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3,84

sur 373 notes
Le premier roman du cinéaste Lucas Belvaux est un livre à plusieurs voix. Chaque chapitre fait avancer l'histoire en proposant la vision d'un personnage différent. Cette construction fait penser à de la littérature américaine mais il est agréable de constater l'absence des noms des personnages en tête des chapitres. C'est en lisant qu'on comprend de quelle voix il s'agit. Ainsi, chacun apparaît et prend forme. Cela suppose d'être à l'écoute des points de vue et des personnalités en présence. Progressivement, on voit l'étau se resserrer autour de Skender.
Au-delà de l'intrigue de cette chasse, l'auteur se concentre sur le temps qui s'écoule entre la proposition et sa mise en place. Ces quelques mois sont ceux d'un retour à la vie. Avec la mort comme dernière issue, Skender d'abord, et les autres par la suite, vont se prendre au jeu de la vie. Etre avec les autres, les écouter, se projeter, savourer l'instant présent… Tout cela prend une certaine saveur. On sent les personnages retrouver leur souffle. Skender et Max sortent peu à peu de leurs habitudes de soldat et de ce lien permanent avec la mort. Lucas Belvaux observent cela minutieusement, parfois en se perdant. La tension de l'intrigue, amplifiée par certains passages, se dilue avant l'arrivée de l'ex-femme de Skender et de leurs enfants. Quand le quotidien et la banalité des vies surgissent, alors le roman prend corps. Comme dans ses films, Lucas Belvaux est un observateur attentif des moments simples et des joies anodines, qu'on sait éphémères mais à l'origine de souvenirs inoubliables.
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Une lecture avec des hauts et des bas.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Lucas Belvaux va rapidement dans le vif du sujet. En quelques brefs chapitres, les trois personnages principaux font leur entrée en scène.
Skender, vétéran de guerre, SDF, séparé de sa famille. Max, qui a fait plusieurs guerres avec Skender, aujourd'hui majordome de « Madame ». Les deux anciens amis se sont perdus de vue depuis une dizaine d'années.

Si après tout ce temps, Max renoue avec Skender c'est pour lui proposer un contrat avec Madame. Un pacte terrible, perturbant, totalement amoral, qui m'a fait craindre pour la suite du récit. Pas amatrice de récits qui prennent aux tripes, où le lecteur est maintenu sous tension dans une angoisse permanente, j'ai alors hésité à poursuivre ma lecture.

Et puis le récit, en se focalisant sur les six mois qui précèdent l'exécution du contrat, prend un virage plus centré sur les ressorts psychologiques. Reste une tension latente dans le récit à l'approche inexorable de l'échéance, mais l'analyse des tourments des personnages constitue le coeur du récit. Si j'ai suivi avec intérêt, parfois avec émotion, les points de vue de Skender et Max, j'ai eu plus de difficultés avec celui de Madame. Elle reste pour moi une énigme, et son pacte choquant, abject rend tout de même peu crédible toute cette histoire.

Le style vif et percutant de Lucas Belvaux ne s'embarrasse pas de fioritures. Un staccato de mots qui donne au récit un aspect fragmenté, souvent déroutant.

« Un métier comme un autre. On mourait sans gémir. On tuait sans frémir. Comme ça. Ni chaud ni froid. On en parlait le soir en jouant aux cartes, en buvant de la bière. Pas normal, ça. Ça laisse des traces. Pas tout de suite. Après. Longtemps après. Quand ceux qu'on a tués viennent nous parler la nuit. Les spectres. Ceux qui marchent en traînant leurs boyaux, la tête sous le bras, ou qui la cherchent sous nos lits et la réclament. C'est leur vengeance. Ils y ont droit. Normal. Et nos nuits durent plus longtemps que leur agonie. »

A mesure que le récit avance, le texte prend plus d'ampleur et devient plus fluide, plus agréable à lire. Les personnages restent indécis et la tension monte progressivement, avant une fin inattendue et sans doute un peu trop précipitée.
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Je m'attendais à passer un bon moment avec ce roman très apprécié de Lucas Belvaux dont j'aime beaucoup les films.

L'idée de départ est originale, quoique morbide. Pourquoi pas : il faut accepter l'invitation de l'auteur et se laisser porter. C'est ce que je me suis dit au début.

C'est bien écrit, mais la narration alternée de chacun des trois personnages m'a paru un peu trop platement introspective. Il n'est pas facile, quand on met en place un scénario aussi pervers, de dessiner des types humains à la hauteur sur le plan artistique. Non que leur psychologie ne tienne pas la route ; d'ailleurs on n'attend pas des grands originaux, des désespérés ou des criminels qu'ils nous étonnent par des traits de caractère inédits. Mais justement l'art du roman se distingue de la psychologie, et ici je ne trouve que des réflexions et des sentiments qui s'enchaînent de façon un peu attendue sans autre arrière-plan.

Je ne suis pas émue, ni intéressée, rien ne m'accroche, et le pire est que je ressens la plus grande indifférence face à cette aventure. Trop d'introspection. Pas assez de retenue, trop bavard et explicatif.

J'abandonne vers la page 80. C'est un échec car j'aime le cinéaste. Je vais m'en tenir à ses films pour l'instant.

PS : je lis les commentaires de babeliotes qui confirment que le début du roman est un peu balbutiant et qu'il prend corps par la suite. J'ai donc repris le livre sur une vingtaine de pages, et non, je n'y arrive pas. Tant pis.

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Véritable claque dès les premiers chapitres - Coup de coeur 2023 ♥

Premier roman de Lucas Belvaux, qui signe un récit poignant, rythmé, viscéral, qui nous tient en haleine à travers le récit de chaque personnage, on les aime, on les déteste, on les comprend, on reste spectateur de cette transaction, de cette préparation, de cette chasse qui peut rendre invincible comme vulnérable, une proposition qui fait ressortir le meilleur comme le pire, un roman simple et fort, un roman comme je les aime, qui percute et nous laisse entre les mains des mots que nous avons eu plaisir de lire.

Merci à ma fabuleuse bibliothécaire d'avoir mis ce livre entre mes mains 🙌

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Soit trois personnages principaux : une femme aussi riche qu'énigmatique ; son homme de confiance ; un ancien légionnaire clochardisé ; le second approche le dernier avec qui il a partagé la vie militaire et lui propose de devenir le gibier de la première, dans le droit-fil du film des années 30 « les chasses du comte Zaroff » : une chasse à l'homme à l'issue de laquelle, si l'ex-légionnaire s'en tire vivant, il recevra une somme qui mettra sa famille à l'abri du besoin.

Ce roman et est un bonheur de lecture, organisé en chapitres brefs et nerveux, proposant alternativement les points de la chasseresse, de l'entremetteur, de l'objet de la chasse et de sa famille.

L'auteur ne s'appesantit pas sur les motivations de l'effroyable transaction et celles des personnages restent largement énigmatiques, ce qui rend l'ensemble d'autant plus audacieux.

C'est cinématographique sans être démonstratif, juste ce qu'il faut pour rendre la lecture palpitante et donner envie de lire la page suivante. Au final, ni rien ni personne n'est à juger dans ce marché cynique et immoral, reste un incroyable scénario et un premier roman au-delà du réussi.

Ce livre voyage dans le cadre des 68 premières fois, merci à l'équipe pour ces belles lectures et cette belle aventure.
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Lucas Belvaux est un acteur & réalisateur discret, mais qui sillonne dans le milieu du cinéma depuis de nombreuses années. La proposition d'un roman est une surprise dans laquelle il est agréable de se jeter. Les relations inter-humains sont au centre de ce récit haletant, dont l'écriture évolue au fil des pages. le début, évoquant un synopsis, est sorte de descriptif évoquant l'état des personnages. Pas de phrases conjuguées. L'histoire avance, Lucas Belvaux prend confiance en lui, le lecteur aussi, et ce duo peut avancer ensemble vers l'horreur inéluctable qui les attend. Un homme signe un contrat avec une femme richissime pour être sa proie, et la promesse d'un combat jusqu'à la mort. Cet ancien SDF en profite alors pour se reconstruire une image de père de famille auprès de ses enfants. Les mois passent, et la chasse est sur le point de commencer.
Alternant les points de vue, il est parfois difficile de s'y retrouver mais telle est certainement la volonté de l'auteur de nous laisser dans le doute à chaque début de chapitre. le récit, bien tenu, promet de bons face à face. On met du temps à réaliser que le face à face n'est pas le point essentiel de ce récit, mais la reconstruction d'un homme qui a tout perdu. Comment se faire aimer à nouveau? Comment promettre quand on a tout cassé?
Un récit bien écrit, au suspense bien dosé, qui doit son intérêt majeur à l'écriture de ses personnages, tous bien pensés.
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Skender et Max. Ils ont tout traversé ensemble, La guerre dans l'armée, celle dans la légion, les missions "spéciales"; Deux frères d'armes.
10 ans qu'ils ne s'étaient pas croisés, l'un a su trouver une reconversion, l'autre a perdu femme et enfants à cause des épisodes de stress post traumatique.
Max va présenter a Skender sa patronne qui va lui proposer un étrange marché.
Les personnages sont absolument incroyables, Max, Skender et Madame resteront longtemps dans la mémoire des lecteurs.
Un roman qu'on ne peut pas lâcher avant la dernière page.
Magnifique.
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le récit nous fait vivre l'impact d'un projet étrange (une chasse à l'homme) sur la vie, les pensées et le quotidien de cinq protagonistes: Skender, ancien légionnaire clochardisé, Max, majordome de Madame, veuve richissime, passionnée de chasse et Manon, femme de Skender, mère de ses deux fils Jordi et Dylan.
le roman nous propose alors une radiographie de la condition humaine, grâce à une plongée dans les pensées intimes de ces cinq personnages. Introspections métaphysiques qui donnent à voir la vie, la mort, l'amour, les enfants, la souffrance, les choix, l'argent, la honte, la nature…
La construction très originale nécessite un léger temps d'adaptation mais se révèle particulièrement efficace, elle soutient parfaitement l'écriture tendue et nerveuse, elle participe à entrainer le lecteur dans des abimes de perplexité.
Un roman qui m'a passionné de la première à la dernière page, qui utilise le regard intérieur plutôt que l'action, qui s'apparente davantage à un huis-clos qu'à un space opéra.
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C'est l'histoire d'une chasse à l'homme qui tourne à l'analyse psy. Trois êtres tourmentés, guidés par leurs traumas, qui s'unissent dans un but abject, puisant dans la profondeur humaine pour s'expliquer.

La chasseuse, « Madame », richissime et isolée, son fidèle homme à tout à faire, Max et Skender - son ancien ami de Légion -, SDF prêt à tout pour se racheter vis à vis de ses enfants et de son ex.
Oui, Skender est prêt à mourir pour qu'ils puissent hériter de la fortune que lui propose Madame. Les conditions sont posées et il a tout à y gagner : réhabiliter son image face aux siens en rattrapant ses erreurs ; tant pis s'il doit y laisser sa misérable vie.

Six mois de préparation - où aussi, il réapprend à vivre auprès des siens - pour un mois où il sera le gibier dans une réserve roumaine louée par Madame.

Le climat froid et tendu est prenant, aussi, on veut comprendre pourquoi Madame en arrive à cet extrême, elle qui n'a pas le profil de la diabolique millionaire qui tue par ennui.
Skender, lui, son choix s'explique vite, ce qui est intéressant c'est de voir son évolution durant les mois avant le moment fatidique.

Dur de conclure mon avis sans spoiler, mais pour faire évasif je dirais que la tournure de fin ne m'a pas satisfaite.

Cela étant, c'est tout de même une histoire très bien montée en termes d'ambiance et de scénario, l'aspect psy est captivant ; j'ai moins aimé la forme choisie,
faite de monologues internes et de phrases courtes, même si le style incisif du roman ne laisse pas indifférent !
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Le point de départ du livre est intéressant et original : l'organisation d'une chasse à l'homme. Trois personnages principaux : la chasseresse, la victime consentante et l'intermédiaire, un ancien légionnaire (et ancien chef de la victime) aujourd'hui employé par la riche commanditaire. On les suit depuis la proposition jusqu'au dénouement (je ne vais rien en dire, évidemment).
La narration utilise cinq narrateurs, dont les trois susmentionnés, et on change à chaque chapitre. On devine facilement de qui il s'agit après quelques lignes. Une bonne histoire, donc, mais que j'ai trouvé desservie par l'écriture, trop hachée à mon goût. Cela dit, ça m'a surtout gênée au début; une fois accrochée, j'y ai fait moins attention. Les thèmes abordés sont complexes et la narration multiple permet d'exposer les différents points de vue. Se mettre dans la tête de chacun des protagonistes évite tout manichéisme, même si la morale en prend souvent un coup.
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