Tout d'abord un grand merci à Babelio et aux éditions Sémaphore pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une "Masse Critique 100 % québécoise".
Voilà ce qu'on appelle se faire sortir de sa zone de confort ! Je viens tout juste de terminer ce roman très futuriste (et pas tant que cela en même temps) et c'est un choc ! N'étant pas très habituée au genre, il m'a fait un peu peur dans le sens où tout cela se pourrait un jour.
Dans "
Asphyxies", on est en 2093. Les vies sont régies par une majorité de machines et par l'intelligence artificielle. Les humains peuvent encore travailler au gouvernement mais en moindre nombre (ceux-ci portent dorénavant un numéro plutôt qu'un nom) et les machines gèrent ces employés de toute façon. La téléportation existe, mais seulement pour ceux qui ont les moyens de payer. Les générateurs holographiques sont partout chez le résident et ceux-ci diffusent des publicités sans arrêt, créant une cacophonie détestable que les plus nantis pourront cesser, en s'abonnant à un bloqueur de publicités. Même le droit au silence se paie !
Les libertés ne sont plus car l'intelligence artificielle peut tout voir, tout enregistrer, tout entendre et tout contrôler à distance. L'art est jugé dangereux et proscrit, surtout celui de la musique. C'est donc clandestinement qu'il faut s'en procurer ou s'en abreuver. Tout y est. Hologrammes, drones et androïdes en tous genres, cyborgs, clones, réservoirs d'organes, numérisation de l'iris, stérilisation chimique forcée pour les couples trop démunis...
La pauvreté peut pousser les plus téméraires à plonger dans le portail quantique et jouer à toutes sortes de jeux, dont ceux des paris illégaux, raison pour laquelle Patrice Lajoie se fait pincer et doit payer son infraction, alors qu'il vit chez sa soeur Régine et son beau-frère Charles. Les résidents se font imposer une sentence par le gouvernement selon les besoins de l'État et n'ont pas le droit de la refuser, sous peine d'être incarcéré. Dans le cas présent, Patrice, Régine et Charles se font imposer le "Programme de suivi prolongé pour l'équilibre démographique", c'est-à-dire qu'ils seront tenus de prendre chez eux dans leur appartement une personne âgée démunie, qui n'a plus les moyens de payer dans son centre de gérontologie. Ils devront en prendre soin jusqu'à sa mort, ou la durée de leur sentence. Régine tient le rôle principal et c'est elle qui s'occupera surtout de la dame qui viendra vivre chez elle, Stéphanie, 117 ans. Une amitié se développera entre les deux femmes, tandis que leur relation avec Patrice et Charles se détériorera parce qu'eux ont une autre option en tête...C'est dans leur petit univers confiné que l'on évoluera au fil des pages. Où l'on sera témoin d'une triste et effrayante déshumanisation. Les personnages sont très crédibles. Dans "
Asphyxies", on étouffe. On manque d'air. Et de liberté.
Lorsqu'on visionne les films de science-fiction des années 70 de nos jours, on leur trouve parfois une vision qui s'approche beaucoup de notre réalité actuelle. Les réalisateurs ont su voir loin dans le temps. J'espère de tout coeur que notre monde en 2093 ne ressemblera pas à celui d'"
Asphyxies". Même s'il est un peu effrayant de constater que, lentement mais sûrement, on se dirige quand même vers cela...Un monde froid, distant, contrôlé par une intelligence artificielle. Une histoire qui vaut vraiment la peine d'être lue et qui ne laisse pas indifférent ! Souhaitons ne jamais, jamais, évoluer (ou plutôt régresser humainement) jusque là.