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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Dans son troisième roman, Boris Bergmann nous (ra)conte trois destins emblématiques, entremêlés par la même quête d'identité et cette volonté d'occuper une place importante dans ce monde

Il tisse, un peu comme le faisait un artisan des canuts, des liens entre ces destinées en apparence que tout éloigne et qui finalement sont liées par un même désir et quête de liberté trois mêmes visions d'une même passion.

Trois époques, trois exils, qui sont tous habités par une colère sourde qui les poussera à faire des choix qui scelleront à jamais leur destin.

Chacune de ces trois voix va livrer son propre combat avec une volonté farouche d'exister.

Raconter une histoire en trois époques, trois vies, trois destins qui s'entrelacent avec une plume imagée et puissante , voici le défi réussi de Boris Bergmann
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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B.Bergman n'en est pas à son premier roman , et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il a du talent, ancien pensionnaire de la Villa Medicis en 2018, il a déjà reçu quelques lauriers.
Ce bras et cette main qui se tendent sur la couverture rappellent "la création d'Adam" de Michel-Ange et démontrent la passion de 3 jeunes hommes, Lorenzo pour la Beauté, Baptiste pour changer le monde, et Tahar pour faire quelque chose de l'exil, en des lieux et des époques différentes.D'où l'universalité de la fougue de la jeunesse.
De leur enfance , au déroulement de leur vie avec toutes les vicissitudes rencontrées; on suit Lorenzo le jeune italien qui à l'époque de la Renaissance arrive à Rome puis au Vatican, baignant dans les oeuvres des Maîtres, qui brûle de passion de peindre et d'aimer jusqu'à s'y perdre.
Baptiste,parisien, jeune fils de bonne famille destiné à suivre les traces de son père, qui, en 1967 , s'encanaille et s'émerveille pour des pré-révolutionnaires, il casse son chemin pour le regretter plus tard et à quel prix.
Tahar , jeune garçon marocain banni par son père pour une faute dite d'honneur;il va connaître le périple misérable des immigrés.Alors que son avenir s'éclaircit, il chute, mais pourra peut-être se relever.
Tout cela est écrit avec fougue et passion, chaque vie racontée appelle à tourner la page.
Je comprends bien le dessein de l'auteur, être au plus près de ces jeunes gens , traquer les similitudes de leur désir, la construction du livre le prouve avec talent:
Chacun des 21 chapitres qui rappellent une partie du corps( la main, les seins, etc... )est composé de 3 parties consacrées à chaque jeune homme. : Lorenzo- Baptiste- Tahar.
Pour faire court, pour suivre les péripéties de l'un , il faut lire entre temps celles des 2 autres.
Si on a la chance de pouvoir lire longtemps: parfait, sinon je crains que ces chapitres morcelés demandent des efforts de mémoire assez soutenus...peut-être. D'où 4 étoiles.
Merci aux Edts Calmann-Levy et à NetGalley pour leur confiance renouvelée. Parution le 19/08/20

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La délicate et actuelle photo du bandeau du livre évoque « La création d'Adam» chef-d'oeuvre de Michel-Ange.
Boris Bergmann a écrit son troisième roman durant son année de résidence à la Villa Médicis à Rome.
Il conte l'histoire de trois destinées alternant époques et lieux.
Trois histoires entrelacées se font écho, conjuguées avec une partie du corps pour chacun des chapitres.
Le désir profond d'absolu.
Des corps qui se rencontrent.
Le feu de la passion les prend, ils succombent à la chair qui les en délivre, ou les brûle.
Les corps s'insurgent. Rébellion de la jeunesse. Découverte de la sexualité.
Des corps consumés qui se révoltent, puis s'enlisent.
Des personnages qui, confrontés à leurs démons, étreignent colère et rage. A tout prix, ils cherchent à donner du sens à leur vie.
Puissent-ils être sauvés par la grâce d'un regard. A moins qu'ils ne chutent.
*
En Italie à la Renaissance, Lorenzo, jeune paysan, se découvrant peintre prodige, est en quête de la Beauté à peindre, visionnaire, osant braver l'interdit.
« Pour lui, ce qui compte dans la toile, au fond, ce n'est pas le sujet mais la vibration de la lumière et de l'obscur : dans ce duel réside le sacré ».
« Il a besoin du toit et de toile. Esclave de son art et de ceux qui le font vivre, ces maîtres et ces prêtres qui à Rome sont souvent les mêmes ».
*
A Paris, Baptiste, lycéen, issu de milieu bourgeois, veut sortir du carcan paternel, se révolte contre le modèle parental qui l'étouffe ; les évènements de mai 68 couvent.
« Tout commence et va mourir dans la violence ».
« Trouble à l'ordre public. Il aurait préféré un meurtre, ton père. Au moins, c'est dans la Bible, ça n'a jamais fait de mal au monde ».
*
De nos jours, Tahar, jeune marocain, forcé à l'exil suite à un drame familial, est réfugié en France.
« J'entends battre nos coeurs, j'en entends les additions, tachycardie inouïe dans les vagues, glissant ensemble, laissant derrière les vies initiales ».
« Hassan a raison quand il dit que la malédiction des hommes, c'est d'être toujours en exil : on les renvoie sans cesse de leur bonheur à peine trouvé. »
*
Un rythme effréné et un style romanesque et sensuel, libre et original.
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Quelle est la partie du corps qui facilite le plus la rencontre avec l'autre, avec les autres ? Celle qui permet le toucher, qui vous indique le chemin, la voie à suivre. Celle qui peut faire ressentir quelque chose lorsqu'elle serre, qui est la première porte du désir par la caresse. Celle aussi qui peut frapper, faire mal, faire exploser le monde en appuyant sur un détonateur. Cette partie est un tout et c'est par elle que commence le roman de Boris Bergmann : la main, celle qui a tenu la plume pour contourner chaque partie du corps en chapitre, le dernier s'élevant hors du corps : l'âme.

Lorenzo, Baptiste, Tahar. Ce sont ces trois hommes qui vont dessiner l'anatomie de leur destin. Tout les éloigne, distance et temps, et pourtant, ils ont tous quelque chose en commun : réaliser quelque chose, soit en cherchant la beauté, soit en renversant le monde, soit en donnant un sens à un bouleversement. Chacun empruntant une conjugaison particulière.

Lorenzo, troisième personne du singulier, nous plonge dans le passé, dans une Italie du dix-huitième siècle avec le pouvoir des prélats et du Vatican. Il est né dans un petit village, Bomarzo, mais suite à un acte jugé répréhensible par le seigneur des lieux, il est envoyé par le prêtre à Rome mais avec une recommandation pour un cardinal. Lorenzo a un don, il peint et de façon spectaculaire. Il va alors rechercher toute la beauté possible pour la retranscrire sur des toiles. Mais Rome le déçoit. Il se réfugie dans la prière jusqu'au jour où il rencontre une femme, une résidente d'un bordel. On ne tombe pas amoureux d'une pute, mais Lorenzo, si. Et il croit en cet amour. Jusqu'où la passion pourra-t-elle le mener ?

Baptiste, deuxième personne du singulier, est plus particulier. Né à Neuilly, habite un bel immeuble du XVI° arrondissement où rien ne lui manque. Matériellement. Car l'amour est bien absent. Dans cette famille traditionnaliste, le jeune garçon grandit et cherche d'autres repères, comme cette femme qu'il va suivre dans le V° arrondissement et où le lieu du Moineau deviendra un rassemblement pour celles et ceux qui rêvent de révolution. Il rencontre une jeune femme, électron libre et déjantée. Ils s'aiment et ensemble pensent refaire le monde à un an de mai 68. Mais quelques mois auparavant, la jeune femme est enceinte. Que va-t-il se passer à la naissance du fils ?

Tahar, première personne du singulier, est contemporain à notre époque. Il est né à Tanger, une vie qui se fond dans la société comme pour la plupart de ses concitoyens. Mais un jour son cousin Selim l'entraîne dans un acte jugé comme déshonorant pour le père qui le chasse, ne lui donnant que l'argent nécessaire pour le passeur. C'est le début de l'exil, la rencontre en Italie avec Hassan, la traversée des Alpes et enfin l'arrivée à Paris. Seul au monde. Dans un centre pour réfugiés, il fait la connaissance de Fiona, une jeune humanitaire qui va l'aider et l'aimer. Pour un temps. Ensuite, Tahar sera la proie potentielle de tous les rapaces, comment va-t-il résister ?

L'année passée à Rome à la Villa Médicis a été inspirante pour le jeune écrivain – déjà remarqué pour Nage libre – et offre un récit original teinté de philosophie. Original par la construction mais également pour la trajectoire des trois personnages, une triade que semble tout opposer et pourtant qui renferme bien des composants identiques. La partie italienne est personnellement celle que je préfère pour la référence latine et artistique mais le personnage de Tahar est certainement le plus émouvant. L'écriture est recherchée mais avant-gardiste tout en respectant le principe des belles lettres.

Quand les corps s'insurgent, les esprits émergent.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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