-Une vie avec les livres-
j'ai vécu dans les livres, pour les livres, par et avec les livres; depuis un certain nombre d'années, j'ai la bonne fortune de pouvoir vivre grâce aux livres. Et ce fut à travers les livres que je pris pour la première fois conscience qu'il y avait d'autres mondes au-delà du mien, que je tentai d'imaginer comment ce serait d'être quelqu'un d'autre, que je découvris ce lien profondément intime qui s'établit quand la voix d'un écrivain entre dans la tête d'un lecteur.( p.13)
La lecture est une aptitude majoritaire mais un art minoritaire. Rien toutefois ne peut remplacer la communion précise, complexe, subtile entre auteur absent et lecteur présent, captivé. (p.24)
Je commençais alors à voir dans les livres plus que des objets simplement utilitaires, des sources d'information, d'instruction, de plaisir ou de titillation. D'abord, il y avait l'excitation et le sens de la possession : posséder un certain livre-qu'on avait choisi soi-même-était de se définir. (p.16)
La France de Kipling
Mais Kipling était le plus démocratique des génies anglais, aussi à l'aise avec des paysans qu'avec des généraux, et aussi intéressé par les chambres à air que par les plus hautes formes de l'art. (p. 31)
Une vie avec les livres-
L'atmosphère, pour commencer, y était différente : ici les livres semblaient être estimés à leur juste valeur, et faire partie d'une culture durable. Je préférais probablement à présent les livres d'occasion aux nouveaux. En Amérique, ils disaient plutôt, péjorativement, de "seconde main"; mais cette continuité même d'appartenance faisait partie de leur charme. Un livre dispensait son explication du monde à une personne, puis à une autre, et ainsi de suite d'une génération à la suivante; différentes mains tenaient le même livre et tous ces gens en retiraient parfois la même sagesse, parfois une sagesse différente. (p. 18)
Quand on lit un grand livre, on n'échappe pas à la vie, on y plonge plus profondément. Il peut y avoir une évasion superficielle-dans d'autres contrées, coutumes et moeurs, modes d'expression-, mais ce qu'on fait essentiellement-c'est approfondir sa compréhension des subtilités, paradoxes, joies, peines et vérités de l'existence. (p.25)
La sagesse de Chamfort.
Camus le tenait pour le plus instructif des moralistes, et bien plus grand que La Rochefoucauld. (...)
Comme disent les Goncourt dans leur Journal en 1866, à propos des pensées de Chamfort: "C'est comme la condensation de la science du monde; l'elixir amer de l'expérience " (p. 103-105)
Une vie avec les livres
[Mes parents ] étaient tous deux enseignants, aussi le respect du livre et de son contenu était-il implicite. Nous n'allions pas à l'église, mais nous allions à la bibliothèque. (p. 13)