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4,08

sur 599 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je découvre l'auteur grâce à ce roman. Un livre qui m'a littéralement chamboulée, une histoire poignante, bouleversante, émouvante, touchante, pas assez de mots pour décrire mon ressenti,
Amine, reçoit un appel téléphonique lui apprenant la mort de son père, cet homme qu'il n'a pas vu depuis une vingtaine d'année . IL doit vider son appartement , et là il découvre une série de K7, qui sont datées , enregistrées par son père. Il entend sa voix, ce qu'il apprend est loin de l'image qu'il avait de lui. L'histoire de débute en 1965, suite au départ du Maroc vers la France. Ses parents ne sachant pas lire, il choisit de s'enregistrer, et raconter son quotidien, sa vie, ses amours,ses amitiés, Il a un grand respecter , pour sa mère et son père. Amine découvre une histoire qui le touche en plein coeur , un véritable uppercut. Il part en quête des personnes qu'ils ont connu, il réalise , qu'il ne connaissait pas cet homme qui a ouvré toute sa vie pour le bien être de sa femme et de ses enfants, leur assurer une vie resplendissante, et un avenir prometteur . Amine est déstabilisé, il découvre cet homme qui a tu son passé, qui a avancé son parcours en France, mais son coeur reste toujours au Maroc. L'auteur signe un roman époustouflant, intense en émotion. La plume est sensible subtile , tout est écrit avec une grande pudeur. " Les silences des pères" où plutôt "Le silence du père", prend tout son sens au fur et à mesure de la lecture. Un roman court puissant , qui m'a hypnotisée jusqu'au final.
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Vingt-deux ans que Amine n'a pas revu son père, ce père qui vient de décéder en cette mi-avril 2022, à l'âge de quatre-vingt quatre ans.
« Il a fallu qu'il meure pour que je revienne », c'est ainsi qu'il s'exprime de retour à Trappes pour assister aux funérailles. Il s'agit pour lui à la fois de son père et d'un étranger.
Mais en débarrassant l'appartement, il découvre par accident, une lourde enveloppe cachée sous la baignoire contenant une quarantaine de cassettes audio avec sur chacune, mention d'une année et d'un lieu. L'enregistrement le plus ancien date de 1965 et le plus récent de 2006. Il extrait également un magnétophone enregistreur.
Dès la première écoute il se rend compte qu'il s'agit de cassettes enregistrées par son père et adressées à son propre père resté au pays, au Maroc. Cette première cassette fait référence à un ami d'enfance. Il recherche et trouve une adresse d'un foyer de Lille et décide de s'y rendre.
Il apprend alors comment son père, alors jeune homme de dix-neuf ans et son ami Driss dont les familles respectives peinaient à survivre, avertis de la venue de l'« Homme de la mine », avaient parcouru depuis leur village, une centaine de kilomètres à pied et attendu plusieurs heures sous un soleil de plomb avant d'être admis au bagne des houillères : une sélection rappelant le marché aux esclaves.
« Un voile pudique et silencieux recouvrirait par la suite la souffrance de leur exil. »
Ils arrivèrent donc dans le nord de la France à Lens, dans les mines de charbon, sans savoir que leur premier travail allait consister à prendre la place de grévistes.
Au hasard des témoignages recueillis auprès d'autres amis de son père, il apprend comment celui-ci, après avoir été une gueule noire est devenu une gueule grise lorsqu'il est parti travailler dans une cimenterie d'Aubervilliers en région parisienne, comment il a fait connaissance ensuite avec un producteur et éditeur de musique, puis s'est retrouvé chez Lip à Besançon ou encore à travailler la terre dans le sud de la France avec des Algériens et des Harkis.
Lui qui est devenu un pianiste classique de renommée internationale finira-t-il par comprendre comment une cassette de l'enregistrement du concert donné à Cologne par Keith Jarrett avait pu atterrir chez son père et pourquoi tous deux étaient accros à cette mélopée?
À mesure qu'il découvre l'histoire de son père, il comprend mieux le temps des silences de cet homme duquel il s'était éloigné. Boualem, un autre de ses amis encore en vie lui a d'ailleurs fait comprendre que si les jeunes ne connaissaient plus ces histoires, c'est parce que les vieux comme son père ont voulu que toutes les souffrances, tout ce qu'ils ont subi, s'arrêtent avec eux.
Autant de rencontres et de découvertes qui font qu'Amine a le sentiment d'avoir été trompé, que son père était différent, que c'était un autre homme.
Son trouble sera à son apogée lorsque dans une cassette, il entend son père amoureux demander à son propre père l'autorisation d'épouser une Française qu'il aime...
En entendant l'histoire de son père, il entend le sens de ses silences.
170 pages seulement et pourtant que d'enseignements à retirer de ce roman !
En prenant comme héros de son roman, cet immigré marocain, Rachid Benzine permet de remettre en mémoire ce pan historique que nous avons un peu trop vite oublié, cette convention bilatérale sur la main d'oeuvre signée entre la France et le Maroc, juste après l'indépendance. Les Charbonnages de France ayant obtenu un permis de recruter à grande échelle opéraient une multitude de sélections dans les villages et les souks, puis embarquaient cette main-d'oeuvre docile et précarisée, un élément de gestion de la production du charbon :
« Avec du ciment et des immigrés, voilà comment on a tout reconstruit. Des milliers de forçats affamés. »
C'est aussi l'entrée en nombre des femmes dans le milieu du travail, le développement du cinéma militant mais aussi ces camps de Harkis, ces Algériens qui se sont battus aux côtés de la France, ont perdu la guerre, leur terre et vivent maintenant comme des exilés, qui sont abordés lorsque l'homme arrive chez Lip en 1973.
Ce roman, s'il transcrit avec beaucoup de pudeur, ces silences, ces non-dits entre le père et son fils, ces silences souvent mal interprétés, ce sont aussi ceux de la société française au sujet de l'immigration depuis le début des Trente Glorieuses.

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"The Sound of Silence"

Le silence pour laisser les notes flotter...

"Certains compositeurs affirment que la musique se trouve entre les notes."

La musique a été le seul moment de communion entre le narrateur et son père aujourd'hui décédé.
Il éprouve du ressentiment envers ce père trop silencieux. Un père étranger, exilé de sa terre natale mais surtout exilé de sa propre famille.
Une famille qu'il estime avoir trahie par un silence impardonnable lors du décès accidentel de son frère.

Le narrateur est à présent devenu un pianiste de renommée internationale. Il a pris ses distances avec ses proches. Loin des yeux, loin du coeur.
Le décès de son père l'oblige à revenir à Trappes. Il s'y rend à contrecoeur pour y effectuer les formalités d'usage.
En débarrassant les affaires de son appartement, il découvre une enveloppe contenant de nombreuses cassettes audio. En les écoutant, il s'aperçoit que c'est l'histoire de son père qui défile.Toute une vie d'immigré qui resurgit du passé et qui l'emmenera à parcourir la France du nord au sud pour enquêter sur un père différent de ce qu'il imaginait..et finalement comprendre le sens de ses silences...

Un style sobre pour évoquer tout en pudeur une relation entre un père et son fils rendue difficile par les non-dits et les malentendus. Des silences qui nourrissent l'imaginaire et modèlent la réalité.
Ce roman émouvant nous invite à écouter plus attentivement ces silences qui en disent parfois beaucoup.
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Après "Voyage au bout de l'enfance" qui m'avait beaucoup touchée, je découvre aujourd'hui "Les silences des pères", roman poignant dans lequel j'en ressors tout aussi troublée.

Après vingt ans d'absence, un fils apprend par téléphone le décès de son père, avec qui il n'était pas fâché mais que les non-dits et les silences ont fini par éloigner. de retour à Trappes pour les obsèques, ce fils (dont on ne découvre le prénom qu'à la fin) trouve une enveloppe emplie de K7, cachée dans un renfoncement de la salle de bains. Chaque K7 est étiquetée d'une année et d'un lieu.

La première K7 débute avec l'année 1965, dans le Nord de la France. Un jeune travailleur immigré s'enregistre, il parle à son père resté au Bled avec le reste de sa famille. À cette époque, tout le monde n'a pas le téléphone, tout le monde ne sait pas lire non plus, alors on s'enregistre et on l'envoie à la famille comme on le ferait d'une lettre. le jeune ouvrier raconte les conditions de travail à la mine, à la cimenterie, dans le bâtiment, la façon dont ils sont reçus et perçus par les Français, les douleurs de l'exil, les désillusions, ses amours, son mariage, ses enfants...

... que l'un d'eux est en train d'écouter justement. Au fil des K7, ce fils en plein deuil se déplace aux quatre coins de la France pour y rencontrer les personnes que son père nomme dans ses enregistrements. Ce père, qu'il a toujours connu silencieux et taiseux, il a l'impression de ne pas le (re)connaître. Quel jeune homme était-il ? Que s'est-il passé pour qu'il s'enferme dans ses silences ?

Au fil des K7 et des rencontres, le fils part à la recherche de l'homme qu'il ne connaît finalement pas, pour y découvrir les difficultés et obstacles qu'il a rencontrés, les drames et les douleurs qui l'ont touché de près. Il va y voir un homme loin d'être aussi insensible et taciturne qu'il l'avait toujours cru.

"Les silences des pères", c'est le temps du deuil et des regrets, le temps de l'écoute et de la découverte. C'est un retour dans le passé. Y sont abordés les notions de sacrifice, d'amour paternel et de relations père/fils, on y parle aussi d'immigration et d'intégration, de conditions de travail des travailleurs immigrés et de leur exploitation.

L'auteur nous livre un récit poignant, court mais intense, tout en sensibilité et émotions, douloureux et lumineux tout à la fois, avec des personnages traités en profondeur sachant nous toucher au coeur.

Un très très bon moment de lecture.
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Un fils a perdu son père, ils n'étaient pas proches et le fils lui en voulait, à son père, de son silence. Après avoir vidé l'appartement, presque par hasard, il découvre une enveloppe avec un magnétophone et des cassettes, ce sont les messages que le père envoyait à son propre père resté au Maroc.

Les silences des pères de Rachid Benzine raconte la quête d'un fils pour retrouver le parcours de son père. Dans les années 1970, alors jeune homme de dix-neuf ans, il est venu travailler en France, pour soutenir sa famille.

Pas vraiment un thème de tourne page, et pourtant ! Je n'ai eu de cesse d'avancer dans le livre. Ce qui a dominé ma lecture a été l'émotion, la tristesse pour ce fils qui n'a pas connu son père, l'indignation et enfin la révolte. Comment a-t-on pu traiter des êtres humains d'une telle façon ? Et enfin du soulagement quand j'ai compris que le fils avait, par-delà la mort, retrouvé son père.
Mais faut-il attendre la mort de ses parents pour les découvrir ?

Lien : https://dequoilire.com/les-s..
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Sa mère était sa voix, elle parlait pour lui, lisait à travers ses non-dits, comprenait ses soupirs. Des années qu'il ne l'a pas vu, qu'il se refuse à le voir. Il a fallu qu'il meure pour qu'il revienne à Trappes, la ville de son enfance. C'est à la fois son père et un étranger qui est mort. En triant ses affaires, Amine découvre une enveloppe contenant des cassettes audios, la voix de son père chaude, profonde, posée. Il s'adresse à son propre père resté au pays. Encore, aujourd'hui, jusque dans sa tombe, il était un exilé, il s'est enfermé dans un monde où ses enfants n'avaient pas de place : celui de son enfance, de sa famille, de sa terre. Il avait vécu toute sa vie, en rêvant qu'il était toujours au Maroc.

Le récit d'un fils qui découvre, après sa mort, que son père était différent, que c'était un autre homme. À travers les enregistrements, mais aussi la rencontre de ses anciens amis, de ceux qui l'ont connu, qui ont partagé les galères, les luttes. Se dessine alors le portrait d'un ami sûr, d'un frère, d'un combattant contre l'injustice, d'un mélomane. Amine comprend à travers les blessures de son père les raisons de son mutisme.

Ce roman d'une grande beauté nous conte la vie de ces travailleurs venus d'ailleurs pour accomplir en France les tâches les plus dures. Partir en France pour aider sa famille qui peine seulement à survivre, se sacrifier. La mine, les humiliations, les pressions, les ratonnades. Vivre dans un taudis insalubre, tous entassé là sans intimité. L'usine, la solidarité entre ouvriers, renoncer à un amour impossible avec une Française, non musulmane, obéir à son père. Garder sa paye pour l'envoyer au bled.
L'écriture est simple, pudique, avec des mots de tous les jours qui collent au récit et à la personnalité de ce père. Une belle histoire d'amour filial. Un roman émouvant qui comporte peu de pages mais qui est d'une grande richesse.



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Ce père que je ne connaissais pas

Toujours aussi bouleversant, Rachid Benzine raconte dans son nouveau roman comment un fils découvre, après sa mort, la vraie vie d'un père qu'il avait choisi d'oublier. Sa quête devient alors le plus beau des hommages... posthume.

Le narrateur, grand pianiste, ne comprend l'urgence de l'appel de sa soeur que lorsqu'il quitte la scène. Son père, qu'il n'a pas vu depuis des années, vient de mourir. En se rendant à Trappes, dans la cité où il s'était promis de ne jamais revenir, il envisage d'assister aux obsèques avant de repartir pour sa tournée de concerts et un enregistrement prévu de longue date à Berlin.
Un peu gêné quand l'imam lui indique que c'est à lui de procéder à la préparation du corps, il se retrouve en présence d'un homme qu'il avait choisi d'oublier, mais dont il se rend compte qu'il ne savait pas grand-chose, lui qui restait muré dans ses silences.
C'est la découverte, derrière un carreau descellé de la salle de bains, de cassettes soigneusement emballées et datées et d'un magnétophone, qui va lui permettre de combler ses lacunes et de découvrir le vrai visage du défunt.
C'est en 1065 qu'il débarque en France, après avoir été sélectionné par l'émissaire des charbonnages de France. Ce dernier avait sélectionné le sud marocain pour trouver de la main d'oeuvre dure au travail et docile.
Lorsqu'il arrive à Lens, il vient - sans le savoir - briser une grève en remplaçant les mineurs qui revendiquent de meilleures conditions de travail.
Pendant des années il racontera son quotidien à son père. S'il ne se plaint jamais, c'est entre les lignes que l'on comprend ses difficultés et la nostalgie d'un pays qu'il ne reverra jamais.
En écoutant les cassettes dans leur chronologie, son fils comprend qu'il lui manque une grande partie de son histoire et va alors éprouver le besoin de retrouver les hommes et les femmes qui l'ont côtoyé, qui pourront lui permettre de comprendre comment il a pu s'extraire de la mine pour une usine à Aubervilliers, puis une autre à Besançon, l'emblématique fabrique de montres Lip.
Au fur et à mesure que les pièces du puzzle se rassemblent, son opinion va radicalement changer. Notamment lorsqu'il découvre l'histoire d'amour qui va tourner au drame lorsque son père lui refuse le mariage. Résigné, le fils abandonne son projet et trouvera plus tard une "épouse de compensation", la mère de ses enfants.
C'est aussi là une raison de son mutisme. Des blessures qui marquent et qu'on sait ne pouvoir partager.
Rachid Benzine, de sa plume élégante et pudique, dit en phrases simples ce destin douloureux et cette envie de reporter tous ces rêves de réussite sur sa progéniture. Car le père a compris que lui n'aura que la souffrance, la douleur de l'exil et l'espoir que la génération suivante viendra effacer sa peine. Tout aussi bouleversant que Voyage au bout de l'enfance, son précédent roman qui parlait lui aussi de l'arrachement à sa terre natale, ce roman s'inscrit tout à la fois dans ces oeuvres qui racontent l'immigration et le monde ouvrier des Trente glorieuses, de Élise ou la vraie vie de Claire Etcherelli à L'art de perdre de Alice Zeniter ou nous près de nous au Ventre des hommes de Samira El Ayachi qui a elle aussi un père mineur de fond. Mais on pense aussi à L'étranger d'Albert Camus, si proche par la thématique mais aussi la langue. Magnifique.



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Un fils apprend au téléphone le décès de son père. Ils s'étaient éloignés, un malentendu, des tragédies de la vie (un jeune frère mort accidentellement, la mère disparue des suites d'un cancer, des vies totalement différentes), puis des silences, et la distance alors infranchissable.

Ce père, dont il ne connaissait que les silences, il va en redécouvrir la voix à travers des cassettes hors d'âge que celui ci envoyait à son propre père .

Au terme de ce voyage qui l'am"nera des mines du Nord aux champs de Harkis en Camargue, il entend la voix de ce père et l'histoire de ce mutisme qui arriva qu'une fois après avoir traversé l'Histoire et ses drames.

"Ma mère était sa voix. Elle parlait pour lui, lisait au travers de ses non-dits, comprenait ses soupirs."Avec pudeur, nostalgie, sincérité et parfois avec rancoeur le narrateur raconte son père le taiseux

Son père l'immigré, il la raconte dans ses enregistrements à travers sa jeunesse, ses espoirs et ses sacrifices...

Après Ainsi parlait ma mère, et Voyage au bout de l'enfance , Rachid Benzine continue d'imprimer sa marque et sa petite musique qui parvient à être à la fois intime et lyrique, hyperéaliste et ample dans un même élan.

Il livre en cette rentrée littéraire un texte d'une tendresse absolue et nous livre une quête captivante et poignante à la recherche de soi et de ses racines sur l'incommunicabilité entre les générations.

La qualité de plume du romancier, également chercheur associé au Fonds Ricoeur, est incontestable.

Roman du deuil et du déni, le silence des pères est un de nos premiers groups coup de coeur de la rentrée littéraire.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un auteur que j'aime beaucoup, ces livres sont remplis d'émotions, une écriture magnifique, des sujets très forts.

Un roman qu'Amine dédie à son père. Ce fils d'exilé à quitter Trappes il y a 22 ans, il n'y est jamais retourné, il est devenu un grand pianiste renommé, il voyage beaucoup et n'a jamais revu son père.

Un coup de téléphone de sa soeur, lui apprend son décès, après toutes ces années, il pensait qu'il n'était plus là. Un immense fossé s'était creusé, suite à des malentendus, une absence de dialogues.

Il revient pour l'enterrement, mais il ne se sent guère concerné. Il n'ose pas dire à ses soeurs. « Que leur deuil n'est pas le sien. Que pour pleurer quelqu'un, il faut l'avoir aimé. Que pour regretter un mort, on doit éprouver plus que des regrets. Que la mort n'annule pas tout. »

En aidant ses soeurs à vider l'appartement, il découvre sous la baignoire, une grosse enveloppe contenant une quantité de cassettes audio, sur chacune, une étiquette qui porte la mention d'une année et d'un lieu : 1995 – 1971 – 1988 – 1965 - 1982 – 2000…Lille – Besançon –Trappes – Saint-Laurent des-arbres – Barbès, ainsi qu'un magnétophone. Il enregistrait les moments importants de sa vie pour son propre père qui ne savait pas lire.

Grâce à l'écoute des cassettes, des témoignages, auprès d'amis de son père qu'il rencontrera, il comprendra enfin sa valeur. Un ami fidèle, qui luttera pour la défense des travailleurs étrangers, un homme courageux, il adorait sa famille, mais il était taiseux.

Hadj Driss Benzine, quitte le Maroc à 19 ans, pour aider sa famille. Une vie de durs labeurs, mal payé, le racisme, de dures épreuves le plongeront dans le silence. Un amour malheureux, l'obéissance à son père, petit à petit il se repliera sur lui-même, ne dira plus un mot et cela l'éloignera à jamais de son fils, qui ne comprendra pas pourquoi il ne parlait plus. Les répercussions sont hélas terribles, il n'y a plus que les regrets.

Un très beau roman, touchant, émouvant. Lisez-le.
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Ce petit roman m'a touché au coeur…comme un uppercut et cela ne m'arrive pas souvent, mais je l'ai fini avec de grosses larmes.

Je n'en avais pas entendu parler, je ne l'aurais sûrement jamais lu si on ne me l'avait pas offert. Comme quoi parfois, on trouve sur son chemin le récit qui nous touchera au bon moment.

De quoi s'agit-il ? D'un fils d'un immigré marocain qui est devenu un très grand pianiste. Il a grandi à Trappes mais s'est éloigné de sa famille et de son milieu d'origine. Surtout de ce père trop taiseux, qui ne s'est pas révolté après un drame familial et qu'il méprise de ce fait. Il ne revient que pour son enterrement, il ne le côtoie plus depuis des années, et à cette occasion, il trouve de vielles cassettes audio dans lesquels le père raconte sa vie à son propre père resté au bled. Ces écoutes vont piquer sa curiosité et lui faire mener l'enquête auprès de ceux qui ont connu son père jeune.

Peut-on connaître et comprendre la vie intime de ses parents ? Qui peut imaginer comment ils ont pu être avant notre naissance et quels auront été leurs rêves avortés ou réalisés ? Savons-nous s'ils nous ont aimé, mal ou bien ? Ces sujets parleront à tous, et en ce qui me concerne, c'est plutôt le silence des mères.

Le récit est court et tout en retenue, ce qui le rend d'autant plus émouvant. On pourra lui reprocher d'être un peu lapidaire et surtout, de présenter quelques incohérences entre le père fantasmé par le fils et celui qui est raconté par les tiers. Mais ces défauts m'ont semblé mineurs tant il m'a ému. J'en ressors chamboulée.
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