« Et si on jouait à noir ? »
Klaas et Kees sont deux frères jumeaux, et très souvent, ils jouent avec leur frère cadet, Gerson, à leur jeu fétiche ; dans le jardin de leur maison, les yeux bandés, ils doivent arriver le plus vite possible à l'objectif déterminé par l'un des trois frères. Reconnaître son environnement, avoir conscience de ce qui nous entoure, telles sont les bases de ce jeu ludique et malheureusement… prémonitoire.
Les deux frères jumeaux sont intimement et profondément liés depuis leur naissance ; un regard, un mot suffisent pour qu'ils se comprennent et immobiles, ils communiquent de manière non verbale, ils possèdent leur propre univers au sein de la famille, au grand dam de leur petit frère qui se sent inévitablement exclu de ce lien indéfectible qu'il ne connaitre jamais. Leur père, Gerard, est un homme bon, il essaie de sauver les apparences depuis le départ de sa femme en Italie avec un autre homme, dont les seules preuves de vie sont les quelques lettres qu'elle envoie chaque année, pour l'anniversaire des enfants. Pour compléter ce tableau, il y a Daan, le petit chien, meilleur ami de Gerson, complice qu'il n'a pas su trouver chez ses frères.
Un jour, alors que les enfants jouent, une question fait débat : « Les fleurs des poiriers sont-elles blanches ou roses ? et celles des pommiers ? ». Alors qu'ils se rendent cahin-caha chez les grands-parents paternels à bord de leur petite voiture couleur morve, Gerard et Gerson à l'avant, Klaas et Kees à l'arrière et Daan au milieu de tous, Gerard emprunte un chemin différent, il fait un petit détour pour passer par la route bordée de poiriers. « Tu avais raison, Gerson » seront les derniers mots qu'il entendra. Sortie de nulle part, une voiture fonce sur la leur.
Le destin bascule, la voiture est pliée, Daan aboie et hurle sur ce chauffard, un tas de ferraille, des ambulances, du bleu, du rouge, du bruit, « aïe », voici le méli-mélo de ces quelques secondes qui changeront à jamais la vie de la petite famille.
« Et si on jouait à noir ? »
Non, car ce n'est plus un jeu. Gerson ne verra plus jamais, plus rien, il fera toujours nuit pour lui. Désemparés, affligés, son père et ses frères, et Daan aussi, doivent l'accompagner, le soutenir dans cette épreuve, mais comment faire, comment ne pas employer les mauvais mots, comment ne pas le blesser, comment ne pas sans cesse le renvoyer à sa vie d'avant, celle où fermer les yeux n'était qu'un jeu de dix minutes ? Il faut appréhender la vie et le monde différemment, ré-apprivoiser son corps, accepter le coup du sort, et ne pas abandonner.
Etre une famille unie, sauver les apparences, vouloir tout faire pour aider, faire les plus grands efforts, convaincre et persuader, réconforter, être rejeté, faire comme si… Est-ce seulement possible ?
«
Parce que les fleurs sont blanches » est un roman bouleversant, une tragédie familiale qui m'a ébranlée, attendrie et bousculée. J'ai ri et j'ai pleuré, mais j'ai aimé, oh oui, j'ai aimé ce roman, ce fragment de vie magnifiquement conté…