Jacques Naucelle, homme à femmes, amant de la jeune Nina et de la mère de sa femme, Hélène, accusé du meurtre de cette dernière, se suicide en prison: "L'arrestation du gendre, le fameux Jacky, quelques jours après, avait révélé des aspects encore plus croustillants, liaison secrète, adultère, extorsion de fonds, chantage, donnant lieu aux supputations les plus sordides." (Page 19)...Suicide qui arrange tout le monde, en premier lieu sa belle-famille qui risque de perdre d'importants marchés, grevant ainsi l'avenir de l'entreprise, en coupant court à toutes les rumeurs, puisqu'il signait par là, aux yeux des autorités et du public, la culpabilité du gendre.
Nina, dévastée par le suicide de son amant et du père de ses enfants, s'est réfugiée chez sa tante Joséfa, que nous avons croisée dans
Les Justicières de Saint-Flour puis dans
Les Ruchers de la Colère. Six mois après le drame, la jeune femme éprouve des difficultés à le surmonter et à se construire une nouvelle vie. Bien que ses jumeaux âgés de quatre ans l'occupent pleinement, elle ne parvient pas à tourner la page. Nina reste persuadée que Jacky n'est pas un assassin: "Il ne l'a pas tuée, je le sais, je le sens. Simplement, je ne peux pas rester avec toutes ces questions sans réponse, c'est tout bonnement insupportable. J'ai besoin de comprendre pour accepter. Comment ai-je pu croire un tel menteur? Comment a-t-il pu se fourrer dans un tel pétrin? de quelle manipulation voulait-il parler? Que cache ce meurtre? Quel sens faut-il donner à son suicide?" (Page 21).
Joséfa, ne pouvant rester de glace face à une telle détresse, et afin de répondre à ces questions lancinantes, prend le taureau par les cornes et les fait embaucher par les Vitarelle afin d'en avoir le coeur net. Elle pense qu'une fois dans la place, il lui sera plus facile de mener sa petite enquête. Il lui faudra à peine quelques jours pour se rendre compte que le décès de la matriarche a laissé une situation qui peut bien vite devenir explosive et que chaque membre de la famille pourrait être son assassin: Charles, le mari sans cesse rabroué et rabaissé; Laure, l'épouse dépressive de Jacky, pour se venger de la liaison que sa mère entretenait avec son mari; Sophie, la fille aînée, pour sortir de l'ombre envahissante de sa mère; Hugo, le fils ambitieux bien décidé à prendre les rênes de l'entreprise; Michel, le mari invalide de Sophie, qui ne supportait plus de vivre sous la coupe de sa belle-mère...Un vrai panier de crabes !!
Le +: poser la situation de départ sous forme de dialogue entre Nina et sa tante confère au récit, dès les premières pages, son caractère vivant.
Le +: à travers cette intrigue policière, l'auteur s'attache à dénoncer, montrer du doigt carences et dysfonctionnements sans jamais juger; à charge pour le lecteur de suivre le mouvement...
Grâce à sa plume magique qu'elle tient fermement dans sa main,
Sylvie Baron excelle à montrer les forces en opposition agissant en sous-main: Michel qui veut vendre pour retrouver un semblant d'indépendance; Sophie qui veut le pouvoir pour elle seule; Hugo qui veut briller; Charles qui veut la paix. Chacun des personnages, engoncé dans sa gangue d'égoïsme, ne se préoccupe que de ses choix et désirs personnels, les empêchant, au final, de rebondir au décès de la matriarche et de donner à l'entreprise familiale le second souffle dont elle a tant besoin pour résister à la concurrence internationale, aux fluctuations du marché, à l'inquiétude du personnel...Finalement, ils s'en sortiront grâce à Joséfa et Nina, deux femmes "simples" profondément attachées à des valeurs humaines telle que la loyauté, l'amour, la bienveillance, la générosité. Qui a dit que le pot de fer gagnait la bataille contre le pot de terre?
Article complet ci-dessous
Lien :
https://legereimaginarepereg..