Winston Churchill avait eu bien raison de dire, en parlant de ce pays : La Russie est un rébus enveloppé d'un mystère à l'intérieur d'une énigme.
" Les Américains ont toujours beaucoup de mal à comprendre la sensibilité des Russes à l'égard de la fatalité "
- La nostalgie est facile à comprendre. Il n'y a pas plus de dix ans que la véritable histoire de Nicolas II et de sa famille a été contée. Au fond de l'âme russe, rôde le sentiment que le massacre de Nicolas II et des siens, en 1918, a été une ignominie qui pèse lourdement sur la conscience collective du peuple. Avec la certitude que l'idéologie soviétique, en faisant du tsar l'incarnation de tous les maux, a été une immense duperie.
Il devait se trimbaler une sacree gueule,mais Dieu merci,l'indifference generale des gens pour le sort de leur prochain ne risquait pas de lui creer des difficultes supplementaires
Et Lord, lui aussi, se sentit gonflé d'enthousiasme, bouleversé par le voeu qui, depuis des siècles, était le cri de ralliement d'une Russie toujours en quête d'un empereur. Quatre petits mots qui se déversaient incessamment d'innombrables haut-parleurs.
A les prononcer lui'm^me, au côté d'Akilina, il sentit ses prunelles se brouiller.
Longue vie au Tsar.
- Mais ça ne va pas si mal, répliqua Lord vivement. Et ça pourrait être pire ! Une blague populaire affirme qu'Eltsine et les gouvernements qui l'ont suivi ont réalisé, en deux décennies, ce que même les Soviets n'avaient pu concrétiser en soixante-quinze ans de gestion aberrante : faire regretter les communistes.
- Vous enseignez toujours ?
- Plus de trente ans de carrière. Je les ai tous vus. Staline, Khrouchtchev, Brejnev. Chacun d'eux a cause ses propres dommages. Je déplore tout ce qui s'est passé. Mais même aujourd'hui, on arrive pas à s'en sortir.Les gens persistent à faire la queue pour visiter le mausolée Lénine.
Puis, un ton plus bas :
- Rien de plus qu'un boucher. Mais révéré comme un saint. Vous avez remarqué les fleurs autour de sa statue ? Écœurant, non ?
Dans le domaine de la politique, que quelqu'un possédât ou non le pouvoir de gouverner était sans importance, Ce qui comptait c'était qu'il pût en simuler la capacité.
- Vous autres Américains adorez les conspirations, pas vrai ? Donnez-nous aujourd'hui notre complot quotidien.
"Le passé est une plaie que le destin nous oblige à rouvrir parfois pour mieux comprendre notre présent."