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Reste-t-il des grizzlis dans les montagnes San Juan au Colorado ?

Si oui, il faut arriver à persuader les agences gouvernementales de les laisser tranquilles, de ne pas les surveiller par hélicoptère, de ne pas leur poser de colliers émetteurs et encore moins de leur faire la chasse, car ils ne sont ni perdus ni désorientés. Tel est le but de Doug Peacock, spécialiste reconnu des grizzlis, qui « intrigué par la persistance de rumeurs selon lesquelles il y aurait encore des grizzlis au Colorado », veut en avoir le coeur net. L'espèce n'est plus menacée ni aux Etats-Unis, ni au Canada, même si la folie meurtrière des hommes a poussé les ursidés à fuir plus loin et plus haut.

Pour ceux qui s'intéressent aux grands espaces de l'Ouest des Etats-Unis, Doug Peacock n'est pas un inconnu. C'était le meilleur ami d'Edward Abbey, cet autre défenseur acharné de la nature. Leurs livres sont autant de témoignages et d'expériences qui font autorité auprès des Américains.

Rick Bass, biologiste et géologue de la génération suivante, marche sur leurs traces. Il relate ici dans le détail les trois équipées qu'il a faites en 1990, 91 et 92 à travers les San Juan pour trouver des preuves de l'existence des grizzlis. La première est emmenée par Doug Peacock, ancien vétéran du Vietnam et féroce défenseur de l'environnement. Son langage fleuri et ses marches forcées donnent parfois du fil à retordre à ses compagnons mais leur désir à tous de trouver des preuves tangibles les soude comme les cinq doigts de la main.

Une trace dans la boue ravive l'espoir, des marques de griffes sur l'écorce d'un tremble font monter la tension, des déjections caractéristiques échauffent les esprits, des poils de mue accroissent l'enthousiasme. La marche devient une quête quasi mystique, la quête une obsession. Une obsession comme la certitude d'une présence, de ce quelque chose de précieux qui a été perdu, qu'il faut retrouver, ce quelque chose qui les dépasse. La bête est là, ils en sont convaincus. L'idée qu'il pourrait y avoir un ours derrière une crête est aussi importante que de voir réellement la bosse du dos, les longues griffes et l'ours lui-même.

Les territoires sauvages réservent toujours des surprises, même à des hommes aguerris, et quand ils se retrouvent quasi nez à nez avec des centaines de cerfs, ils s'inquiètent du manque de prédateurs nécessaires au maintien de l'équilibre biologique. Quand ils découvrent des squelettes de martres dépecées pendus aux branches, des restes de campement déchiquetés, des déchets non dégradables abandonnés depuis des années, leurs cris de colère déchirent le silence.

Les deux autres randonnées, plus pédagogiques, se révèlent aussi plus fructueuses en indices, plus foisonnantes en rencontres, plus profondes dans les questionnements et les réflexions.

Il y a aussi les bivouacs où la bouteille de whisky circule, où la transmission des connaissances scientifiques nécessaires à la sauvegarde de cet environnement exceptionnel est faite auprès de jeunes recrues et où l'ombre d'Edward Abbey est omniprésente. Comme celle du grizzli.

Grand merci à Blandine5674 de m'avoir soufflé de lire Rick Bass, ce fut un souffle palpitant.
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Automne 1990, avant l'hivernage des ours et l'ouverture de la chasse, Rick Bass quitte son Montana et fait route vers le Sud. Il a suffi d'un appel de son ami Doug Peacock pour que s'insinue dans ses pensées l'infime espoir que des grizzlys vivent encore dans les montagnes des San Juan, au sud du Colorado.
Officiellement, ils ont disparu de cette région. Avec un autre compère qui a repéré des traces de griffes sur un arbre, ils veulent y croire, passer au-dessus de ces suppositions pessimistes et aller voir par eux-mêmes. Cette première exploration ne se déroulera que sur quelques jours, une reconnaissance en somme plus qu'une volonté de prouver par des indices tangibles la présence de grizzlys dans cet état.

Avant le départ, l'observation des cartes est nécessaire pour viser les endroits sur lesquels se sont attachées quelques rumeurs de la probable présence de grizzlys ces dernières années. Quelques indices, de loin en loin, ont été observés par des randonneurs attentifs. Il faut aussi prendre en compte l'intelligence animale qui a bien sûr modifié les habitudes des ours pour ne plus croiser la route de l'homme, ce prédateur exterminateur.

Alors que les trembles ont revêtu leurs couleurs d'or, nos trois hommes se mettent en route vers le pays des grizzlys. Il faut s'acclimater à l'altitude, ce mal de la montagne avec l'air qui se raréfie, et, les sacs lourdement chargés, se dépouiller progressivement de la civilisation et se fondre dans les bois, le plus discrètement possible. Ils n'ont toutefois pas oublié les bières et le whisky pour ne pas rompre trop brutalement avec notre monde !

Et ce récit, dans lequel trois expéditions se succèderont dans les San Juan, bien loin de l'assourdissant tintamarre des villes, nous souffle l'air encore sauvage de ces montagnes.
C'est jouer furtivement au détective, traquer l'indice, des griffures sur un arbre, une trace au sol, un reste de fourrure d'été accrochée à l'écorce d'un sapin, fouiller du regard ces bois pour peut-être apercevoir une silhouette brune. Et surtout rechercher et ramasser des excréments, grands révélateurs de l'espèce avec les poils qui s'y trouvent quelquefois.
C'est entendre les doux remous de la rivière, les vents hurlants du canyon, le brame des cerfs qui cavalent en pagaille depuis que ses prédateurs naturels ont quitté les lieux suite à l'intervention humaine.
C'est savourer des piments farcis au fromage belge et grillés sur le feu de camp, écouter les aventures des uns et des autres chuchotées à la lueur des flammes, se délecter de chanterelles dénichées par l'oeil exercé et connaisseur de Doug.
C'est aussi jurer contre le saccage des prairies par le bétail, constater et comprendre l'érosion des sols, piquer une grosse colère devant des morceaux de plastique, des canettes rouillées, le tas d'ordures d'un camp de chasse abandonné par l'homme qui est passé par là et a bien entendu marqué son territoire à sa manière civilisée.


Ceux que j'ai accompagnés, admirative et émerveillée par ce récit, sont animés par une certitude, celle de rejeter toute capture ou pose de colliers émetteurs. Pas De politique interventionniste mais juste savoir que cette espèce d'ursidés persiste dans ces lieux et qu'il faut donc préserver leur territoire sauvage, conserver l'espace de calme nécessaire à leur vie, tout simplement. Discrétion et respect, un devoir envers la nature. Doug Peacock en est un fervent défenseur et on apprend ici à le connaître avec ses sautes d'humeur qui le font osciller entre nervosité et bonheur extatique face aux paysages sublimes.
L'auteur ne s'est pas uniquement contenté de relater les journées de bivouac, il nous fait part de ses interrogations sur la motivation, sur le fond de cette recherche. « Sommes-nous ici pour les ours ou pour nous-mêmes ? Pour les deux, et la façon dont les deux quêtes se mêlent est bien agréable. »
Dans cet écrit, il donne la dimension réconfortante que peuvent procurer ces montagnes boisées et nous pousse à voir ce que l'on a perdu en ne respectant pas cette vie sauvage. Comment pouvons-nous continuer à affirmer que nos lendemains seront meilleurs ?
Il mène aussi ses réflexions sur la manière dont certains organismes officiels gèrent la préservation des zones sauvages sans réelles valeurs éthiques, sans véritable respect pour les animaux protégés puisqu'ils interviennent dans leurs vies. Ce livre fait partie des nombreuses alertes et accusations contre le comportement de l'homme qui, même sous couvert de préservation de certaines espèces, devient inévitablement intrusif. Son obsession du contrôle le pousse à capturer puis baguer les animaux alors qu'ils ont juste besoin qu'on leur fiche la paix.

Belle, discrète, courageuse, intelligente, cette recherche de la présence de grizzlys que les amérindiens nommaient « frères des hommes » nous envoie malgré tout un message d'espoir et de réconfort puisés sur ces crêtes forestières du Colorado.
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Années 80, montagnes San Juan, dans les Rocheuses, entre Houston et Kalispell, Colorado. Rick Bass (qui m'avait laissé un excellent souvenir avec « le journal des cinq saisons » ) rejoint d'autres amoureux (dont Doug Peacock, le héros du « Gang de la clef à molette ») du grand air pour une traque aux derniers grizzlys dans ces montagnes. Une décennie a en effet suffi à exterminer cet animal, mais nos hommes gardent l'espoir de retrouver qui des déjections (eh oui), qui une touffe de poils, ou joie ultime d'en croiser la route.

L'ours est un animal fascinant capable de faire du vélo dans un cirque ou de s'habiller tout seul, mais aussi capable d'apprendre des tas d'autres choses. Il était considéré comme un dieu par les Indiens (eux aussi exterminées, par ailleurs). Et il a partout frappé les imaginaires des hommes.

C'est une plongée en plein monde sauvage, loin des « jeunes gens à l'université qui prétendent vouloir étudier la nature, écrire sur elle et même la protéger alors qu'ils sont tout juste bons à organiser des soirées et à faire du deltaplane », qui nous interroge sur la place (infime) laissée au monde sauvage sur notre petite planète malade.

Bass nous parle de l'urgence car « si l'ours, le loup, ou n'importe quel glouton passent la barre de l'extinction, alors eux [les hommes] aussi en feront rapidement autant parce qu'ils sont au sommet de la chaîne alimentaire. Parfois j'ai le sentiment qu'un seul terrain de golf supplémentaire suffira à nous condamner». Les San Juan ont besoin de plus d'espaces sauvages, mais « tracer de nouvelles frontières n'apportera qu'une réponse partielle – rien de plus qu'une façon de gagner du temps, de retarder l'inéluctable disparition. Pour que la nature sauvage puisse survivre, pour qu'elle revienne, il faut que revienne d'abord le respect ».

Il nous parle aussi du besoin vital des humains à garder des endroits sauvages intacts et proches, des endroits que l'on pourrait retrouver, par la pensée ou non, sans être obligé d'aller dans l'Himalaya ou au Congo. Des endroits qui nous rappellent notre lien avec la nature, notre fragilité, notre animalité et notre vanité, aussi.

Bon je ne vous dirai pas si Bass a finalement croisé ou non un grizzly, car finalement on s'en fiche un peu … Ce qui compte c'est de sillonner à ses côtés, de faire les mêmes gestes simples loin d'un monde parvenu à une complexité frénétique et délétère. Et de retrouver calme et apaisement.
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Rick Bass est un magicien, magicien des mots, magicien dans la relation de ses tribulations dans les montagnes, en compagnie d'amis, de scientifiques, tout aussi passionnés que lui. Passionné : c'est là le maître-mot, celui qui fait le lien entre leur quête de traces de grizzlys dans les San Juan et nous... car quoi d'autre que la passion pour nous tenir en haleine en nous relatant leurs espoirs, déçus, l'impalpable certitude de la présence de grizzlys malgré l'absence de traces, page après page, nous marchons avec Bass, campons dans les bois, embourbons nos voitures, voyons des hardes de chevreuils nous dévaler dessus, et... finalement... bingo, entassons des crottes de grizzlys dans nos sacs à dos.
Ne vous privez pas du plaisir de cette lecture, c'est un grand et beau voyage qui vous attend!
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Quand on conseille un livre de Rick Bass, c'est souvent The Book of Yaak ou The Lost Grizzlies. On se pose la question, compte tenu du nombre d'écrits de Bass, de l'ordre de lecture. J'ai commencé par deux fictions puis poursuivi par The Book of Yaak, puis décidé de tenter une lecture plus ou moins chronologique. Je ne sais pas si finalement c'est bien nécessaire...
Lire Bass, pour moi, c'est une question d'humeur et d'attentes. J'ai de loin préféré Winter & the Book of Yaak à The Lost Grizzlies. Attention, les grizzlis sont tout aussi agréables. Mais je préfère Bass sur son propre terrain. Même Oil Notes m'a été plus agréable dans un sens. Je dirais entrez dans Bass par Winter, découvrez sa vallée avec lui, puis installez-vous avec The Book of Yaak.
Sur son terrain, Bass sait parler de magie et de mystère plus poétiquement, avec un oeil presque naïf et émerveillé qui contre-balance sa conscience du constat terrifiant de la nature écrasée par anthropocentrisme, l'existence du tout au service de l'homme...
Loin d'être absents de ce tome, magie et mystère viennent s'y tisser progressivement pour apparaître plus clairement dans la troisième et dernière partie.
J'ai pu lire quelques critiques de lecteurs mécontents ou déçus indiquant leur ennui face aux facéties des principaux protagonistes des deux premières parties. Je peux le comprendre.
Pas du tout cet effet pour moi. Là aussi, Bass se montre fantastique.
Dans ma découverte de ce genre qui à chaque nouveau livre me semble plus riche, je construit petit à petit ma liste de livre et d'auteurs à découvrir ou approfondir. Bass sait citer un auteur ou un autre, ajoutant à ma curiosité, et ma liste.
Dans The Lost Grizzlies, il fait mieux: Doug Peacock. Découverte d'un personnage, de l'alter-ego du grizzli. Peacock qui donne envie de le découvrir, sa vie, son oeuvre, son amitié avec Edward Abbey. À travers la première partie surtout, on se joint à l'équipée sauvage et rocambolesque de trois hommes dans les San Juan Mountains du Colorado, à la recherche des mythiques grizzlis. On sent bien la fascination et l'admiration de Bass pour Peacock, à travers quelques jours décrits comme une équipée de scouts maladroits et soûls du manque d'oxygénation en grande altitude. La deuxième partie est un peu moins drôle mais annonce la troisième, où la magie prend une place plus importante.

"Et les grizzlis?!" criez-vous tous. Ah, les grizzlis. Bass oscille entre doute et rêve, on voit encore une fois la dualité de sa réflexion (comme cette histoire de plein de bois pour l'hiver dans Winter), sa certitude que la magie de la montagne existe bel et bien et à travers elle, les insaisissables grizzlis, au coeur du mystère, et son esprit plus scientifique qui lui refuse presque de croire entièrement à ce qu'il entrevoit.

Bass revient toujours à son idée d'interconnexion, partant du haut de la pyramide, du prédateur qui régule les écosystèmes et leur permet de fonctionner et perdurer dans leur ensemble. Et le pas suivant qui fait trembler, celui que l'esprit moderne rationnel (à quel point?) écarte d'un revers trop rapide de la main, la disparition des grands prédateurs annonce celle de l'homme, lui-même grand prédateur. Et on apprécie sa réflexion sur le changement des mentalités, l'importance non pas de trouver une ligne complètement nouvelle mais de ne rien oublier, de reconstruire sur le savoir qui est déjà là, sur l'interconnexion, cette fois de l'homme et son environnement naturel, pas de décontextualisation, réciprocité.

En gros, j'ai lu avec un plaisir non moindre ce tome de Bass, mais différent. Et au lieu de reprendre illico ma lecture gourmande de Bass, je vais me tourner vers Peacock, ou pourquoi pas Barry Lopez? Non, Abbey. Non! Ehrlich... Aaaah, tant à lire!
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Récit d'hommes de la nature qui veulent prouver qu'il existe encore des grizzlys dans le Colorado. le noyau principal est composé de l'auteur, Doug Peacock et Dennis Sizemone. Ces passionnés marcheront des jours à la recherche de poils, crottes, traces. Enfin tout ce qui pourrait apporter la preuve de la présence des Grizzlys et seront sensibles (le lecteur aussi) à la faune et la flore qu'ils croiseront. Mais il y a surtout, en toile de fond, le grand Edward Abbey, dont on ressent fortement la présence. Peacock qui a inspiré Abbey pour son héros dans ‘Le gang de la clé à molette'. Je reste au USA et avec Peacock en poursuivant sur son livre ‘Une guerre dans la tête'. Je pense qu'il va être amusant de découvrir ce que rédige un écrivain qui a été, par deux fois, le héros de romans. Comme il écrit dans ‘Une guerre dans la tête' : La seule chose pire que de lire ses propres écrits est de devenir le personnage de fiction d'un autre.
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" Un des écrivains les plus sensibles et intelligents de ce pays "
. Signé : The New York Times Book Review .

Et, ce livre , une fois de plus en est la preuve.

Rick Bass nous conte cette fois ses expéditions dans les San Juan Mountains (Colorado ).
Avec d'autres naturalistes et biologistes, il a pour mission de faire la preuve de l'existence de grizzlys dans cette région et ce dans le but d'obtenir leur protection. Chasse, braconnage, omniprésence humaine, écosystème martyrisé ont d'abord contribué à réduire leur territoire. Leur nombre n'a fait que diminuer jusqu'à faire craindre leur totale disparition.

Mais, l'ami Doug veille ! Quelle joie de le retrouver dans l'une des expéditions !
Peacock is back ! égal à lui même...
Et Bass ne se fait pas prier pour en parler! sous prétexte de le présenter à ceux qui ne le connaissent pas encore !
Bien sûr, manque le mentor, Abbey, mais qui voit Peacock voit Abbey, et Bass nous certifie que l'âme d'Abbey les accompagne ! Poignant...

Encore une fois, Rick Bass parvient à rendre son récit vivant en faisant alterner péripéties, anecdotes drôles , infos sérieuses et éléments biographiques.
Pour savoir s'il y a des grizzlys, il faut les suivre !
Mais, pour découvrir Bass peut-être vaut-il mieux commencer par "Le livre de Yaak " et pour apprivoiser Peacock, on a le choix :"Mes années grizzlys ", "Une guerre dans la tête " (de Doug Peacock ) et " le gang de le clef à molette " ( de Edward Abbey )...
Encore un livre que je quitte à regret...
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Reste-t-il des grizzlys dans les San Juan ?

Pour les autorités américaines, et plus particulièrement pour le Service de la Pêche et de la Faune, chargé du programme de protection des espèces, le fameux Ursus horribilis n'a pas donné signe de vie depuis le siècle dernier.
Cependant un récent témoignage vient mettre le doute dans les esprits. Il n'en faut pas plus pour que Doug Peacock et Dennis Sizemore, tout deux spécialistes du grizzly, et leurs amis partent à sa recherche.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je ne suis pas super réceptive à l'écriture de Rick Bass, qui ne m'avait pas séduite dans d'autres de ses livres. J'ai persévéré pour celui-ci car j'avais beaucoup apprécié les écrits de Doug Peacock et son engagement en faveur des grizzlys. Cette randonnée en sa compagnie me tentait bien.
Et c'est vrai que Rick Bass décrit avec minutie la nature environnante et son envie de la préserver est très bien traduite. Il y a des passages pragmatiques, donnés techniques, compositions des sacs, liste de courses; Et des passages poétiques, descriptions émerveillées de la flore environnante, pensées philosophiques ou spirituelles.
Cependant, et en dehors de cette écriture aux accents parfois lyriques, et à laquelle je reste assez hermétique malheureusement, j'ai eu du mal avec le ton qu'emploi l'auteur pour parler de Doug Peacock.
Il l'admire visiblement, mais par moment j'ai eu l'impression d'être au pied d'une statue à la gloire de cet homme, par ailleurs un peu « bourru ». L'auteur boit ses paroles, imites ses actions, fustige les copains qui n'écoutent pas Doug. Comme un petit frère un peu collant. C'est troublant !
Dans le gang de la clef à molette, Peacock a également le beau rôle (sous les traits de Geoges Hayducke) mais il y a beaucoup plus d'humour, il est caricatural et excessif sous la plume d'un Edward Abbey espiègle et très drôle.
Ici le ton est presque geignard, et trop souvent mystique; Rick Bass voit de mauvais présages partout et compare sa quête du Grizzly avec la maladie de sa femme sans qu'on comprenne bien où se trouve le rapport…
Le projet en lui-même est intéressant, il s'agit pour Peacock et ses comparses de trouver des preuves de l'existence du grizzly dans les montagnes du Colorado.
Pour ces derniers représentants d'une espèce qu'on pensait jusqu'ici disparue de cette partie du continent américain, ce serait le sésame vers une protection renforcée de leur environnement. Pour les spécialistes qui participent au projet, ce jeu de piste aux accents parfois extatiques prend l'ambition démesurée d'une quête du graal naturaliste.
Et c'est là que le bât blesse, selon moi.
Je me suis parfois demandé si la poêlée de champignons ramassés par nos campeurs n'était pas un peu frelatée…

Au final, c'est la frustration qui parle car j'ai adoré ce périple dans les montagnes du Colorado à la recherche des derniers grizzlys, simplement j'aurais préféré que quelqu'un d'autre me le raconte.


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Rick Bass n'a pas fini de me subjuguer avec les récits de ses expéditions au coeur de la nature. Il me mène ici par le bout du nez, ce n'est rien de le dire, à la recherche des grizzlys, considérés comme disparus dans les montagnes du Sud du Colorado... Accroché à la montagne, tous les sens en éveil, accompagné de scientifiques, chercheurs, écrivains, tous passionnés et défenseurs d'une nature sauvage, avec des moyens rudimentaires, il est à l'affut de toutes les rumeurs, ramasse la moindre déjection susceptible de contenir un seul poil de cet animal mythique, qui puisse prouver qu'il vit encore en ces lieux. Car depuis belle lurette aucun homme n'a pu l'appprocher...
L'auteur sublime la nature. A le lire, j'en fini par me demander s'il ne serait pas possible, un jour de me réveiller avec le souffle de ce grand ours dans mon oreille, comme le fait parfois mon chat ! On peut rêver ?
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Ce livre est un grand récit, une odyssée, un voyage qu'entreprend l'auteur mais aussi le lecteur, une magnifique quête scientifique, spirituelle...inattendue !

J'aime énormément ce que l'on appelle le nature writing un mélange d'écriture, d'aventure et toujours ce contact avec la nature : omniprésente et indomptable ! L'auteur va s'effacer face à cette grandeur. le protagoniste principal n'est dès lors plus l'homme mais ce qui l'entoure. Il est indispensable de préciser que ce livre n'est pas un roman en soi, c'est un véritable récit qu'a vécu l'écrivain. Il se décompose en trois voyages à la recherche de ses créatures en voie de disparition. Il est possible de se demander si l'anéantissement de cette race n'est pas la métaphore de la désacralisation de notre lien avec la nature, de ce qui est essentiel et perdu à présent.

Cette quête est aussi le moyen pour Rick Bass de faire un récit très détaillé au niveau spatio-temporel, biologique tout en incluant une véritable poésie littéraire. En effet, j'ai vraiment apprécié ce mélange de sciences et de lettres, les mots sont sublimes dans ce texte et l'on se met à entrer nous-mêmes dans ce monde, dans ses montagnes. Ceci est une véritable prouesse de plume !

Au niveau des personnages Doug Peacock est de loin le plus attachant, le plus sensible. C'est celui qui à mes yeux est à l'origine de cette histoire, c'est l'aventurier qui s'identifie lui-même aux grizzlys. Je dois dire qu'il m'a manqué puisqu'il n'est présent que dans les premiers récits et ce malgré le fait que l'auteur explique que ce dernier lui manque. J'ai réellement été happé dans ce récit, je me suis plongée dans cette odyssée et je peux vous dire que c'est vraiment magnifique !

En définitive, ce livre est un Into the Wild sensationnel, je dirai que ce qui m'a manqué c'est le fait de ne pas revoir Doug dans la troisième partie du livre mais néanmoins : quel chef d'oeuvre ! Encore un coup de maitre des éditions Gallmeister !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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