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Citations sur Les 186 Marches - Mauthausen (5)

Entre le porche du camp et les premières marches de la carrière, une pente assez raide.

Ce trajet, en hiver, était épouvantable car le sol gelé ressemblait à une patinoire de compétition et les semelles de bois des socques, sur la glace, à des lames de patins.

Les glissades nombreuses étaient dramatiques car, dans la confusion générale, certains perdaient l'équilibre et plongeaient vers la gauche, c'est-à-dire vers le précipice et le gouffre de la carrière les avalait après une chute verticale de cinquante à soixante mètres ; quant à ceux qui "partaient" en dérapage vers la droite, ils franchissaient la "zone interdite" et les miradors ouvraient le feu sur ces "fuyards".

Pendant deux mois et six jours, j'ai réalisé des acrobaties pour ne pas tomber dans ces deux traquenards. J'ai eu de la chance parce que j'étais jeune.

Ensuite, il y avait l'escalier. Le fameux escalier de Mauthausen. A l'époque, il n'avait que 180 marches.

C'est en mars 1942 que l'équipe des maçons de la carrière rectifia légèrement son profil et le porta à 186 marches; "notre" escalier, bancal, aux échelons disproportionnés (cinq ou six marches avaient plus de cinquante centimètres de haut) avait des paliers de terre battue.

Nous appelions les jours de grands massacres : "offensive". Bien sûr, nous avons connu des jours plus calmes, surtout lorsqu'il n'y avait plus de Juifs ou de condamnés à exécuter, mais avec de nouvelles arrivées, les "séances" recommençaient :

- Je me souviens de la fin janvier 1942. Nous venions de connaître trois ou quatre jours relativement paisibles : seulement quelques morts ; juste ce qu'il fallait pour satisfaire les S.S. Pas trop d'énervement non plus. Des contrôles coulants : une pierre moyenne ou "molle" ne déclenchait aucune "grosse colère".

Un matin le calme fut rompu. Depuis deux jours des convois de Juifs étaient incorporés. Mauthaüsen débordait. S.S. et Kapos allaient pouvoir s'en donner à cœur joie.

Ce matin Ià, tout commença sur la place d'Appel, à la formation des kommandos : en quelques minutes, trente morts... au hasard.

Et l'interminable colonne se mit en marche.

La "chair à canon" était composée d'une majorité d'Espagnols, avec quelques Tchèques, Yougoslaves et Polonais.

Derrière, les « centaine s» de Juifs. Les Kapos nous disaient à l'oreille : "Aujourd'hui, grosse offensive. Beaucoup de Juifs. Ne pas vous mélanger avec. Juden alle kaputt ! "
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Le nazisme allemand a commis l'erreur de meconnaitre totalement l'homme et les ressorts insoupconnes qu'il peut mettre pour vaincre le mal physique et moral.L'evasion par le reve et l'imagination ou rien ni personne ne peut vous atteindre
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- Des nouveaux?
- Pas pour aujourd'hui.
- Demain?
- Sûrement. Dans la matinée.
- Un gros arrivage ?
- Je ne sais pas! Mais le convoi annoncé comporte une longue liste de Juifs.
Luis Garcia baisse la tête.
- Fini le calme !

Il se retourne vers le grand escalier aux larges marches de granit.

- Ils ne descendront qu'après-demain.

Il choisit une pierre, la soupèse.
- Trop lourde !

Celle qu'il ramasse semble plus volumineuse, mais c'est - comme l'on dit au fond de la carrière de Mauthausen - un parfait "trompe-l'œil", une pierre "molle".

Ainsi donc, après quatre jours de "détente", "la folie" allait recommencer :
- Pourvu qu'il n'y ait pas trop de Juifs !

Et puis, à quoi bon ! Même s'ils ne sont qu'une poignée, les "marchands de bestiaux" compléteront la "centaine", à la formation des kommandos, par des condamnés.

Ce groupe de travail, ou mieux d'extermination, était connu sous l'appellation officielle de "Baukommando n° 11".

Le travail consistait surtout à remonter les pierres de la carrière nécessaires à la construction et, plus tard, à l'agrandissement du camp. Trois groupes distincts de déportés composaient la colonne du "Baukommando Il".

En tête, trois "centaines" de punis de la Strafkompanie (compagnie disciplinaire). Son Oberkapo s'appelait Paul Mayer.

Au centre, les "disponibles" :
La "chair à canon" - de différentes nationalités mais surtout, pendant cette période 1941-1942, des républicains espagnols.
Les "disponibles" formaient six bonnes "centaines".

Derrière, sept ou huit "centaines" de Juifs bons à exterminer.

Les membres du groupe de tête ne pouvaient être confondus avec les autres. Chacun portait dans le dos un « triiger », support de bois maintenu par des lanières de cuir, un peu à la manière des sacs tyroliens, sur lequel étaient empilées les pierres taillées.
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Le camp de Mauthausen est relié au fond de la carrière par un escalier de 186 marches.

Vision infernale et monstrueusement irréelle que celle de ces hommes au crâne nu, amaigris, pâles, vêtus d'innombrables loques, qui gravissent, en geignant, les 186 marches de ce calvaire collectif, sans s'arrêter, portant leur pierre sur l'épaule, sous les bras, sur le ventre, tous en rangs serrés, pendant que les Kapos et les SS gueulent, aboient et frappent.
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Neuf survivants.
Neuf survivants sur les six ou sept cents détenus que comptait le block 20 le 2 février 1945.
Neuf survivants qui, avec leurs camarades, ont réalisé probablement, le plus grand exploit de toute l'histoire de la déportation.

À propos de "la grande évasion du block 20".
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