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Citations sur Metroland (9)

Je me considère comme un homme heureux. Si je suis un peu prêcheur parfois, c'est en raison d'un modeste sentiment de plénitude, et non par orgueil. Je me demande pourquoi le bonheur est méprisé de nos jours : on le confond dédaigneusement avec le confort ou le consentement de soi, on voit en lui un ennemi du progrès social et même technologique. Les gens refusent souvent d'y croire quand ils en ont des manifestations sous les yeux, ou parlent à son sujet de pure chance, de phénomène purement génétique : quelques gouttes de ceci, une petite dose de cela, deux ou trois synapses reconnectées. Pas un accomplissement.
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Les choses ne changeaient jamais pour vous ; c'était une des premières règles de votre existence. Vous parliez volontiers de ce qu'elles seraient quand elles finiraient par changer : vous imaginiez le mariage, et l'amour huit fois par nuit, et comment vous élèveriez vos enfants d'une manière qui combinerait la souplesse, la tolérance, la créativité et de grandes quantités d'argent ; vous rêviez d'avoir un compte en banque et de fréquenter les boîtes de nuit et de posséder des boutons de col et de manchettes et des mouchoirs marqués de votre monogramme. Mais toute menace sérieuse de changement vous inspirait de l'appréhension et du mécontentement.
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C'est Toni qui le premier avait avancé le concept de Flânerie Constructive. Nous étions en permanence soumis, expliquait-il, soit à un gavage de crâne obligatoire, soit à des divertissements non moins obligatoires. Sa théorie était qu'en flemmardant avec toute l'insouciance requise, sans cesser pour autant d'ouvrir l'oeil, vous pouviez réellement surprendre la vie dans toute sa vérité - vous pouviez récolter tous les apreçus du flâneur. Ce qui nous plaisait aussi, c'était de nous balader les mains dans les poches et de regarder les autres s'activer et se fatiguer. (...) Nous allions à la cathédrale Saint Paul avec nos jumelles, prétendument pour examiner les fresques et les mosaïques du dôme, mais en réalité pour observer les fidèles en prière.
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La vie à seize ans était un prodige de confinement et d'équilibre. D'un côté il y a avait la contrainte de l'école, détestée et aimée à la fois. De l'autre, la contrainte de la vie de famille, détestée et aimée à la fois. Au-delà de ces limites, aussi vagues et merveilleuses que l'Empyrée, commençait la Vie avec une grand V. Il y avait bien certaines choses - les vacances, par exemple - qui semblaient pouvoir vous donner un avant-goût de la vraie vie ; mais elles finissaient toujours par se révéler marques du sceau de la famille.
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Vous appreniez vite les ficelles du voyage. Comment plier un journal de façon à avoir en permanence une page devant soi et non deux. Comment feindre de n'avoir pas vu les femmes auxquelles vous étiez censé céder votre place. Où se tenir dans un wagon bondé pour avoir les meilleures chances de s'asseoir quand il commencerait à se vider. Où se placer dans un train pour en descendre exactement à l'endroit voulu. Comment, dans les gares, utiliser les couloirs marqués "Sortie interdite" en guise de raccourcis. Comment se servir de son ticket mensuel au-delà de sa période de validité.
De telles préoccupations vous maintenaient en forme. Mais il y avait aussi des expériences plus intéressantes à faire.
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Chaque matin, au petit déjeuner, je regardais ma famille et je n'en croyais pas mes yeux. D'abord ils étaient tous encore là - c'était la première surprise. Comment se faisait-il que certains d'entre eux ne se soient pas enfuis pendant la nuit, minés par le vide intolérable dont je pressentais que leur existence était faite ?
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Aucun règlement n'interdit le port de jumelles dans la National Gallery
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Vous aurez compris que nous nous intéressions surtout au français. Nous aimions cette langue parce qu'elle avait des sonorités explosives et précises ; nous aimions cette littérature en raison surtout de son caractère pugnace. Les écrivains français se battaient sans cesse les uns contre les autres ; ils défendaient et purifiaient la langue, bannissaient les mots d'argot, élaboraient des dictionnaires ayant force de loi, se faisaient arrêter, étaient poursuivis pour obscénité, s'affichaient agressivement en tant que Parnassiens, faisaient des pieds et des mains pour entrer à l'Académie, intriguaient pour décrocher des prix littéraires, étaient parfois exilés. La notion de "dur à cuire cultivé" nous séduisait grandement.
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"Certains disent que c'est la vie qui importe, mais je préfère lire" : nous aurions pu reprendre cette phrase à notre compte à l'époque, mais en nous sentant un peu coupables, car nous craignions que notre passion pour l'art ne fût la conséquence du vide de nos existences. Comment ces deux concepts influaient-ils l'un sur l'autre ? Où était le point d'équilibre ? Étaient-ils aussi distincts l'un de l'autre que nous le supposions ? Une vie pouvait-elle être une oeuvre d'art, ou une oeuvre d'art, une forme de vie plus haute ? L'art n'était-il qu'un divertissement chic dans lequel les incroyants avaient injecté une fausse transcendance ?
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