Je suis allé me servir un verre. Tout le monde buvait des Malibu, ou des whisky-coca. Je me suis servi un whisky sec que j'ai avalé d'un trait, sans savoir que je répéterai souvent ce geste pour me donner du courage.
Nous avons croisé nos visages et mélangé nos regards. Nos coeurs se sont évanouis ensemble.
Et notre baiser fut le premier du monde.
Ce que l'on imagine est rarement la réalité. On est souvent déçu. Ce que l'on croit immense est juste grand. Ce que l'on rêve magnifique est juste beau. Et la télévision y est pour beaucoup de cette extrapolation.
Mais la télévision est un mensonge, et le monde la vérité.
On a pris une bonne résolution avant la rentrée des classes. Economiser toute l'année pour se payer un voyage à Tahiti.
Manu nous a dit le prix d'un billet. Et on a calculé qu'on ne pourrait partir que dans vingt ans.
On a décidé d'économiser quand même et d'aller ailleurs.
Nous ne le savions pas encore, mais l'été suivant, nous allions passer les plus belles vacances de nos vies.
A Dunkerque.
Fallait pas être médium pour prévoir que Karim avait plus de chances que Dédé. Il mesurait un mètre quatre-vingts, taillé dans le marbre, avec une gueule de prince d'Egypte, et une classe d'Anglais. En plus Karim ne parlait pas beaucoup, ce qui plaisait aux filles et activait leur imagination.
Dédé n'avait pas de taille précise, du fait qu'il se tenait comme un bossu, épais comme un mur d'immeuble, une gueule de terrain vague, et l'allure d'un crabe.
(dans la cité à la recherche d'un lama échappé du cirque)
Daniel a dit :
- On cherche par où ?
Dédé a répondu :
- Si t'étais un lama, où te cacherais-tu ?
- Chez ta mère ducon !
- Et pourquoi t'irais chez ma mère connard ?
- Parce que j'aurais toujours l'impression d'être au cirque !
Les rêves voyagent avec nous, ils laissent des portes ouvertes où nous sommes allés.
Ce gars avait gardé le soleil de son île sur sa peau, et c'était peut être pour cela que nous restions gris comme un mur d'école.
Au début, il avait pensé avoir de la chance d’être tombé sur une si jolie fille, et puis il s’était attaché à elle et à sa folie.
Plus les battements d’un cœur sont détraqués, et plus certains êtres s’y accrochent dans l’espoir de les réparer.
Mais ce soir c'est le mois de juin ... il fait chaud ... et je vais m'habiller .... mettre mon plus beau tee shirt ... froisser mon jean ... faire briller la virgule de mes Nike ... me coiffer en arrière ... me servir du rasoir de mon père ... et je vais sortir ... oui ... je vais partir ... et ne m'attendez pas ... ne m'attendez plus ... et si je ne meurs pas dans la nuit ... je serai un autre demain ...