J'ouvrirais ces fenêtres et escaladerais les murailles les plus hautes pour atteindre les cimes de la solitude, ma seule demeure, mon refuge, mon miroir et le chemin de mes songes.
La violence de mon pays est aussi dans ces yeux fermé, dans ces regards détournés, dans ces silences faits plus de résignation que d'indifférence...
Je savais qu'en disparaissant, je laissais derrière moi de quoi alimenter les contes les plus extravagants. Mais, comme ma vie n'est pas un conte, j'ai tenu à rétablir les faits et vous livrer le secret gardé sous une pierre noire dans une maison aux murs hauts au fond d'une ruelle fermée par sept portes.
Être une femme est une infirmité naturelle dont tout le monde s'accommode. Être un homme est une illusion et une violence que tout justifie et privilégie. Être tout simplement est un défi.
Le temps est ce que nous sommes. Il est sur notre visage, dans nos silences, dans notre attente.
C'est très important le rire, il brise le mur de la peur, de l'intolérance et du fanatisme.
"Mes lèvres sont tellement pures qu'elles se retourneront le jour où elles se poseront sur d'autres lèvres..."
Il avait entendu dire un jour qu'un poète égyptien justifiait ainsi la tenue d'un journal : " De si loin que l'on revienne, ce n'est jamais que de soi-même. Un journal est parfois nécessaire pour dire que l'on a cessé d'être. " Son dessein était exactement cela : dire ce qu'il avait cessé d'être.
Et qui fut-il ?
La question tomba après un silence d'embarras ou d'attente. Le conteur assis sur la natte, les jambes pliées en tailleur, sortit d'un cartable un grand cahier et le montra à l'assistance.
Il y a des gens qui hurlent quand ils menacent. La colère trouble leurs sentiments. Il y en a d'autres qui parlent sans hausser le ton et ce qu'ils disent vous atteint plus.
Je suis tombée comme une mauvaise pluie, celle que l'on n'attend pas, celle qu'on craint parce qu'elle pourrit les semences.