Les odeurs sont déjà délicieuses -- notre cher ami l'ail -- et je me sens requinqué.
Un roman est une fusée lancée vers un autre univers, et l'on n'y arrivera jamais si tous les matins au réveil on va vérifier son compte bancaire sur l'ordinateur, ou si l'on surveille l'heure en permanence, otage de la tyrannie du temps.
La lueur verte de la beauté fond sur moi comme une drogue puissante, irrésistible. Ma joie est peut-être un peu trop désespérée, mais bon Dieu, si l'on se met à critiquer le bonheur, alors quel espoir nous reste-t-il?
Lorsque nous nageons, notre sillage froisse la surface. Les huards nichant à l'autre bout du lac hurlent et lancent leurs appels vibrants. De temps à autre, une truite minuscule bondit pour tenter d'attraper un moucheron ou un trichoptère.
L'eau du lac est froide. Il y a un aigle à tête blanche dans l'un des peupliers géants; l'arbre et l'oiseau se reflètent dans le bol parfait du lac.
Dans les premières lueurs de l'aube, lorsque la route semble plus sombre que le ciel à peine éclairé, un couguar géant traverse la chaussée en deux bonds, jaillit devant les phares tel un simple produit de l'imagination, très brièvement visible puis disparu, comme s'il n'appartenait pas à ce monde.
Nous partons très vite, en sachant seulement que, venus ici pour donner, nous avons une fois encore reçu.
Dans la forêt, les ailes miroitantes d'oiseaux brillants reflètent le soleil. Je respire l'odeur des aiguilles de pin écrasées, je sens ce matelas parfumé céder sous les pneus de la voiture.
Des rais de lumière obliques traversent les aiguilles de pin d'un vert estival. la route ressemble maintenant à une piste, la chaussée est recouverte d'un doux coussin d'aiguilles.
Les conseils, aussi avisés et nombreux soient-ils, ne peuvent maintenir éternellement l'espoir, la foi ou la confiance.