C'est une histoire d'amour (très) particulière, née du désir bestial d'un homme condamné par le crabe. Quand Tomás pose pour la première fois les yeux sur elle dans ce bar où il vient toujours boire son rioja entre deux travaux dans sa ferme,
Suiza vient d'échouer on ne sait comment dans ce petit village de Galice. Elle ne parle pas un mot d'espagnol, mais ses cheveux blond-roux, la blancheur de sa peau et son air candide - qui lui donne cette sensualité si innocente - affolent tous les hommes sur son passage.
Mû par une pulsion animale, Tomás l'enlève un soir aux yeux de tous pour la posséder, avant de l'installer chez lui. le début d'une vie commune entre deux êtres mal assortis - lui la brute épaisse de quarante ans maître en son domaine agricole, elle la belle à la fragilité d'enfant qui rêve de voir la mer et ne sait pas compter - qui va mettre Tomás sur le chemin de la tendresse, de la rédemption, et tout simplement de la vie, alors que celle-ci lui échappe.
J'ai été un peu déconcertée par le début du roman, surtout par ces scènes de sexe crues et brutales, le machisme qui suinte à toutes les pages de la vie de ce petit village espagnol qui est dépeint.
Bénédicte Belpois m'a néanmoins tenue captive de cette histoire, avec une écriture qui décape et émeut à mesure que son personnage masculin apprend enfin à dire « je t'aime » dans les derniers rayons de son existence, auprès d'une jeune fille abîmée à qui on a fait croire qu'elle était trop bête pour mériter un tel amour.
Un roman hypnotisant et parfois bouleversant, plein de terre aride, de parfum d'eucalyptus, de chorizo, d'olives, de sons de guitare sèche, de cancans du bar du village, de sueur du travail des champs et des étreintes brûlantes…