« Je me mords la lèvre jusqu’au sang. Je serre les poings, enfonce les ongles dans mes paumes. J’inspire profondément. Je ne peux pas crier et piquer une colère dans un train en pleine montagne brésilienne, au milieu de tous les touristes qui contemplent tranquillement le paysage. Je ne peux pas m’en prendre à eux en public, malgré Bella qui me supplie de la laisser faire. Je me dépêche de m’éloigner pour éviter d’exploser (…) Il doit bien exister un médicament pour empêcher que ça arrive. C’est Bella qui m’a rendue malade, je crois. Peut-être qu’elle est un symptôme. Ou bien, d’une manière ou d’une autre, qu’elle est une cause. Va-t’en. Va-t’en. Va-t’en. Je ferme les yeux et récite. Il faut que ça s’en aille. L’univers l’univers l’univers. Je m’imagine l’espace. Je suis moins que la fraction d’un point. Je suis minuscule et insignifiante. »
Avec mon T-shirt rouge foncé et mon petit short en jean, je pourrais être n'importe qui. Ce constat m'apaise. Je soupire. C'est vrai, je pourrais être n'importe qui. Je pourrais être n'importe qui. Ce qui veut dire que je peux choisir qui je suis...
Je ne veux pas qu’un truc comme ça me fasse plaisir.
Je ne veux pas être en partie Bella.
Je ne veux pas que ça grandisse en moi comme ça.
Je ne veux pas être le genre de fille qui écrase les oiseaux avec un marteau.
Je ne veux pas être cette fille.
Je pourrais être n'importe qui. Ce qui veut dire que je peux choisir qui je suis...
Je commence à comprendre que la vie n'est un long fleuve tranquille pour personne. Je suis loin d'être la seule avec des démons...
Mon monde est en miettes. Mon monde a toujours été en miettes. Le rideau tombe et ma vraie vie m'apparaît, complètement différente...
Je sais que mes parents me regardent et j'ai envie de tout leur dire. Mais je ne peux pas, parce que leur raconter que je suis possédée par un démon est impossible...
Je ne sais pas ce qui est moi et ce qui est elle...