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Critique de dido600


Salim Bachi s'est glissé dans la peau de l'auteur de "La Peste" pour un voyage au Brésil que l'écrivain a effectué par bâteau en 1949, quatre ans après les massacres du 8 Mai 1945. Lors de cette traversée, le personnage de Camus, souffrant d'une rechute de la tuberculose, se souvient des premières années de la maladie qu'il traîne depuis l'âge de dix-sept ans et de son impact sur sa formation littéraire et philosophique. Construit en vingt chapitres, ce roman de 267 pages, raconté à la première personne du singulier, oscille entre le récit du voyage et les réminiscences de Camus, enfant et lycéen, puis écrivain et journaliste reconnu. Des souvenirs que Salim Bachi fait raisonner avec des thèmes majeurs de l'oeuvre du romancier, philosophe et dramaturge français. Par l'introspection et les retours en arrière, il évoque le sentiment de l'absurde développé par Camus dans "Le mythe de Sisyphe" (1942) ou encore l'attachement à la beauté et civilisation de la Méditerranée dans "Noces" (1939). Ces thèmes sont abordés à travers des récits d'expériences personnelles de Camus, de portraits de membres de sa famille, de rencontres amoureuses et intellectuelles, mais aussi par le souvenir d'auteurs (André Gide, André Malraux, etc.) qui ont marqué le jeune Albert, dès ses années de lycée à Alger. Salim Bachi dépeint un Camus à la fois seul et tourmenté, orphelin marqué par sa condition d'enfant pauvre et par la surdité de sa mère, mais aussi épicurien et jouisseur, multipliant conquêtes féminines et voyages. Avec une langue classique et un style mesuré, proche dans de nombreux passages des phrases lapidaires et profondes de Camus, Salim Bachi réserve également des passages aux personnages déterminants dans la formation intellectuelle du penseur, comme Jean Grenier, son professeur, ou Gustave, l'oncle maternel. Salim Bachi met aussi en lumière les rapports ambigus de Camus aux Algériens et à la réalité coloniale, dans une Algérie sous domination française, et apporte un éclairage sur la position controversée de l'auteur de "L'étranger" sur l'indépendance. Grâce à ce portrait romancé d'un écrivain et philosophe majeur du vingtième siècle, brossé avec une admiration évidente pour l'homme de lettres, mais sans concession aux erreurs politiques de l'intellectuel humaniste et engagé, Salim Bachi convie le lecteur à une réflexion profonde sur les rapports entre vie et création littéraire .
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