AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Luniver


Après l'avoir découvert avec sa transcription des contes peuls, j'ai retrouvé Amadou Bâ au travers cette fois de son autobiographie. Je prends un peu son histoire en cours de route puisqu'il a raconté son enfance dans un autre livre (que je n'ai pas encore lu), mais le voici au début de sa vie d'adulte, nommé au sein de l'administration coloniale française.

Son rôle, et celui de ses autres confrères africains, est assez paradoxal. D'un côté, le système colonial est profondément inégalitaire (« le dernier des Blancs vient toujours avant le premier des Noirs »), et leur rôle paraît à première vue assez proche de celui de l'esclave. Les « blancs-noirs », comme on les appelle alors, jouissent toutefois d'un énorme prestige auprès des populations. Et dans la pratique, les administrateurs français ont bien besoin de s'entourer de personnes capables de débrouiller les intrigues entre différentes familles, prévenir les conflits entre deux ethnies, et éviter les faux pas religieux ou politiques. Finalement, il est difficile de savoir qui détient véritablement le pouvoir.

Si l'auteur ne passe pas sous silence les abus de cette époque (recours à la violence brutale sans raison, harcèlement judiciaire envers un homme pour pouvoir séduire son épouse tranquillement quand il est absent, et autres joyeusetés du même genre), il offre toutefois un tableau plein de nuances : même dans les pires systèmes, on trouve des chefs capables de diriger avec discernement et humanité.

J'ai également apprécié de découvrir les pratiques religieuses de l'Afrique, et notamment l'Islam des marabouts, profondément imprégné des traditions locales, qui est aujourd'hui menacé de disparition par les courants du Golfe arabique.

Cependant, personne ne peut se vanter d'avoir une vie originale du début à la fin, et celle d'Amadou Bâ n'échappe pas à la règle. La lecture devient parfois lassante quand on se perd dans diverses intrigues de palais et de changements de gouverneur qui ont l'air de se répéter sans apporter grand-chose au propos.

Il est toujours intéressant d'avoir un angle de vue différent sur les événements historiques sensibles, et l'auteur nous l'offre sans nous demander de fournir le moindre effort : le dépaysement est au rendez-vous, et l'écriture, proche du conte, vous entraînera dans son univers sans même le remarquer.
Commenter  J’apprécie          221



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}