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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un thriller historique qui nous plonge dans la France du XIXème siècle et dans une enquête à couper le souffle.

Le prologue m'a serré le coeur, ça commence bien ! Dès les premières lignes, le ton du roman est donné : pas de demi-mesure, tout sera cash. Accrochez-vous.

Notre récit est planté dans l'Ain, en 1893. Claude Tardy est inspectrice du travail stagiaire, faisant équipe avec Edgar Roux, inspecteur divisionnaire du travail. En 1841, et pour la première fois en France, une loi encadrant le travail des enfants est votée. L'inspection du travail, créé en 1892, est chargée de veiller à la bonne application du droit du travail. Lors du contrôle d'un atelier de couture clandestin, Claude est informée qu'un cadavre a été retrouvé dans une tréfilerie.

Autre lieu, autre ambiance, autre personnage féminin : Soeur Placide s'occupe d'accueillir les nouvelles recrues de l'usine-pensionnat des Soieries Perrin. le concept d'une usine-pensionnat est de regrouper une entreprise et un dortoir situé à côté, permettant aux ouvrières de rester sur le site de façon permanente. Ce type de bâtiment s'est développé avec l'industrie textile, accueillant bien souvent des jeunes filles démunies et surveillé par l'Église.

Le travail de Soeur Placide n'est pas de tout repos, les pensionnaires sont jeunes, sans famille, son rôle est de prendre en charge leur éducation. Lorsque l'une des pensionnaires aperçoit un fantôme dans le dortoir, la peur et l'angoisse prend possession de ces fillettes…

« Ce qu'elles mangeront, l'heure de leur réveil, de leur toilette, de leur coucher, tout ce qu'elles feront entre les deux, le moment de la matinée où elles iront se soulager, le choix de leur activité récréative, tout respectera désormais le règlement à la lettre. Au moins pendant trois ans, et, pour la plupart d'entre elles, jusqu'au mariage. La plus vieille de ces filles n'a pas quatorze ans. »

Outre l'enquête policière, les détails de cette période historique sont passionnants. Lorsque j'ai commencé ma carrière dans l'administration, c'était au ministère du Travail, je connais donc bien les missions des inspecteurs et contrôleurs du travail. Un petit clin d'oeil amusant ! D'autant qu'à cette époque (non non, je ne me sens pas vieille du tout…), je vivais en Ardèche, et il y avait encore quelques entreprises de soieries.

Les personnages sont riches. Claude est une femme déterminée et bien décidée à démontrer que son statut de femme ne l'empêchera pas de mener à bien sa carrière. Certaines de ses missions sont interdites aux femmes ? Qu'à cela ne tienne, elle s'affublera d'une fausse moustache et d'une redingote. Après tout, Claude est un prénom épicène, non ? Cela nous permet de bien appréhender quelle était la place du sexe dit faible dans la société de l'époque. Edgar est passionné de photographie, là aussi les détails sont une vraie mine d'or pour le lecteur. Soeur Placide s'investit beaucoup pour ces fillettes dont elle a la responsabilité. Son rôle est loin d'être celui d'une mère, pourtant.

La construction est intéressante, nous suivons tour à tour Claude et Soeur Placide dans deux histoires qui n'ont, à priori, rien en commun. L'intrigue est bien menée, les indices alléchants, le rythme, bien que je l'ai trouvé un peu lent, nous pousse néanmoins à la curiosité et à bouloter les chapitres. Je me suis posée énormément de questions au sujet des mystères évoqués, je suis restée dans le flou total, mettant en avant des suppositions toutes plus improbables les unes que les autres. J'avais vraiment envie de connaître la résolution de ces mystères.

Cécile a une plume fluide, légère et riche. Elle est immersive, le lecteur plonge totalement dans la période historique. Les détails sont suffisants pour nous embarquer, sans alourdir le récit. le juste milieu parfaitement trouvé !

Pourtant, je dois avouer que je ne suis pas vraiment fan des thrillers historiques. Tout dépend de la période où se situe l'intrigue et la manière dont l'auteur décrit le concept et la société. « Marques de fabrique » m'a réellement harponnée, j'ai passé un super moment avec Claude et Soeur Placide, dans cette époque si particulière de notre Histoire. Je ne peux que vous conseiller la lecture de ce roman. Vous en sortirez plus riche.

« Cette hiérarchisation des taches permet de coller à l'ordre naturel, les hommes étant mieux payés que les femmes, et les enfants, moins que les adultes. La rentabilité est à ce prix : la concurrence grandit, avec la Grande-Bretagne notamment, et les cocons doivent désormais s'importer du Japon. »

Je remercie Cécile pour cette belle découverte !

#Marquesdefabrique #CécileBaudin #PressesdelaCité
Lien : https://soniaboulimiquedesli..
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Marques de fabrique est un thriller historique bien mené.
On est en 1893, l'inspection du travail lutte pour faire appliquer les nouvelles lois sur le travail des enfants.
Claude est une inspectrice et, en tant que femme, les lieux où elle peut intervenir sont extrêmement limités, ce qui est vraiment très frustrant pour elle.
Son patron, plus par convenances personnelles que par esprit d'égalité, lui permet de se travestir en homme pour pouvoir agir n'importe où.
Deux accidents du travail, dans deux lieux éloignés l'un de l'autre, vont les lancer dans une enquête dans les ramifications vont rapidement dépasser tout ce qu'ils auraient pu imaginer.
En parallèle, dans une institution religieuse où les jeunes filles du peuple sont nourries, blanchies, logées, et se constituent une dot ainsi qu'un trousseau en échange de leur travail, Soeur Placide est intriguée par la ressemblance d'une fillette avec une ancienne pensionnaire qui n'a plus donné signe de vie après être partie se marier.
Les deux affaires vont se rejoindre et mettre à jour une machination parfaitement élaborée.
Les horreurs auxquelles ces trois personnages vont être confrontés ont également dépassé tout ce que j'aurais pu imaginer, et pourtant, Dieu sait que je lis des thrillers de tout genres.
J'ai été complètement happée dans cette histoire complexe où chaque détail a son importance et va venir trouver sa place dans la résolution de l'affaire comme autant de pièces de puzzle.
Je crois qu'il s'agit d'un premier roman et j'espère lire d'autres romans de cet auteur, aussi bien ficelés que celui-ci.
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Fin XIXe s, Claude est l'une des premières femmes inspectrices du travail. Mais n'ayant pas le droit d'aller dans des endroits où travaillent des hommes ou des machines, elle se grime en homme pour accompagner son mentor.
Ensemble ils découvrent le corps de 2 hommes, à priori morts dans des accidents, dans deux lieux différents, rien ne semble réunir ces deux cas, sauf qu'ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau et sont morts quasiment le même jour... Intriguée, Claude décide d'enquêter et ses investigations vont la mener aux soieries Perrin.

Ce 1er roman nous propose un décors original et hyper intéressant. Ça se passe dans la région où je vis maintenant, près de Lyon, dans l'Ain autour de Nantua, Jujurieux, Pont d'Ain, etc. Même si je ne connais pas encore toutes ces communes de visu, je les connais de nom et c'est toujours sympa d'imaginer plus précisément le décors où évoluent les personnages (sans que ça en devienne un roman du terroir !)
L'intrigue est intéressante, si j'admets avoir deviner un peu tôt la résolution de l'enquête, ça n'a pas empêché mon plaisir de lecture. Je me suis attachée aux personnages, que ce soit Claude ou soeur Placide qui n'est pas celle qu'on croit au début, et la façon dont ils évoluent entre eux.
La façon dont les intrigues policières se mêlent est intelligente et les sujets abordés en à-côté (conditions de travail, condition féminine etc) super intéressantes !
En somme une jolie découverte, un bon 1er roman, n'hésitez pas à le découvrir !!!
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Un voyage dans le temps en pleine révolution industrielle. Deux héroïnes, sans se connaître, enquêtent sur deux mystères imbriqués l'un dans l'autre. Morts suspectes, disparitions inquiétantes dans l'univers de la soie et de la filature...


Nous voici plongés dans l'histoire de l'Ain de la fin du 19ème siècle, à travers deux enquêtes qui ne disent pas leur nom. Il y a d'abord celle de soeur Placide, au sein des Soieries Perrin, qui ne comprend pas le silence d'une de ses anciennes protégées partie se marier. En parallèle, il y a celle de Claude Tardy, inspectrice du travail, découvrant des cadavres lors de ses contrôles. le cadre commun à ces histoires est la révolution industrielle que subit le département, dans tous les domaines, avec ses avantages et ses inconvénients. Si la richesse permet le développement du territoire, les méthodes ne sont pas toujours honnêtes, et les nouvelles lois protégeant les enfants de moins de 12 ans sont parfois gênantes pour les industriels avides de profits.

C'est dans cette ambiance contradictoire de développement prospère et d'exploitation malsaine que l'auteure nous livre un récit plein de suspense et d'émotions. D'une écriture simple et très concrète, nous avançons pas à pas dans deux enquêtes qui finissent par se rejoindre. La lenteur de leurs progrès, voulues par une époque exploitant tout juste le télégraphe et découvrant à peine le téléphone, donne à cette histoire un charme envoûtant qui nous fait tourner les pages avec plaisir.

J'ai également senti tout l'amour que l'auteure porte à sa région, notamment à travers les voyages que nous faisons dans le département de l'Ain. Je reconnais bien là la collection "Terres de France" des éditions Presses de la Cité. Pour le coup, une carte aurait presque été utile, tant les personnages passent d'un bourg à une montagne, et d'une usine à une ville, traversant en train tant de lieu-dit..

Ce premier roman est donc une excellente découverte pour moi, le contexte historique (révolution industrielle) et les sujets abordés (condition féminine, travail des enfants) m'ayant vraiment intéressée.
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Ain, 1894. Claude Tardy est une jeune inspectrice du travail. En tant que femme elle ne peut inspecter que les entreprises où travaillent femmes et enfants. Aussi, avec l'accord de son supérieur, Edgar Roux, un vieil homme fatigué, elle se travestit en homme pour pouvoir le soulager dans les ateliers où la main d'oeuvre est masculine. A trois mois d'intervalle, aux deux bouts du département, dans deux entreprises différentes, Claude et Edgar tombent sur les cadavres de deux jeunes ouvriers se ressemblant comme des sosies, l'un suicidé, l'autre accidenté. Coïncidence ?

Dans l'Ain également, la religieuse soeur Placide encadre les jeunes ouvrières au sein de l'usine-pensionnat des soieries Perrin. Les jeunes filles qui travaillent ici, principalement des orphelines, sont menées à la baguette par des religieuses chargées de veiller à leur bonne moralité. Leur salaire est mis de côté pour constituer un pécule qui leur sera restitué à leur départ. Soeur Placide est bouleversée quand elle découvre qu'une nouvelle arrivante ressemble comme deux gouttes d'eau à Léonie, une pensionnaire à laquelle elle s'était attachée, partie 15 ans plus tôt pour se marier et qui ne lui a plus donné de nouvelles. Pourrait-il y avoir un lien entre Léonie et la petite Victorine ?

Deux mystères avec, au départ de chacun, des personnes qui se ressemblent fort, toutes orphelines et, au début de ce roman, deux histoires menées en parallèle, un chapitre sur deux, jusqu'au moment où -je l'attendais- les deux histoires n'en forment plus qu'une. C'est à ce moment que le roman qui se traînait un peu devient palpitant, à grands coups de rebondissements et trouvailles rocambolesques qui nous mènent à un dénouement que je trouve peu crédible. le principal intérêt de cette lecture pour moi est la présentation des ouvriers et ouvrières dans l'Ain à la fin du 19° siècle. Outre l'usine-pensionnat, l'autrice nous présente l'exploitation de la glace du lac de Sylans (passionnant) et des mines de phosphate (pas mal aussi).
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Avec une écriture précise et fluide, Cécile Baudin nous plonge en plein XIXème siècle, dans l'univers sombre et impitoyable de la Révolution industrielle dans l'Ain. Les conditions de vie de l'époque, les inégalités sociales, les injustices et le monde de la main-d'oeuvre féminine, constituée entre autres par des orphelines qui ne le quitteront qu'avec un mariage, sont très bien décrites.

Même si le début est un peu long, l'auteure prenant le temps de bien planter le décor, l'intrigue est bien ficelée, rythmée et le suspense monte crescendo autour d'une machination aussi machiavélique qu'élaborée. Les personnages sont originaux, intéressants et complexes, avec une psychologie bien travaillée

Néanmoins, malgré ses qualités indéniables, je n'ai pas réussi à complétement accrocher. Cela ne doit pas empêcher de lire ce beau polar historique car je n'ai aucun doute sur le fait qu'il devrait pleinement satisfaire un très grand nombre de lecteurs.
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