J’aspirais à la transparente fusion de nos âmes ; s’il avait commis des fautes ténébreuses, il m’échappait, au passé et même dans l’avenir, car notre histoire, faussée dès le départ, ne coïnciderait plus jamais avec celle que je nous avais inventée.
(page 406)
Je justifiais ma répugnance de la même façon que lorsque j’avais dix-sept ans : tout va bien si le corps obéit à la tête et au coeur mais il ne doit pas prendre les devants.
(page 405)
je me persuadais qu’on peut célébrer au lit des messes blanches : un authentique amour sublime l’étreinte physique, et entre les bras de l’élu, la pur jeune fille se change allègrement en une chaire jeune femme.
(page 404)
J’avais mesuré l’hostilité de Mme Mabille, j’avais compris qu’entre les deux camps auxquels nous appartenions aucun compromis n’était possible : les “bien-pensants” voulaient l’anéantissement des “intellectuels” et réciproquement.
(page 400)
pas plus que l’abêtissement du couvent, je n’acceptais pour elle la morosité d’un mariage résigné.
(page 387)
[Zaza] aimait sa mère, mais aussi beaucoup de choses que sa mère n’aimait pas.
(page 384)
Au fond, j’étais très contente qu[e Dieu] n’existât pas. J’aurais détesté que la partie qui était en train de se jouer ici-bas eût déjà son dénouement dans l’éternité.
(page 378)
Oh ! réveils mornes, vie sans désir et sans amour, tout épuisé déjà et si vite, l’affreux ennui. Ca ne peut pas durer ! Rien et rien. Mon livre ? Vanité. La philosophie ? J’en suis saturée. L’amour ? Trop fatiguée. Pourtant j’ai vingt ans, je veux vivre !
(page 366)
La terre ne m’était plus rien, j’étais “hors de la vie”, je ne souhaitais même plus écrire, l’horrible vanité de tout m’avait reprise à la gorge
(page 361)
j’avais été une enfant trop heureuse pour faire lever facilement en moi la haine ou même l’animosité ; je ne savais pas me défendre contre la malveillance.
(page 357)