La chambre d'Hannah n'est pas un roman que l'on pourrait qualifier à proprement parler de "roman historique". L'histoire se déroule sur fond de Seconde Guerre mondiale, avec comme acteurs principaux, de jeunes enfants, à peine âgés de 11 ans. Rien ne les relie, tout les sépare, à commencer par les années. Qui aurait pu prédire qu'Hannah et Pierre, habitant la même maison, vivant dans la même chambre, à 30 ans d'intervalle se seraient rencontrés un jour ?
La magique plume de
Stéphane Bellat a réalisé cet extraordinaire séquence. Alternant réalité et fantastique, il joue la carte du surnaturel et crée une illusoire rencontre de ces deux êtres. Peu croyable au début, le lecteur se laisse doucement glisser dans cet abîme fantastique et original, emporté par la douceur et le halo luminescent, merveilleux et onirique qui encadre les deux protagonistes.
Des enfants étant au coeur de l'intrigue, le ton mielleux, la naïveté et l'insouciance qui s'en dégagent sont en parfaite contradiction avec les horreurs de la Seconde Guerre mondiale comptées. Hannah étant juive, l'auteur resserre son étau sur les histoires monstrueuses de génocides, les rafles françaises et le sentiment d'antisémitisme qui s'élève de la population. Pierre assiste impuissant à un cours d'histoire grandeur nature, avec comme actrice principale, sa nouvelle amie, Hannah.
La chambre d'Hannah est un roman empli de contrastes, d'écarts, d'opposition. La bipolarisation des émotions, aux antipodes les unes des autres, dérangent et troublent. Les parents de Pierre sont au bord du divorce, disputes tout au long de la journée, mère malheureuse, fils au bord du suicide, ne supportant plus l'attitude enfantine de ses parents. Puis tout change, l'amour revient, la confiance de la maman réapparaît, Pierre est conforté dans son amitié envers son meilleur ami, il s'est également trouvé une toute nouvelle amie, Hannah, et a découvert que la vie qu'il mène est belle, qu'elle vaut la peine d'être vécue.
Le gros point noir du roman revient cependant à la facilité déconcertante avec laquelle les événements futurs sont devinés. Point de suspense terrifiant, les actions s'enchaînent, laissant poindre un assez grand nombre d'indices pouvant incriminer les scènes suivantes. Sans surprise, le dénouement était, pour ma part, déjà entamé dans mon esprit avant même son développement.
En parlant de la fin du livre, bien que l'ensemble de l'oeuvre soit basé sur un contraste de noir et de lumière, de rêve et d'horreurs, l'onirisme et la prédestination du destin final ne m'a pas convaincu. En y repensant, tout était trop gros, démultiplié, dur à avaler, mais pourtant... plongée dans ma lecture, ce spectaculaire et émouvant final ne m'a pas déstabilisée, bien au contraire, passé comme une lettre à la poste, tel un conte de fée finissant bien, heureux, empli de joie.
Pleins d'émotions,
La chambre d'Hannah raconte avec douceur l'épisode le plus noir de la Seconde Guerre mondiale. Sur fond de fantastique et d'aménité, l'histoire est comblée d'un halo d'insouciance volubile qui donne un charme particulier au roman.
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