Partir ! C'est tout ce que vous avez trouvé comme solution. Regardez la mer : elle est belle dans sa robe étincelante, avec ses parfums subtils, mais la mer vous avale puis vous rejette en morceaux...
il vaut mieux partir du principe que l'homme est bon, s'il se révèle mauvais, c'est lui qui se fait mal. C'est une question de sagesse.
Suis-je raciste ? Peut-on être raciste contre son propre camp ? Pourquoi les Marocains m'énervent-ils autant ? Ils ne s'aiment pas, et pourtant dès qu'on émet la moindre critique sur leur pays ils se montrent susceptibles et se mettent en colère. Pourquoi est-ce que je préfère les éviter ? N'est-ce pas plutôt moi-même que j'évite, que je fuis ? Je suis dans la fuite. Et ce n'est pas très glorieux. Les Marocains que j'ai rencontrés hier me rappellent beaucoup trop ce que j'aurais pu devenir. Ils brassent du vent, vont et viennent comme une abeille dans un bocal où il n'y a plus de miel. Ils n'ont pas beaucoup d'imagination. Ils subissent, essayant de s'en sortir avec leurs petits trafics, pas grand-chose, à peine de quoi enrichir un paumé. Et pour ça ils ont besoin de recréer la joutya, le souk de la ville, se retrouver entre eux, même s'ils ne se supportent pas, et au moins se croire au village, se sentir à l'abri.
Il voulait se convertir par amour, étant persuadé en effet que c'est par amour, à cause ou grâce à l'amour que l'on entreprend les choses les plus importantes.
L'amour était plus fort quand il échappait à l'habitude. Pourquoi alors se marier? Pour ne pas rester seule?
Tu es le Maroc de demain, ce sont les femmes qui feront bouger ce pays, elles sont formidables, j'avoue même avoir un faible pour les femmes de ta génération, elles me plaisent et je leur fais confiance.
Imaginer un immense hammam qui serait la Cité des femmes, avec des voiles de vapeur, avec cette semi-obscurité qui pousse à la confidence, qui libère la parole, avec des circuits clandestins, des sous-sols, des tavernes, des antichambres pour la sexualité enfin libérée, sans entraves, sans jugement moral, dans pudeur. Les femmes se retrouveraient là pour organiser autrement les relations sociales, en tous cas les relations hommes-femmes, ce serait une jolie révolution.
Tu sais, ma grand-mère, parce qu'elle venait de la campagne, portait le haïk. On aurait dit un linceul ample, un grand morceau de tissu en coton blanc dans lequel elle s'enroulait. À l'époque, personne ne critiquait le port du haïk, c'était naturel. Ma mère a porté la djellaba sans le voile, et ne nous a jamais demandé de nous voiler malgré les remontrances de mon oncle émigré en Belgique. Quand il venait en vacances, l'été, il nous donnait des leçons de morale. Cela me faisait doucement rire, car ses filles fumaient en cachette, avaient un petit ami, etc. Elles n'obéissaient à leur père que pour faire ce qu'elles désiraient en toute tranquillité. Je déteste cette hypocrisie. Soigner les apparences et faire des cochonneries en douce, c'est ça le Maroc qui m'énerve.
« Vous savez, il vaut mieux partir du principe que l’homme est bon, s’il se révèle mauvais, c’est lui qui se fait mal. C’est une question de sagesse. » (p. 273)
...les salauds vont au paradis après avoir créé l'enfer !