AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de de


L'éducation est très possiblement prometteuse

Norman Baillargeon propose des pistes de réflexions sur l'éducation. Il insiste sur la place de la philosophie de l'éducation et fait des propositions pour que celle-ci soit intégrée dans les sciences de l'éducation, dans le cursus des étudiant-e-s.

Beaucoup d'auteurs cités me sont peu familiers, voire inconnus (je m'interroge sur l'absence de femmes et de non-« occidentaux »). Je me contente donc d'indiquer certains points.

Dans une première partie, Norman Baillargeon souligne, entre autres, la différence entre éducation et endoctrinement, la place de la liberté et la créativité comme conditions indispensables de l'université, la différence entre « sciences humaines ou sociales » et « sciences » (en particulier sur le niveau de preuve possible), l'état de cloisonnement disciplinaire et de division, sans oublier que l'enseignement supérieur reste un puissant « instrument de perpétuation des privilèges sociaux ».

Financement des université. L'auteur défend une « perspective normative », l'université publique et la gratuité, l'université comme bien commun.

Il parle de l'éducation supérieure de masse et critique les mutations en cours : « Clientélisme, orientation utilitariste de la recherche, détermination par l'entreprise de ses objets et appropriation privée de ses résultats, minoration de l'importance de l'enseignement (notamment au premier cycle), adoption d'un modèle entrepreneurial de carrière par les professeures-gestionnaires, par ses administrateurs, minoration radicale de la recherche libre, rupture (variable selon les domaines concernés) avec des ambitions de transmission d'une tradition disciplinaire, recul de l'adoption d'une perspective normative sur les enjeux de société au profit d'une perspective d'adaptation fonctionnelle au présent donné comme incontournable, mise en place et déploiement du concept de capital humain et redéfinition de l'éducation comme bien positionnel : ce ne sont là que quelques-uns des aspects les plus visibles de cette mutation, inachevée, aux effets encore imprévisibles, mais sur lesquels nous sommes désormais nombreux à attirer l'attention, en en soulignant la gravité ».
Pour l'université publique, il indique trois conditions : « la multiplicité des relations, la compossibilité (« une infinité de gens peuvent en jouir pleinement et ne s'en départissent pas en le transmettant à autrui ») et la liberté académique ».

Donc valorisation de la recherche libre et fondamentale, sens critique, exigence d'information, etc. Et cela relève de décisions politiques, de choix démocratiques.

Je partage pas sa notion, trop restrictive d'« égalité des chances ». Il s'agit de mettre en place les moyens de l'égalité réelle, quelque soit « les talents », et non « à talent égal » comme l'écrit l'auteur, « la possibilité réelle de développer ses capacités » pour toutes et tous.

J'ai notamment apprécié les développements de l'auteur sur l'autonomie, le sens critique, la résistance à l'endoctrinement, les liens avec la formation du « type de citoyenNE que l'on doit souhaiter former dans une société démocratique ».

Norman Baillargeon aborde la question de la « morale ». Il souligne qu'il ne faut pas confondre « mission de socialisation de l'école » et « éventuellement mission de moralisation ». Il met au centre de son argumentaire, la réflexivité, le refus de l'endoctrinement, la liberté qui rend possible l'éducation, le pluralisme, « le droit des enfants à un avenir ouvert », le savoir politique citoyen…

Dans une seconde partie, Norman Baillargeon parle d'Albert Einstein, des théories de la relativité, du physicien et du rebelle. « le bon sens est l'ensemble des préjugés qu'on a acquis à dix-huit ans » (A. E.)

Il aborde aussi Condorcet et sa lutte contre le mesmérisme, puis Martin Gardner et « le sceptique polymathe ». Des hommages à la pensée critique et à la « rationalité », j'ajouterai non instrumentale.

Je souligne la « Friandise intellectuelle 2 » autour de Jacques Prévert.

La troisième partie est composée de chroniques. de précieuses notes pour refuser des préjugés ; des leçons, souvent ironiques, sur divers sujets, dont « Donner le goût de la lecture », la critique de la « Charte de valeurs québécoises », les intellectuelLEs ou la pédagogie…

Le titre de cette note est inspirée d'une phrase de l'introduction.


Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}