’inverse n’est pas vrai.
— L’inverse ?
— Si nous refusons de trimer pour leur bon plaisir et si nous ne payons pas l’impôt, ce seront les Castan et leurs parasites qui perdront le plus.
Parce que lui seul a un intérêt dans leur relation, c’est le bourreau qui dépend de sa victime.
C'était l'année où le prince adouba son aîné, l'année où il lui confia la ville pendant qu'il guerroyait pour son Roi sur d'autres rivages. Jamais les mères n’avaient pleuré autant d'enfants, jamais les épouses n'avaient perdu autant de maris, jamais n'avaient-elles autant été souillées.
Sale année.
La noblesse ne paie pas l’impôt, elle en vit ! Et il y a belle lurette que les bourgeois ont appris à ne payer qu’un peu tout en profitant beaucoup !
— Combattre ne se fait pas forcément par les armes, Qatam, et la mort n’est jamais une victoire.
— Après saint Qatam, voici saint Karel, railla le trappeur.
Je l’aurais volontiers giflé, mais la gifle n’aurait pas atteint sa destination et il m’aurait remerciée de lui donner raison. Parleur usa d’un autre argument :
— Ce n’était pas de Karel. Même lorsqu’il maniait les évidences, Karel était beaucoup plus élégant que moi, beaucoup plus retors aussi. Par exemple, dans une situation comme la nôtre, il aurait écrit : La violence est la seule légitimité de ceux qui bafouent la justice. Le juste,lui, n’a besoin d’aucune excuse pour faire valoir le droit…
– Je crois que si nous nous mêlions tous de ce qui ne nous regarde pas, dit Parleur, le monde entier finirait par nous concerner.
Si le monde ne te convient pas, tu n’as qu’à le changer.
[R]ien n’était normal.C’était comme si nous bâtissions un royaume – un royaume sans roi – dans une contrée inconnue, alors que nous habitions cette contrée depuis toujours. Tout ce que nous faisions de plus ordinaire était extraordinaire.
On ne bâtit rien sur le désespoir, fors la haine, mais avec la colère et l’usure des souffrances qui se répètent, avec la faim et la peur du lendemain, avec nos seuls coudes serrés pour nous tenir chaud, et nos larmes en écho, et nos rires enfuis, un jour, avec juste ça, entre hommes et femmes, nous n’aurons plus besoin que d’un rêve pour nous éveiller.