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Citations sur L'impossible (28)

J'ouvre en moi-même un théâtre
où se joue un faux sommeil
un truquage sans objet
une honte dont je sue

pas d'espoir
la mort
la bougie soufflée
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Quand j'entrevois, comme aujourd'hui, le "simple" fond des choses (ce qu'à la condition d'une chance infinie, l'agonie révélera sans réserve), je sais que je devrais me taire : je recule, en parlant, le moment de l'irrémédiable.
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O malheur insensé, sans regret, sans angoisse ! De telles flammes, déchirantes et fêlées, me voici brûlant du désir de brûler. Entre la mort et la douleur physique -- et le plaisir, plus profond que la mort et la douleur -- je me traîne dans une nuit chagrine, à la limite du sommeil.
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Le hibou survole, au clair de lune, un champ où crient les blessés.
Je survole ainsi dans la nuit mon propre malheur.
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Qui refuserait de voir que, sous une apparence de frivolité, mon objet est l'essentiel, que d'autres regardés comme les plus graves ne sont en vérité que les moyens menant à l'attente du mien ? La liberté n'est rien si elle n'est celle de vivre au bord de limites où toute compréhension se décompose.
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Etre Oreste

Le tapis de jeu est cette nuit étoilée où je tombe, jeté comme le dé sur un champ de possibles éphémères.
Je n’ai pas de raison de “la trouver mauvaise”.

Etant une chute aveugle dans la nuit, j’excède ma volonté malgré moi (qui n’est en moi que le donné); et ma peur est le cri d’une liberté infinie.

Si je n’excédais par un saut la nature “statique et donnée”, je serais défini par des lois. Mais la nature me joue, me jette plus loin qu’elle même, au-delà des lois, des limites qui font que les humbles l’aiment.

Je suis le résultat d’un jeu, ce qui, si je n’étais pas, ne serait pas, qui pouvait ne pas être.

Je suis, dans le sein d’une immensité, un plus excédant cette immensité. Mon bonheur et mon être même découlent de ce caractère excédant.

Ma bêtise a béni la nature secourable, agenouillée, devant Dieu.
Ce que je suis (mon rire, mon bonheur ivres) n’en est pas moins joué, livré au hasard, mis à la porte dans la nuit, chassé comme un chien.

Le vent de la vérité a répondu comme une gifle à la joue tendue de la piété.

Le coeur est humain dans la mesure où il se révolte (ceci veut dire : être un homme est “ne pas s’incliner devant la loi”)

Un poète ne justifie pas – il n’accepte pas – tout à fait la nature. La vraie poésie est en dehors des lois. Mais la poésie, finalement, accepte la poésie.

Quand accepter la poésie la change en son contraire (elle devient médiatrice d’une acceptation)! je retiens le saut dans lequel j’excèderais l’univers, je justifie le monde donné, je me contente de lui.

M’insérer dans ce qui m’entoure, m’expliquer ou ne voir en mon insondable nuit qu’une fable pour enfants (me donner de moi-même une image ou physique ou mythologique)! Non!...
Je renoncerais au jeu…

Je refuse, me révolte, mais pourquoi m’égarer. Si je délirais, je serais simplement naturel.

Le délire poétique a sa place dans la nature. Il la justifie, accepte de l’embellir. Le refus appartient à la conscience claire, mesurant ce qui lui arrive.
La claire distinction des divers possibles, le don d’aller au bout du plus lointain, relèvent de l’attention calme. Le jeu sans retour de moi-même, l’aller à l’au-delà de tout donné exigent non seulement ce rire infini, mais cette médidation lente (insensée, mais par excès)
C’est la pénombre et l’équivoque. La poésie éloigne en même temps de la nuit et du jour. Elle ne peut ni mettre en question ni mettre en action ce monde qui me lie.

La menace en est maintenue : la nature peut m’anéntir – me réduire à ce qu’elle est, annuler le jeu que je joue plus loin qu’elle – qui demande ma folie, ma gaîté, mon éveil infinis.

Le relâchement retire du jeu – et de même l’excès d’attention. L’emportement riant, le saut déraisonnable et la calme lucidité sont exigés du joueur, jusqu’au jour où la chance le lâche –ou la vie.

Je m’approche de la poésie : mais pour lui manquer.















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Tout ce qu'une voix ferrée et des signaux confèrent de mesquin à ce qui, malgré tout, se situe dans leur domaine... : mon four-rie à l'écart est perdu dans un monde de gares, de mécaniciens, d'ouvriers levés à l'aube.

Tant d'hommes de femmes rencontrés au cours de ma vie qui ne cessèrent pas dès lors un instant de vivre, de penser une chose puis l'autre, de se lever, de se laver, etc. ou de dormir. A moins qu'un accident ou quelque maladie ne les ait retirés du monde, où ils n'ont laissé qu'une insoutenable dépouille.

Nul à peu près n'évite, un jour ou l'autre, la situation, qui m'enferme maintenant; pas une question posée en moi que la vie et l'impossibilité de la vie n'aient posée à chacun d'eux. Mais le soleil aveugle, et bien que la lumière aveuglante soit familière à tous les yeux, personne ne s'y perd.

je ne sais si je vais tomber, si j'aurai même la force nécessaire à la main pour achever la phrase, mais l'implacable volonté l'emporte : le débris qu'à cette table je suis, quand j'ai tout perdu et qu'un silence d'éternité règne dans la maison, est là comme un morceau de lumière, qui peut-être tombe en ruine, mais rayonne.
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"Qu'ai-je fait, pensai-je, pour être ainsi de toutes façons rejeté dans l'impossible?" (...)

"Réfléchis cependant. Rien ne peut t'échapper désormais. Si Dieu n'est pas, cette plainte déchirée dans ta solitude est l'extrême limite du possible : en ce sens, il n'est pas d'éléments de l'univers qui ne lui soit soumis ! elle n'est soumise à rien, domine tout et n'en est pas moins faite d'une conscience d'impuissance infinie : "du sentiment de l'impossible exactement!"!"
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Que savons-nous du fait que nous vivons si la mort de l'être aimé ne fait pas entrer l'horreur (le vide) au point même où nous ne pouvons supporter qu'elle entre : mais alors nous savons qu'elle porte ouvre la clé.
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Le pire : tant de vies indéfendables -tant de vanité, de laideur et de vide moral. Cette femme au double menton dont l'immense turban proclamait l'empire de l'erreur... La foule - ineptie, déchet- n'est-elle pas dans l'ensemble une erreur ? La chute de l'être dans l'individu, de l'individu dans la foule, n'est-ce pas, dans nos ténèbres, un "tout plutôt que..."?
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