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Critique de Dixie39


J'avais lu Polichinelle à sa sortie, comme beaucoup d'autres jurassiens. J'avoue. Il m'était tombé des mains. Lorsque j'ai vu L'Homme des bois sur la liste d'une LC à laquelle je participe, je me suis dit "oh, non !" Prenant mon courage à deux mains, j'ai fait le choix de commencer par lui, comme pour clore d'emblée tout débat intérieur, toute hésitation, m'en débarrasser en quelque sorte. Et je n'ai pas pu le lâcher !

Pierric Bailly a écrit ce livre suite à la mort accidentelle de son père : Il y a quelques années dans le Jura, le corps d'un homme d'une soixantaine d'années a été retrouvé après quelques jours dans la forêt de Revigny.

"C'est sur les flancs du premier plateau qu'il a dégringolé (...) de cette forêt sombre et pentue au sol meuble, de cette petite falaise, de la source du ruisseau, de la dalle de roche calcaire où son corps était étalé, sur le dos."

Une mort accidentelle qui laisse l'auteur en proie à des questions insolubles : Est-il mort sur le coup ? Que faisait-il avec ses chaussures de ville ? Était-il vraiment parti en quête de champignons ? L'idée du suicide que certains murmurent. Non, ce n'est pas possible... Et pourtant, comment ne pas se laisser envahir par de telles pensées ?

Alors, il fait et refait sans cesse le parcours de son père en forêt, dans les endroits qu'il aimait arpenter, essaie de trouver le lieu exact d'où il a pu tomber..., se remémore sa vie, ses engagements comme ses renoncements, tout en essayant peu à peu de débarrasser sa maison, trier ses affaires (celles à garder, donner ou ne pas toucher...).

Il y a la cérémonie, ce discours à préparer, ce père à honorer et cette mémoire à préserver. Alors les souvenirs des moments partagés refont surface. Ceux de l'enfance, de l'adolescence et ces derniers moments. Deux taiseux, deux hommes qui n'ont pas toujours su se dire qu'ils s'aimaient.

Pierric Bailly nous livre un portrait de son père, fort et sans complaisance : avec tendresse et bienveillance, il met en lumière ses failles, mais aussi ses qualités, ses aspirations et ses rêves inaboutis.

Il y a ce beau moment, très symbolique, où il emprunte un des tunnels de la voie verte, celui le moins fréquenté, en terre battue avec l'eau qui ruisselle des pierres et la lumière blafarde des néons. Il s'adresse à son père des entrailles de la terre, dans la pénombre et le froid, il lui raconte "l'après":

"Je me disais aussi que c'était l'endroit rêvé pour croiser le fantôme de mon père.
Ou simplement lui parler.
Un lieu calme, isolé, irréel, où je pouvais imaginer qu'il m'écoutait."

...jusqu'à la sortie du tunnel où la lumière du jour l'assaille et le rappelle parmi nous.

Cela sonne juste et beau. C'est parfois drôle et souvent bouleversant, car cela touche à un essentiel : peu importe l'âge ou les circonstances, on est toujours un môme lorsque l'on perd ses parents. Un môme qui se raisonne, redresse la tête et se console comme il peut...

"Je m'accrochais à cette idée qu'il était mort dans les bois comme un marin meurt en mer. La forêt qui prend l'homme. Mon père cet aventurier."
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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