Citations sur 'Ma chère Maman...' : De Baudelaire à Saint-Exupéry, des le.. (17)
Ma maman chérie,
Je sais que tu es maintenant de nouveau toute seule ; j'ai peur que tu n'aies un peu froid près du coeur, que tu ne sois très triste ; et je veux t'écrire aujourd'hui rien que pour te dire combien je t'aime tendrement. Il me semble que mon affection me fait si bien comprendre toutes les pensées grises qui doivent tourner autour de toi, certains jours, et te chagriner… : j'aimerais que cette lettre les chasse.
André Gide, le 23 août 1894
Moi, je t'ai aimée passionnément dans mon enfance ; plus tard, sous la pression de tes injustices, je t'ai manqué de respect, comme si une injustice maternelle pouvait autoriser un manque de respect filial ; je m'en suis repenti souvent, quoique, selon mon habitude, je n'en aie rien dit. Je ne suis plus l'enfant ingrat et violent. De longues méditations sur ma destinée et sur ton caractère m'ont aidé à comprendre toutes mes fautes et toute ta générosité. Mais, en somme le mal est fait, fait par tes imprudences et par mes fautes.
Charles Baudelaire, le 6 mai 1861
(…) en vérité j'ai besoin d'être sauvé, et toi seule tu peux me sauver. Je veux tout dire aujourd'hui. Je suis seul, sans amis, sans maîtresse, sans chien et sans chat, à qui me plaindre. Je n'ai que le portrait de mon père, qui est toujours muet.
Charles Baudelaire, le 6 mai 1861
Je t'adore petite mère chère, tout en pleurant amèrement de ne pas t'avoir avec moi et je te couvre de baisers.
(Jean Cocteau, 30 août 1906)
Vous savez que je n'ai jamais considéré la littérature et les arts que comme poursuivant un but étranger à la morale, et que la beauté de conception et le style me suffit. Mais ce livre, dont le titre : "Fleurs du Mal", - dit tout, est revêtu, vous le verrez, d'une beauté sinistre et froide ; il a été fait avec fureur et patience. D'ailleurs, la preuve de sa valeur positive est dans tout le mal qu'on en dit. Le livre met les gens en fureur. - Du reste, épouvanté moi-même de l'horreur que j'allais inspirer, j'en ai retranché un tiers aux épreuves. - On me refuse tout, l'esprit d'invention et même la connaissance de la langue française. Je me moque de tous ces imbéciles, et je sais que ce volume, avec ses qualités et ses défauts, fera son chemin dans la mémoire du public lettré, à côté des meilleures poésies de V. Hugo, de Th. Gautier et même de Byron.
Charles Baudelaire, le 9 juillet 1857
Il me semble que mon affection me fait si bien comprendre toutes les pensées grises qui doivent tourner autour de toi, certains jours, et te chagriner… : j'aimerais que cette lettre les chasse.
André Gide
Maman bien aimée, je t'en supplie, prends garde : quand les choses allaient mal, j'attendais tout de toi ; je recourrais à ton aide. A présent que tout va bien, laisse tout bien aller. (André Gide)
page 51
Tu sais je ne parle pas avec enthousiasme de la religion mais je suis un Chrétien aussi sincère que possible. Le dimanche est le seul jour de la semaine où je peux dormir mon soûl.
Ernest Hemingway, le 16 janvier 1918
J'ai des soirs terribles, mais je pense à toi, aux amitiés profondes que j'ai su m'attacher et je plains alors les égoïstes qui ne connaissent pas les consolations ineffables du coeur.
(Jean Cocteau, le 15 septembre 1907)
Je donnerais je ne sais quoi pour passer quelques jours auprès de toi, toi, le seul être à qui ma vie est suspendue, huit jours, trois jours, quelques heures.
Tu ne lis pas assez attentivement mes lettres, tu crois que je mens, ou au moins que j'exagère quand je parle de mes désespoirs, de ma santé, de mon horreur de la vie. Je te dis que je voudrais te voir, et que je ne puis pas courir à Honfleur. Tes lettres contiennent de nombreuses erreurs et des idées fausses que la conversation pourrait rectifier et que des volumes d'écriture ne suffiraient pas à détruire.
Charles Baudelaire, 6 mai 1861