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Critique de AMR_La_Pirate


Encore un roman peu connu de ce cher Balzac : La Muse du département

Un titre un peu moqueur, il faut le reconnaître, qui ironise sur les femmes cultivées, celles qui animent des sociétés littéraires ou qui écrivent, qui développent et conservent une réelle indépendance d'esprit, de caractère et de conduite… le personnage principal du livre est d'ailleurs explicitement comparé à George Sand.
Un portrait de femme : depuis son mariage, Dinah de la Baudraye, née Piédefer, est une femme influente dont la réputation est surveillée par la bonne société de Sancerre ; on espère être invité chez elle, en être aimé… On l'envie et on la jalouse... Les hommes l'adorent, les femmes s'en méfient.

Une histoire d'adultère : courtisée de près par de nombreux prétendants, la belle Dinah finira par céder aux avances du journaliste Étienne Lousteau, un homme de lettres médiocre aux allures de gigolo et de pique-assiette dont elle tombera amoureuse et qu'elle rejoindra à Paris, acceptant de vivre maritalement et dans le péché, avec les deux enfants qu'ils auront ensemble.
Depuis Sancerre, son mari, surnommé « le petit la Baudraye », pas dupe mais complaisant et pragmatique, sans doute impuissant, préserve les apparences, le patrimoine et les intérêts de la famille.
Après sa longue liaison avec Lousteau, pour qui elle a écrit les livres dont il prétend être l'auteur et réglé toutes les dettes, Dinah mettra fin à cet intermède parisien et réintègrera, presque comme si de rien n'était, le foyer conjugal à Sancerre.

J'ai adoré ce roman plein d'humour, aux titres de chapitres évocateurs et savoureux.
Le parallèle entre la province et Paris rend la narration assez vivante malgré les inévitables longueurs balzaciennes… Balzac a prévu une double focalisation autour des lieux ce qui lui permet des développements sur la vie intellectuelle de son époque…
De nombreux récits enchâssés, autour des thèmes de l'infidélité et de l'adultère, émaillent la narration de balisages moraux et renvoient à d'autres passages de la Comédie Humaine ; je pense notamment à La Grande Bretêche, à des extraits des Contes bruns. Balzac use et abuse du réemploi, certes en réécrivant si besoin.
Certaines anecdotes sont piquantes ; ainsi, saviez-vous qu'il vaut mieux évitez de porter une robe en organdi si vous envisagez de batifoler dans des lieux improbables car ce tissu se froisse très facilement et durablement et cela trahit les imprudentes…
Le mélange se révèle subtil entre drame domestique et chronique en miroir des milieux littéraires mondains provinciaux et parisiens. Les nombreuses digressions nous en apprennent beaucoup sur les centres d'intérêt de l'époque ; ainsi, Balzac consacre quelques pages aux commentaires sur Adolphe de Benjamin Constant, livre ses propres réflexions sur le métier d'écrivain.
Mais il est surtout question du parcours d'une femme supérieure, intelligente, ambitieuse.

Le dénouement peut surprendre car, finalement, tout finit par rentrer dans l'ordre, Dinah de la Baudraye bénéficiant de nombreux appuis.
La moralité en a pris un coup mais la morale est sauve…Je cite l'une des personnages, s'exprimant à la fin du roman : « je ne me rappelle pas quelque chose de plus beau que les manoeuvres faites pour le sauvetage de l'honneur de madame de la Baudraye ».

Une pépite balzacienne à connaître !

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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