Lorsqu'il apprend le décès de son père et malgré leurs liens distendus par le silence, les non-dits et les peines, le narrateur revient à Trappes, la ville de son enfance.
Aidé de ses soeurs, il vide l'appartement qui a été témoin de leur vie familiale et dans lequel son père aura rendu son dernier soupir. Derrière un carreau cassé de la baignoire, le narrateur découvre un grosse enveloppe contenant des cassettes audio datées. Ce sont les cassettes que son père adresse à son grand-père resté au Maroc, il y retrace sa vie en France, année après année. le narrateur se plonge alors dans la voix de son père, retraçant une vie de labeur, des espoirs étouffés et des silences protecteurs.
Dans une écriture fluide, juste, pleine de finesse, le roman livre un véritable hommage à nos pères qui ont bravé l'exil, la pauvreté, les discriminations et la solitude pour un lendemain meilleur ; et qui ont tût leurs soupirs pour préserver leurs parents restés au pays et leurs enfants à élever.
Construit sur des courts chapitres, mêlant les temporalités, le roman dévoile au fur et à mesure des écoutes et des échanges avec ceux qui l'ont connu, le portrait du père. A la fois fier, engagé, respectueux et aimé, un homme que le narrateur découvre et qu'il finit par comprendre. Une manière de faire le deuil d'un père pudique étouffé par ses silences mais qui n'a jamais cesser d'aimer les siens.
Les silences des pères, c'est une ode universelle à tous ceux qui se sont sacrifiés avec beaucoup de dignité et de pudeur pour une vie meilleure.
Un roman subtil, sublime, superbe ! Grand coup de coeur (mais c'est presque habituel pour les romans de Rachid Benzine)
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