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Lounès débarque en France avec toute sa petite famille après la guerre d'Algérie. Grâce à un ouvrier, le papa de Gianni, il trouve du boulot au chantier naval de Saint Nazaire. le sale boulot, mais peu importe. Les deux familles ne se sont plus quittées depuis lors, les deux garçons Gianni et Nouredine ont grandi ensemble dans la banlieue nazairienne. Devenus inséparables. Une fois adultes, à l'instar de leurs parents, ils travaillent sur les chantiers. Mais, la situation est bien différente, la crise économique est là et les menaces de fermeture font rage. Tandis que Gianni se syndicalise très vite, Nouredine, lui, se radicalise. En colère et révolté, il ne supporte plus les blagues racistes et est plus que jamais décidé à ne pas se laisser faire. Mais, surtout, il enrage contre son père, Lounès, qu'il soupçonne d'avoir fui le pays au moment où la guerre éclatait...

Gianni, le fils d'immigré italien, et Nouredine, le kabyle. Deux gamins que tout oppose et pourtant, ils resteront plus que jamais soudés, quels que soient les événements tragiques qui balaieront leurs vies. Unis dans l'adversité dès lors qu'il s'agit de défendre leurs droits et surtout leur travail. Dans cette chronique sociale, Baru démontre à quel point les secrets et les silences peuvent se répercuter sur la famille, notamment en la personne de Nouredine qui a dénigré la lâcheté de son père alors que l'Algérie avait besoin de lui. Dès lors, il ne vivra qu'à travers lui et ne voudra surtout pas faire comme lui et ramper devant les français. Gianni et Nouredine sont deux personnages au fort caractère, ancrés dans leur passé. Pierre Place, au dessin, nous offre de belles planches "industrielles" et est aussi à l'aise au milieu des combats, sous la chaleur, que dans les chantiers navals.

Le silence de Lounès fait écho..
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Saint-Nazaire aujourd‘hui. Les chantiers navals. La contestation sociale qui explose. Les ouvriers face aux CRS. Nouredine le kabyle et Gianni le fils d'immigrés italiens jouent les leaders syndicaux. Ces deux-là sont les meilleurs amis du monde. Ils ont grandi ensemble dans cette ville qu'ils connaissent comme leur poche. Gianni a même épousé Samia, la soeur de Nouredine.

Algérie, 1957. La sale guerre. Lounès, le père de Nouredine, est resté planqué pendant le conflit. Son fils devenu adulte ne lui pardonnera jamais sa lâcheté : « Putain, Gianni, tu te rends pas compte que ton père, lui, il a aidé le F.L.N., et le mien il a rien fait. Tout son pays se battait, et lui, il a pas remué le petit doigt. […] On leur a foutu une branlée, on les a mis dehors, et lui, la seule chose qu'il se dépêche de faire, c'est de venir ici continuer à faire l'esclave, et nous à vivre à plat ventre. »

Un récit à double entrée, bourré de flashbacks, qui demande beaucoup d'attention pour ne pas perdre le fil. On navigue constamment entre Saint-Nazaire et l'Algérie des années 50, on suit sans temps mort les protagonistes de l'enfance à l'âge adulte et tout s'enchaîne avec une fluidité qu'il n'est pas évident de déceler à la première lecture. Une narration exigeante mais qui vaut la peine d'être décortiquée avec soin parce qu'au final le scénario de Baru tient sacrément la route.

Pour ce qui est du dessin, je ne connaissais pas du tout Pierre Place mais je trouve son travail bluffant. Aussi à l'aise pour croquer un bistrot ou les grues des chantiers navals que pour ressusciter la lumière de l'Algérie en guerre, il propose de grandes cases où tout est réalisé en couleurs directes, c'est magnifique.

Un album sur la filiation, la transmission, les non-dits et les silences. Un album plein de fureur, de colère et de rage qui met en scène le monde ouvrier et les immigrés sans illusions. Il est ici question de guerres perdues et d'espoirs déçus, d'une forme de reproduction générationnelle de l'échec. C'est beau et tragique, c'est triste et pessimiste, ça remue. Une atmosphère rugueuse, un propos engagé, comme d'habitude avec Baru. Et comme d'habitude, ça me parle et ça me plait.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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• 1957 : la guerre fait rage en Algérie.
• 1962, indépendance algérienne : le petit Nouredine arrive en France avec sa soeur et leurs parents d'origine kabyle. le père de Gianni - fils d'émigrés italiens - propose au père de Nouredine de se faire embaucher comme lui aux chantiers navals de Saint-Nazaire.
Nouredine et Gianni, qui ont le même âge, deviennent inséparables.
• 2002 : ces petits ont grandi, ils travaillent aux Chantiers nazairiens, comme leurs pères. L'heure est aux délocalisations, donc à la révolte et aux manifestations ouvrières musclées.

Ces trois cadres alternent dans cet album, de manière souvent confuse pour le lecteur : pas de contraste de couleur, pas de rappel de date pour se situer dans le temps et l'espace. Ce manque de repères nuit à la compréhension du récit, d'autant que les protagonistes se ressemblent beaucoup d'une génération à l'autre.

Mais peu importe (oui, pas grave si j'ai dû lire la BD trois fois - chut !).
Les contextes socio-historiques sont intéressants et subtilement décrits, de même que les sujets évoqués : l'immigration, la guerre, l'amitié, la famille et les non-dits, la révolte sociale, l'extrémisme religieux comme recours en pleine crise identitaire. Et surtout la colère d'un fils contre son père - ou plutôt contre lui-même, contre sa propre inertie ?

Un message important, en tout cas : "Le passé de tes parents, tu ne jugeras point". Car autres temps, autres moeurs. Et parce que tout ne peut pas être formulé, même entre membres d'une même famille...
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Baru nous propose une nouvelle chronique sociale assez marquée dont les thèmes sont le dernier combat des ouvriers de chantiers navals ainsi que l'intégration des immigrés ayant quitté précipitamment l'Algérie après la guerre.

On suit notamment le destin de Gianni et Nouredine depuis leur enfance. Cela manquera parfois de cohérence avec de nombreux flash-back qui nous feront perdre le fil du récit. J'ai eu du mal à identifier certains personnages. du coup, j'avoue avoir eu un problème de compréhension de cette histoire aux multiples ramifications familiales autour d'un silence et d'un secret bien gardé.

Le final sera assez marquant sur fond de colère. La sensibilité sociale de l'auteur ne plaira pas à tout le monde. Cependant, ces thèmes appellent à la réflexion pour construire un monde meilleur.
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La violence engendre la violence, quel que soit le conflit. Et combien de générations sont-elles nécessaires à l'oubli, à l'amnistie et au pardon ? Si tout le monde campe sur ses positions radicales, rien ne pourra changer. Mais comme le monde n'es pas peuplé d'êtres justes, infaillibles et forts, certaines rancoeurs ne disparaissent pas, elles ne font que se déplacer. Cette bande dessinée est donc une chronique sociale, évoquant aussi bien la guerre d'Algérie vécue par les Kabyles que les grèves de Saint-Nazaire. Mais elle se fait sensible, présente les faits sans aucun jugement manichéen : l'ennemi de l'homme, ce n'est qu'un autre homme. Et la situation du guerrier comme du syndicaliste est bien plus complexe, plus difficile qu'il n'y paraît. La grande qualité de ce récit est sa vraisemblance, bien enracinée dans l'histoire proche de la France.
Mais il faut bien, à un moment ou l'autre, briser la chaîne incessante des actes violents ou cruels. Il faut mettre un terme à tout cela mais cela ne peut se faire sans dommage collatéral.
Le graphisme de Pierre Place n'est pas pleinement naturaliste mais il donne forme à la perfection à ces histoires du monde ouvrier, des petites gens, de ceux qui ne sont rien. Certaines planches muettes sont souvent très éloquentes par leur cadrage, leur rythme. La structure du récit, avec ses nombreux flash-backs, m'a par contre un peu gêné à la première lecture. Peut-être est-ce dû à un non-chapitrage ? Donc il m'a fallu une seconde lecture pour confirmer ce que j'avais d'abord pressenti et ainsi m'attacher un peu plus à des personnages forts et complexes, trop rares dans le monde de la bande dessinée.
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Lounes, immigré Algérien, débarque en France avec sa famille après la guerre qui a ravagé son pays.
Tout comme lui, son fils Noureddine (devenu adulte), travaille sur les chantiers de St Nazaire.
La situation économique va mal, la fermeture est proche.

Face à cette menacé, Gianni et Noureddine, les deux amis d'enfance, vont prendre des voies différentes, mais se serreront les coudes quoiqu'il advienne.

Chronique sociale sur fond de secrets de famille et de non-dits.

Noureddine mettra un point d'honneur à ne pas suivre les traces de son père qu'il présume lâche, déserteur au moment où la guerre battait son plein dans son pays d'origine.

Lui, il veut se battre face aux injustices qui se jouent sur les chantiers et s'engage sur un terrain hasardeux.

Fable sociale qui dépeint la rudesse du monde ouvrier face au prolétariat, la difficulté d'être immigré et les préjugés qui vont avec.

Une BD dure mais poignante de vérité qui retrace une partie de l'histoire qu'on nous enseigne sommairement à l'école.
Ce n'est qu'en écoutant les témoignages qu'on se rend compte de la dure réalité des choses.
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Un récit complexe mais à la mise en scène impeccable. Une histoire personnelle qui rejoint la grande histoire : les relations tumultueuses entre la France et l'Algérie.
C'est une histoire d'amitié entre Nouredine le kabyle et Gianni, l'immigré italien. Tous les deux travaillent sur les docks à Saint-Nazaire. Nouredine est confronté au racisme ordinaire de son chef. Mais rapidement les difficultés économiques des chantiers navals les projettent dans la lutte sociale. La radicalité de l'engagement de Nouredine le conduit en prison assortie d'une peine d'exclusion du territoire.
Une chance ou une catastrophe pour celui qui a reproché toute sa vie à son père d'avoir fuit son pays pour venir végéter en France. Arrivé en France alors qu'il n'avait que quelques années, sa famille a été accueillie et aidée par le père de Gianni. Les deux enfants ayant grandi ensemble. Gianni épousera la soeur de Nouredine. Mais aucun d'entre eu ne connaît le secret du père, résistant kabyle lors de la guerre d'indépendance.
Ce sont d'habile flash-back, des allers-retours entre l'Algérie et la France qui rythment le récit. le dessin de Pierre Place est très proche de l'univers de Baru. Ce dernier avec cette histoire rend un vibrant hommage aux combattants kabyles et décrit habilement la complexité de ce conflit. Complexité qui a encore des répercussions pour la compréhension de l'Algérie contemporaine… et de la société française dans toute sa diversité. Et c'est la découverte de cette complexité qui peut nous éloigner des jugements à l'emporte pièce et du piège xénophobe. Une bande dessinée qui une fois de plus est une arme contre l'ignorance et la tentation extrémiste…
Lien : http://legenepietlargousier...
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Scénarisé par Baru, l'histoire de deux amis fils d'émigrés à Saint-Nazaire, Nouredine l'algérien et Gianni l'Italien.On imagine bien que l'auteur dresse de nouveau un tableau du monde ouvrier. Cette fois il s'attache au passé du père de Lounès, le père de Nouredine, qui a caché à ses enfants ses activités de jeune adulte. J'ai beaucoup apprécié le dessin de Pierre Place, artiste que je découvre et qui devrait faire parler de lui. Je regrette une fin que je trouve mal amenée et peu digeste.
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Le thème de l'amitié, la cohésion syndicale, le racisme ordinaire, jamais anodin, la difficile intégration des immigrés, celle des kabyles qui ne sont chez eux nulle part après la guerre, la radicalisation qui s'ensuit parfois, le chômage et la crise qui menace, l'incompréhension entre générations, les regrets... Intense et poignant.
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Deux amis sont ouvriers dans un chantier naval. Depuis leur enfance, ils sont engagés dans les luttes sociales et politiques. Gianni est syndicaliste, il a épousé la soeur de Nourreddine qui est d'origine Kabyle. Nour est toujours en colère et on découvre que cela tient en partie à sa relation avec Lounès dont il ignore l'engagement actif lors de la guerre d'Algérie. Cet album apporte un éclairage sur le sort peu enviable des kabyles au sortir de la guerre d'Algérie et sur les difficultés de trouver une place dans la société Française. le graphisme de Pierre Place est réaliste, le travail de l'aquarelle rappelle Ferrandez. C'est un bel album
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