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Critique de kedrik


kedrik
08 septembre 2011
En 1959, Louis Pauwels et Jacques Bergier ont inventé le réalisme fantastique. Ce mouvement se veut une étude des choses délaissées par la science. Et c'est un champ de recherche assez vaste : OVNI, alchimie, Terre creuse, transmission de pensée, Atlantide... Bref, Pauwels et Bergier étaient en quelque sorte deux Mulder qui voulait y croire. Et leur livre, le matin des magiciens, est un genre d'introduction à ces multiples facettes de la parapsychologie. C'est un catalogue d'étrangetés aux références douteuses, ou absentes avec en prime des explications fumeuses, des supputations bancales et un enthousiasme inquiétant. Un livre de plus de 600 pages qui mettent côte à côte Lovecraft, Tolkien, Himmler, Descartes et Einstein dans une farandole de charlatanisme scientifique mu par un seul leitmotiv : ce que la Science n'explique pas peut sans doute être analysé en impliquant le pouvoir des pyramides, la date de naissance d'Hitler convertie dans le calendrier moldave du 12ème siècle ou le testament secret d'un alchimiste soviétique...

À lire comme un roman, c'est très rigolo. Ça me rappelle mes jeunes années, quand Jean-Claude Bourret était l'apôtre des OVNI. Comme pas mal de monde, j'ai eu ma période où je lisais des livres alchimiques signés par Albert le Grand, de la SF russe et des ouvrages qui prétendaient éduquer le lecteur sur les mystères du monde (les pyramides qui permettent d'aiguiser une lame de rasoir, le code secret de la Bible, le trésor des Templiers, la recherche de la chouette d'or...). Et ce livre est un peu à l'origine de ce mouvement parapsychologique. Il est tout imprégné des délires de 1959, en particulier l'énergie nucléaire qui obnubile les auteurs. le lire permet de retourner aux sources de cette soif du mystérieux qui existe dans le coeur de tous les lecteurs d'Elisabeth Teissier ou du fan club de Raël.

Mais entre deux tranches de cynisme rigolard, j'ai été nettement refroidi par certaines approches théoriques. Je suis sans doute un indécrottable matérialiste, mais quand on essaye de m'expliquer qu'Hitler était en fait motivé par des buts ésotériques et que les camps d'extermination n'étaient que la partie émergée d'un iceberg encore plus sombre, je peine à accepter ce genre de réécriture. Autant prétendre que les Mayas maîtrisaient la fusion à froid m'indiffère, autant vouloir expliquer ce genre d'inexplicable me hérisse le poil. Même en tant que simple exercice intellectuel, je trouve l'explication surnaturelle du nazisme assez nauséeuse. Cependant, les deux auteurs avaient la vingtaine à l'époque de la seconde guerre mondiale, je peux comprendre que des témoins directs aient besoin de trouver une logique, même absurde, à la Shoah.

Quand à moi, en gentil cartésien obtus que je suis, j'accole volontiers l'étiquette de syncrétinisme à ce salmigondis surnaturel.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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