Le médecin et écrivain Baptiste Beaulieu a reçu mercredi 15 février le prix Landerneau album jeunesse pour "Les gens sont beaux", un hymne à la différence.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Nous vieillissons avec notre corps, et, OUI, notre corps a une histoire. Les coups durs, les accidents de la vie, la métamorphose du corps sous les outrages du quotidien, tout cela est constitutif de l'existence humaine. Ces stigmates, ce sont les vivants symboles de ce que nous avons vécu, de la manière dont nous l'avons vécu, une facture qui est à chacun de nous, et différente chez chacun. [...]
Mais ce corps, il faut l'aimer, d'abord parce qu'il est là, qu'il fait comme il peut. Aimons-le comme un ami qui porterait pour nous une part de notre fardeau, pour nous soulager un peu.
Oui, il faut aimer notre histoire, parce que nous sommes humains, parce que nous vivons ici comme nous pouvons, dans la limite de nos capacités et le difficile exercice qu'est le respect de nous-même. L'existence est dure, les émotions violentes, et le chemin ne fait pas de cadeau. Regardons-le, ce corps. Regardons-le dans un miroir, regardons-le comme on ouvrirait un livre d'aventures, un peu abîmé, un peu écorné, un peu taché, parfois jauni, ou dont certaines pages auraient été déchirées. Nous avons tous un livre qui n'appartient qu'à nous, et si nos histoires sont écrites dans nos chairs, c'est parce qu'elles doivent bien aller quelque part, qu'elles doivent laisser une trace, un message et du sens.
Nous avons toutes et tous en nous des rêves d'enfants, mal refermés. Rien ne s'est passé comme on l'imaginait, et, depuis le début, personne n'est là pour nous dire le meilleur chemin à prendre, ou ce que nous sommes censés être.
On te dit : "Sois toi-même !" mais personne ne te dit à quel point c'est dur. Toi qui me lis, retiens bien, et n'oublie pas : être humain, vivre, aimer, pleurer, espérer, ressentir ... quoi qu'on en dise, c'est être héroïque.
Nous avons toutes et tous en nous des reves d'enfants, mal refermés. Rien ne s'est passé comme on l'imaginait, et, depuis le début, personne n'est là pour nous dire le meilleur chemin a prendre, ou ce que nous Sommes censés être. (...)
Toi qui me lis, retiens bien, et n'oublie pas : être humain vivre, aimer, pleurer, espérer, ressentir... quoi qu'on en dise, c'est être héroique.
Et, quand on se moque de quelqu'un à cause de son corps, parce qu'il est trop ceci ou pas assez cela, on se moque AUSSI de son histoire, que très souvent on ne connait pas.
"Tu vois, ma cicatrice, elle fait partie de mon histoire. J'ai fait avec, et tout le monde a des cicatrices. Le problème, c'est qu'on n'ose pas raconter nos blessures. Mais nos blessures guérissent mieux quand on les partage que quand on les cache. Alors, au lieu de rester chacun dans son coin, on devrait se dire : C'est quoi, ta blessure ? C'est quoi, ton histoire ? On se sentirait tellement moins seuls."
Et toutes les histoires peuvent se finir bien : il faut du temps, de l'amour, et se poser UNE question.
- Laquelle ?
- Ce qui est arrivé est arrivé, c'est bon ou mauvais, mais c'est arrivé, on ne peut rien changer au passé. Alors, qu'est-ce que j'en fais MAINTENANT ?
A l'occasion de la Rentrée littéraire Automne 2023 organisée par Occitanie Livre & Lecture, Baptiste Beaulieu est venue présenter son nouvel ouvrage "Où vont les larmes quand elles sèchent ?" (Editions L'iconoclaste, 2023).
Enregistré à la médiathèque José Cabanis de Toulouse le 21 septembre 2023.