Deuxième roman que je lis de
Baptiste Beaulieu et un avis en demi-teinte. J'ai découvert cet auteur avec
La Ballade de l'Enfant Gris il y a deux ans, roman dont je garde un souvenir de confusion dans la lecture par les allers retours que l'auteur faisait, les interrogations quant aux personnages et j'ai eu un peu le même problème avec celui-ci. J'avais par contre trouvé que la relation médecin/malade/famille et la présence de la déchirure, comme une forme fantastique, était intéressante.
Je ne peux nier une certaine poésie, tendresse à chaque récit mais du coup j'ai le sentiment que c'est le fond d'écriture de chaque roman. J'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser à l'intrigue qui pour moi était un peu "prévisible" sauf pour sa résolution puisque ce livre est une bouteille lancée à la mer (enfin plutôt aux lecteurs) par son auteur pour retrouver Anne-Lise Schmidt. En effet
Baptiste Beaulieu nous raconte son histoire familiale paternelle, à travers la découverte par son père de lettres de son grand-père.
La lecture de celles-ci va être l'occasion de mettre à jour sa propre relation paternelle avec ses non-dits, ses conflits et pour chacun de faire une sorte de mea culpa.
Comme tu habitais tout seul ton corps, grand-père, et tout seul ton fauteuil, tu habitais tout seul avec nous. (p117)
L'intrigue est intéressante car elle permet d'évoquer l'histoire d'une famille avec ses tourments, ses "secrets", ses amours mais aussi comment celle-ci a traversé l'histoire de son pays et a pu s'en trouver bouleverser. L'insertion de photos des différents personnages rajoute une identification de ceux-ci.
Mais, car il y a un mais pour moi, j'ai eu un peu de mal avec la construction : entre les lettres toujours à la date du 3 Avril de chaque année, les histoires d'amour que
Baptiste Beaulieu racontent à son père et la période "Aujourd'hui", les trois générations qui se mêlent et les propres difficultés relationnelles que rencontre l'auteur avec son père.
D'autre part j'ai été un peu agacée, à la fin de certains chapitres, par la chute du genre page-turner, ou par des phrases assez stéréotypées "Elle a mal à toutes les articulations du monde" ou "Les hommes s'en vont, mais la guerre, elle, ne meurt jamais" qui se veulent comme des sortes de phrases de morale, de sentence, et que je m'attendais ensuite à trouver à chaque fois (j'en ai retrouvé deux mais il y a eu des passages où cela revenait très régulièrement). Je n'ai pas eu le sentiment de sincérité mais plus d'artifices d'écriture.
Je comprends que c'est le genre de récit qui peut toucher beaucoup de lecteurs par le sujet, par le côté émouvant de ces trois générations d'hommes qui n'arrivent pas à se parler, qui attendent de chacun un geste, un mot, un regard. le lecteur peut ressentir de l'empathie pour
Baptiste Beaulieu qui révèle un pan de son histoire familiale et de ses failles, mais moi je suis restée à distance.
Les mots, le discours des personnages m'a semblé artificiel, décalé par rapport à eux,, leur éducation et leur milieu social. Je n'ai pas eu le sentiment de les entendre eux, Moïse, Denis parler. J'ai lu les mots d'un écrivain qui veut mettre de l'émotion dans sa narration mais qui ne rend pas réellement l'atmosphère, le contexte de l'histoire.
Je ne doute pas que tous les faits soient vrais, mais certains événements, coïncidences m'ont paru absolument incroyables. Cela relève presque de l'extraordinaire.
J'avais finalement mieux aimé
La Ballade de l'Enfant gris mais à trop vouloir jouer sur la corde sensible parfois cela sonne faux et dans ce roman je n'ai pas du tout adhéré. C'est un avis personnel par rapport à mes lectures, mon univers, mon passé de lectrice. Lorsque je lis ce genre de récit je veux m'immerger dans l'histoire, me glisser dans la peau d'un ou de plusieurs d'entre eux, ne pas ressentir les ingrédients nécessaires à l'écrivain pour accrocher son lecteur, être surprise, bouleversée par une écriture vraie.
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