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Critique de cecilestmartin


J'aime Jeanne Benameur, la façon dont en quelques lignes elle nous entraîne dans une histoire, campe un environnement si authentique, décrit des sentiments et des situations qui font écho au plus profond. Son humanité, sa sensibilité et, à la fois, la possibilité qu'elle nous offre d'être aussi spectateur pour ne pas être totalement engloutie. D'emblée, j'ai été happée par le style et la profondeur du propos.
C'est un roman rédigé au présent, comme pour nous prendre à témoin, pour nous interpeller, faite oeuvre de partage. Pas de nom ou de prénom des protagonistes quasiment jusqu'à la fin sans que cela n'empêche le moins du monde de développer une profonde sympathie pour eux mais des archétypes si vivants, si humains : la proviseur - capitaine d'un bateau qui se voudrait voilier, le prof de français qui a perdu son souffle, la documentaliste si pleine d'espoir qui met la créativité au coeur de son activité, la prof de SVT, novice qui souffre, et les élèves... adolescents qui espèrent ou qui n'y croient déjà plus, plombés par la reproduction des inégalités, par leurs origines et l'incompréhension des codes qui régissent cette micro-société, des collégiens pas dans la norme et pourtant si prometteurs.
Jeanne Benameur nous immerge une journée dans la vie d'un collège de banlieue, pas n'importe laquelle, celle qui s'achève sur le conseil de classe des 3ème – échéance qui cristallise les angoisses de chacun. Autour du sort de quelques élèves, certains enseignants vont se révéler, retrouver leur souffle et ce qui fondait à l'origine leurs motivations à transmettre, d'autres – pour des motifs qui s'inscrivent aussi dans leur histoire – seront prêts à appliquer la règle bête et méchante, annihilant tout postulat d'éducabilité, refusant à l'autre la possibilité de changer, d'évoluer, neutralisant tout espoir d'avoir un avenir meilleur. Véritables censeurs, ils décideront qui peut avoir un avenir et qui subira la relégation, toujours la même.
Ce titre, en forme d'interrogation est – comme souvent chez l'auteur – polysémique. le corps enseignant est-il présent au monde, à la société ou reclus dans un son propre système, pris dans ses paradoxes ? Les enseignants sont-ils présents à eux-mêmes, à leur vocation initiale (si elle a existé) ou se sont-ils perdus en chemin ? Travaillent-ils pour le présent – notes, programmes - où sont-ils des facilitateurs d'avenir ? Et les collégiens, pris dans l'immédiateté, souvent en peine pour se projeter, l'adolescence ne s'y prêtant guère, leur présence physique suffit-elle à ce que le temps de ma scolarité les constitue en adultes ?
C'est juste un livre formidable, plein d'espoirs, qui pose un doux - mais lucide - regard sur une institution qui peine parfois à jouer son rôle.
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