AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de lafilledepassage


Années 80, montagnes San Juan, dans les Rocheuses, entre Houston et Kalispell, Colorado. Rick Bass (qui m'avait laissé un excellent souvenir avec « le journal des cinq saisons » ) rejoint d'autres amoureux (dont Doug Peacock, le héros du « Gang de la clef à molette ») du grand air pour une traque aux derniers grizzlys dans ces montagnes. Une décennie a en effet suffi à exterminer cet animal, mais nos hommes gardent l'espoir de retrouver qui des déjections (eh oui), qui une touffe de poils, ou joie ultime d'en croiser la route.

L'ours est un animal fascinant capable de faire du vélo dans un cirque ou de s'habiller tout seul, mais aussi capable d'apprendre des tas d'autres choses. Il était considéré comme un dieu par les Indiens (eux aussi exterminées, par ailleurs). Et il a partout frappé les imaginaires des hommes.

C'est une plongée en plein monde sauvage, loin des « jeunes gens à l'université qui prétendent vouloir étudier la nature, écrire sur elle et même la protéger alors qu'ils sont tout juste bons à organiser des soirées et à faire du deltaplane », qui nous interroge sur la place (infime) laissée au monde sauvage sur notre petite planète malade.

Bass nous parle de l'urgence car « si l'ours, le loup, ou n'importe quel glouton passent la barre de l'extinction, alors eux [les hommes] aussi en feront rapidement autant parce qu'ils sont au sommet de la chaîne alimentaire. Parfois j'ai le sentiment qu'un seul terrain de golf supplémentaire suffira à nous condamner». Les San Juan ont besoin de plus d'espaces sauvages, mais « tracer de nouvelles frontières n'apportera qu'une réponse partielle – rien de plus qu'une façon de gagner du temps, de retarder l'inéluctable disparition. Pour que la nature sauvage puisse survivre, pour qu'elle revienne, il faut que revienne d'abord le respect ».

Il nous parle aussi du besoin vital des humains à garder des endroits sauvages intacts et proches, des endroits que l'on pourrait retrouver, par la pensée ou non, sans être obligé d'aller dans l'Himalaya ou au Congo. Des endroits qui nous rappellent notre lien avec la nature, notre fragilité, notre animalité et notre vanité, aussi.

Bon je ne vous dirai pas si Bass a finalement croisé ou non un grizzly, car finalement on s'en fiche un peu … Ce qui compte c'est de sillonner à ses côtés, de faire les mêmes gestes simples loin d'un monde parvenu à une complexité frénétique et délétère. Et de retrouver calme et apaisement.
Commenter  J’apprécie          371



Ont apprécié cette critique (36)voir plus




{* *}