Le Bois de la nuit

Je croyais l'aimer pour elle, et j'ai découvert que je l'aimais pour moi.
-Je sais, dit le docteur, vous étiez assise là toute droite comme une reine, avec un buisson de roses dans le fondement.
Elle le regarda, puis elle sourit :
-Comment pourriez-vous savoir ?
- Je suis une dame qui n'a que faire d'être insultée, dit le docteur. Je sais.
- Oui, dit-elle, vous savez ce qu'aucun de nous ne sait avant sa mort. Vous étiez mort à l'origine.

Tout à coup j'ai compris ce qu'avait été toute ma vie, ce que j'espérais qu'était Robine - le sûr tourment. Nous ne pouvons rien espérer de plus grand, si ce n'est l'espérance. Si je lui demandais en pleurant de ne pas sortir, elle n'en sortait pas moins, plus riche dans son coeur parce que je l'avais touchée ? tandis qu'elle descendait l'escalier.
- Les lions font pousser leur crinière et les renards leurs dents, grâce à ce pain là, intervint le docteur.

Agissez dans votre coeur et prenez garde à qui vous aimez : l'amante qui meurt, si oubliée qu'elle soit, emporte quelque chose de vous dans la tombe.

Vous êtes pleine d'orgueil jusqu'au bord, mais moi je suis un pot vide qui s'en va devant lui, disant mes prières dans un lieu sombre ; parce que je sais que personne n'aime, moi moins que les autres, et que personne ne m'aime ; ce qui fait que la plupart des gens sont si passionnés et si reluisants, c'est qu'ils veulent aimer et être aimés, alors qu'il n'y a qu'un bruit de mensonge dans l'oreille pour faire oublier ce que mijote le temps.

Chaque jour est réfléchi et calculé, mais la nuit, elle, n'est pas préméditée. Il y a d'un côté la Bible, et de l'autre la robe de nuit. "La nuit", gare à cette sombre porte !

Par tempérament, Nora était une chrétienne primitive ; elle croyait en la parole. Il y a dans la souffrance du monde une faille par laquelle l'anomalie choit continuellement et à jamais.

Nanties d'ourlets pesants, les femmes devenant grosses, aplatissant les champs là où elles marchaient, Dieu de tant de poids dans leur esprit, qu'elles pouvaient frapper le monde avec lui en sept jours.

Nul n'a besoin de soigner son mal individuel ; votre maladie universelle, voilà ce dont il faut vous occuper.

Les seuls gens qui sachent vraiment quelque chose en matière de science médicale sont les infirmières, et elles ne le disent jamais, sans quoi elles se feraient moucher.

Les sages disent que le souvenir des choses passées est tout ce que nous avons pour avenir.