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Critique de ninachevalier


Sous les toits Sébastien Ayreault Au Diable Vauvert
( 15€ - 174 pages)

Sébastien Ayreault nous relate les débuts difficiles de son héros David, aspirant écrivain. Convaincu que «  la meilleure façon de le devenir, c'est de devenir chômeur », il s'inscrit à l'ANPE .
C'est sous les toits , dans un décor spartiate qu'il se met à noircir des pages.
Si on ne choisit pas sa famille, il en est de même pour ses voisins. Il mène une vie de marginal, côtoie des plus minables que lui, au risque de se perdre, vu ses addictions (cigarettes, boisson, drogue) .
Si dans Repose-toi sur moi de Serge Joncour, ce sont les corbeaux qui initient la rencontre, ici c'est une boîte de haricots verts !

Si le narrateur a connu «  l'effet Agnès », un autre tsunami s'empare de lui, dès son premier contact avec une librairie.C'est avec «  Sexus, Plexus, Nexus » d' Henri Miller qu'il ressort et prend «  une claque ». Besoin de lire, dévorer.

Les livres ne sont-ils pas parfois l' ultime bouée de sauvetage, comme des auteurs en témoignent dans l'excellente et éclectique revue Décapage 55 ? (1)
David, le narrateur n'a-t-il pas eu des tendances suicidaires, comme celle de «  sauter », devant la pénurie de son imagination ?

Ses liaisons, il leur met un terme en s'envolant à Katmandou. Pense-t-il pouvoir rejoindre son ami peintre le If ? C'est un mec «  paumé, délabré, défoncé » , déprimé, que Lubna croise,initie à Internet, tente d'aider et séduit.

Coup de foudre, mariage éclair. le voici de retour en France avec une femme, un chat et bientôt un CDI. Nouvelle installation,
Amer constat pour David : «  l'écriture s'était fait la malle » . Cet accablement de la page blanche le rend aigri et peu tolérant pour ces «  nihilistes », larmoyant lors de la remise de leur prix !

Il s'essaye alors à la chanson, mais garde l'espoir, ayant été publié dans No News.L'exemple de Bukowski, qui a trimé en usine, ne lui paraît donc pas un obstacle à devenir écrivain.

Bientôt la routine et des divergences dans le couple. David ,comme Richard, le protagoniste de Repose-toi sur moi de Serge Joncour, n'entend pas son épouse. «  Tu n'écoutes rien. » lui reproche-t-elle. «  Parti dans son délire de chanteur », il se voit déjà sur les ondes, «  number one », au top des charts, encouragé par Phil, compositeur, guitariste.
Voilà «  sa vie partie en éclats », divorce inéluctable, auquel s'ajoute un licenciement.
La galère pour ce loser qui cherche à renouer avec Agnès, alors qu'il est fracassé par le départ précipité de Lubna. On suit ses tribulations d'un logement à un autre, d'un bistrot à un «  petit club » et même jusque dans le cimetière où repose sa famille.



Miller ne sera pas la seule planche de salut, conscient de la nécessité de lire beaucoup, il fréquente aussi les mots de Bukowski. le déclic se produit quand on lui offre sa correspondance.Ne serait-ce pas cette célèbre lettre à son éditeur qui aurait convaincu Sébastien Ayreault à tenter, lui aussi, l'aventure à Atlanta, avec comme objectif principal :« une carrière d'écrivain »?


Sébastien Ayreault signe un roman , aux accents autobiographiques probables, relatant l'ambition de son héros à devenir écrivain, les affres de la page blanche et les difficultés rencontrées. Comme le dit Serge Joncour : «  Il n' y a pas de recette, ce n'est pas comme le cake !». L'auteur livre un récit saccadé, ponctué de turbulences, à l'image de la vie chaotique, foutraque du protagoniste, David Serre.
L'écriture, au bout du tunnel, l'écriture, comme catharsis.


(1) A signaler dans le numéro 55, Automne - hiver de Décapage ( Flammarion)
la présence de Sébastien Ayreault dans la rubrique Créations, où il livre des extraits de son «  journal fragmentaire et poétique » intitulé Ainsi va la vie.
Il débute par le poème Petit matin de Thanksgiving : ( première strophe)
«  Les grands arbres frottent
Le ciel bleu
Petit matin de Thanksgiving
oeufs and bacon »


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