AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de thedoc


Nola, trente ans, se souvient. Août 1998, c'est la canicule et la jeune fille a 18 ans. Elle tente comme elle peut de se remettre de la mort de son père Jacques, tué sous les balles d'un déséquilibré l'hiver précédent. Mauvais endroit, mauvais moment… En plus de son chagrin, la jeune fille doit endosser des responsabilités d'adultes face à la dépression de sa mère Mira : soucis financiers, déménagement… Les deux femmes s'installent dans un immeuble tortueux et biscornu, « l'immeuble-mutant » comme le décrit Nola. Très vite, la dépression de Mira se double de symptômes étranges. Elle ne supporte plus aucun bruit, si infime soit-il, et se cache en vain à la recherche du silence. Mira souffre d'hyperacousie, une hypersensibilité des tympans qui lui rend tout bruit insupportable. Nola, désemparée face au mal dont souffre sa mère, n'en baisse pas moins les bras. Volontaire et énergique, elle laisse de côté ses préoccupations adolescentes pour trouver un emploi de serveuse dans un bar. Là, au milieu des habitués et des paumés du bar, auprès des voisins de l'immeuble, Nola se rebelle contre l'adversité et tente de trouver sa voie.

Comme à son habitude, Delphine Bertholon aborde des thèmes délicats – le deuil et la maladie - sans tomber dans le pathos ou le larmoyant. Au contraire, sous les traits de Nola, elle nous offre un personnage attachant, dynamique, drôle, en colère, et surtout, qui s'interroge. La maladie de sa mère n'est pas pour elle anodine. Comme en réponse à la mort de Jacques, tué d'une balle dans l'oreille, Mira souffre de l'ouïe. Nola, à son tour, se retrouve obsédée par les oreilles. Elle peint tout d'abord la sienne, puis se perce les oreilles et enfin, se met à l'écoute des autres. Et c'est justement en s'ouvrant à eux et en leur portant une oreille attentive qu'elle découvre que chacun a ses fêlures et des secrets douloureux à porter. A commencer par sa propre famille.
Tel un roman initiatique, « L'effet Larsen » met donc en scène une jeune fille qui doit abandonner sa vie d'adolescente pour affronter le monde des adultes. Mais Delphine Bertholon mène plus loin son sujet sur l'apprentissage de la vie et le deuil. Avec talent et finesse, elle montre comment la mort d'un être cher, parti trop vite, peut raviver d'anciennes blessures et comment la culpabilité peut se matérialiser en douleur physique.
A partir d'un sujet maintes fois traité, le deuil, et d'un autre plus original, les effets de l'hyperacousie et les conséquences que cela entraîne, Delphine Bertholon concocte un savant mélange pour donner corps à une histoire captivante, touchante et mystérieuse, aux accents parfois étranges. Avec son style direct et juste et son regard bienveillant, l'auteur de l'excellent « Twist » nous offre une nouvelle réussite littéraire.

Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}